S’occuper de personnes souffrant de dépression est un véritable défi. Avec de la compréhension et de l’empathie, les proches peuvent aider en encourageant et en motivant.
Les maladies mentales sont souvent encore un sujet tabou. Peut-être, parce que beaucoup de gens ont du mal à croire en ce qu’ils ne peuvent pas voir. De ce fait, ces personnes interprètent à tort les signes de la dépression comme une faiblesse mentale ou, dans le pire des cas, elles vont jusqu’à accuser des personnes dépressives de simulation. Cette forte stigmatisation résulte dans le fait que de nombreuses personnes ne cherchent que tardivement, voire pas du tout, à obtenir une aide professionnelle. Par ailleurs, de nombreux Suisses souffrent d’états dépressifs, ils présentent des symptômes de dépression mais ne sont pas officiellement diagnostiqués.
Il n’existe pas de statistiques précises sur les diagnostics de ce mal, pourtant l’on sait que la dépression est l’une des maladies mentales les plus courantes, avec les troubles anxieux et les troubles somatoformes. Cependant, la gravité de cette dernière varie sensiblement. Les cas de dépression sévère ne représenteraient qu’un peu moins de 2% de la population. Mais, même une dépression légère peut avoir un effet négatif sur la vie et comporte un risque élevé d’aggravation et de chronicité. Il est donc important de prêter attention aux symptômes dès le début et de demander une aide professionnelle. Des proches attentifs peuvent aider à reconnaître la maladie et à motiver les personnes concernées à agir.
Cette forte stigmatisation résulte dans le fait que de nombreuses personnes ne cherchent que tardivement, voire pas du tout, à obtenir une aide professionnelle
Les signes d’une période sombre
L’Organisation mondiale de la santé a établi des critères pour détecter la dépression. Selon ces derniers, on repère trois symptômes principaux ainsi que d’autres signes supplémentaires, dont au moins deux de ces catégories sont observables sur une période de deux semaines. L’exemple le plus flagrant est l’humeur dépressive, qui dure presque tous les jours et en continu. Elle constitue l’un des trois symptômes majeurs. La perte d’intérêt et le manque de joie dans les choses que l’on aimait faire d’habitude sont aussi des marqueurs significatifs de la dépression. Tout comme le laisse présager un manque de dynamisme et une fatigue accrue.
D’autres symptômes apparents se manifestent sous la forme d’une diminution de la concentration et d’une peur de prendre des décisions. Une baisse de l’estime de soi et un sentiment de culpabilité peuvent également être des signes annonceurs d’une dépression. Sans oublier le sentiment de désespoir, les troubles du sommeil, la réduction de l’appétit ou encore les pensées suicidaires.
Comme déjà dit, tous ces symptômes ne sont pas nécessairement présents chez une personne qui souffre de dépression. Il est important de savoir que la dépression peut varier d’une personne à l’autre.
Rechercher et motiver la conversation
Il faut faire attention à ne pas s’auto-diagnostiquer ou diagnostiquer un proche atteint de dépression. C’est toujours un médecin, un psychiatre ou un psychothérapeute qui établit le diagnostic. Toutefois, si vous observez des symptômes chez un proche et que vous soupçonnez qu’il est déprimé, le professeur Birgit Watzke, chef du département «Psychologie clinique orienté recherche en psychothérapie» à l’Institut de psychologie de l’Université de Zurich, recommande «de partager vos observations spécifiques avec la personne concernée et de ne surtout pas l’étiqueter immédiatement comme dépressive».
C’est toujours un médecin, un psychiatre ou un psychothérapeute qui établit le diagnostic
Les gens possèdent des opinions variées sur le sujet de la dépression. «Pour certaines personnes, c’est un véritable soulagement de réaliser que certains de leurs symptômes font partie d’un tableau clinique sérieux. D’autres en revanche associent la dépression à la faiblesse et ne veulent pas admettre en souffrir», poursuit le professeur Dr. Watzke. Toute personne attentive à certains changements d’humeur et comportements sur le long terme donne place à un espace de discussion essentiel pour lutter contre la dépression.
Si un individu ne désire pas reconnaître ses éventuels symptômes dépressifs, ni demander une aide professionnelle, l’initiation d’une conversation peut aider à en découvrir la raison. «Vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à demander de l’aide, s’il n’en a pas envie», explique le professeur Dr. Watzke. «Cependant, vous pouvez discuter et relever certaines informations ensemble. À partir de là, vous pouvez alors réfléchir à la suite conjointement. Une visite chez un psychiatre ou un psychothérapeute n’est pas nécessaire, mais la personne concernée sera peut-être motivée à chercher conseil auprès d’un spécialiste», détaille l’expert. D’ailleurs, en plus de conseils, des offres en ligne sont accessibles, telles que des programmes Internet, des services téléphoniques et des livres d’auto-assistance. Toutes ces formes d’aide peuvent être utilisées si la personne concernée souhaite rester «à distance» pour le moment.
Vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à demander de l’aide, s’il n’en a pas envie
Compassion, frustration et impuissance
Les personnes qui souffrent de dépression traversent une période terrible. Bien sûr, les proches désirent soutenir les êtres aimés. Mais souvent, ils ne savent pas bien comment aborder une personne dépressive. Il ne faut pas oublier qu’une dépression touche également l’entourage de la personne qui la vit. Lors d’un épisode dépressif, la personne concernée perçoit le monde à travers une sorte de filtre négatif. Les gens souffrant de dépression considèrent leur vie comme plus sombre et plus pitoyable qu’elle ne l’est en réalité.
Il est très difficile pour les proches de pénétrer cette perception. Ainsi, les offres d’aide et d’encouragement peuvent s’heurter à l’absence de réaction du côté des gens dépressifs. Cela peut frustrer celui ou celle qui propose son aide et l’humeur négative constante peut causer des problèmes aux proches et conduire à une impuissance mutuelle. Il est donc très important que les changements de personnalité soient réellement attribués au trouble dépressif. Autant que possible, la famille doit garder à l’esprit la vraie personnalité du malade.
Il faut procéder avec beaucoup de sensibilité et de patience. Cependant, ce n’est pas une catastrophe si une parole mal formulée s’échappe. La communication est cruciale. Il est important d’avoir une compréhension et un soutien de base pour le patient. Il ne faut pas agir à l’insu du patient, mais coopérer avec lui et lui offrir uniquement de l’aide. Le mieux que les proches puissent faire est d’apporter de l’espoir et de la confiance.
Texte Simon Misteli
Traduit de l’allemand par Laetizia Barreto
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