Migraines, névralgies d’Arnold, algies vasculaires : quels traitements lorsque rien d’autre ne fonctionne ?
Environ 15% de la population souffre de migraine, une affection que l’organisation mondiale de la santé classe parmi les maladies les plus invalidantes. Alors que certains parviennent à atténuer leurs souffrances grâce à des médicaments, d’autres éprouvent des difficultés à soigner la douleur par des traitements pharmacologiques. Dans ces cas-là, des alternatives existent.
Le Dr. Pietramaggiori et la Dre. Scherer sont chirurgiens au sein du Global Medical Institute à la clinique de la Source à Lausanne. Spécialisés dans les traitement des céphalées chroniques, ils s’occupent de patients souffrant de migraine ou de céphalées importantes et réfractaires aux traitements habituels. Leur approche mini-invasive, saluée à l’échelle mondiale, est notamment documentée dans leur livre « Minimally Invasive Surgery for Chronic Pain Management: An Evidence-based Approach », paru en 2020.
Dr. Pietramaggiori et Dre. Scherer, quels sont les différents types de céphalées ?
Dr. : Les migraines, les névralgies d’Arnold et les algies vasculaires constituent des affections distinctes, chacune étant caractérisée par des critères spécifiques rigoureusement définis.
Les migraines ou algies vasculaires sont souvent déclenchées par le nerf trijumeau à l’avant de la tête et se manifestent par des crises intenses et douloureuses. En revanche, les névralgies d’Arnold trouvent leur origine dans une perturbation du nerf d’Arnold, situé à l’arrière de la tête. Les patients éprouvent des douleurs souvent continues, débutant dans la nuque et remontant parfois jusque derrière les yeux. Cela est dû aux nerfs occipitaux qui passent sous le grand muscle de la nuque. Lorsque que celui-ci est trop sollicité, une inflammation chronique peut se développer et causer une névralgie d’Arnold. La douleur est constante car le muscle est tout le temps sous tension. En plus de cela s’ajoutent des crises très intenses comme les migraines. Cette maladie est très invalidante.
Dre. : C’est important de noter que la migraine et la névralgie d’Arnold ne sont pas de simples maux de tête – il s’agit d’une maladie souvent invalidante. Bien qu’on ne connaisse pas leur exacte origine au jour d’aujourd’hui, nous savons très bien quels sont leurs symptômes et nous disposons de moyens de plus en plus efficaces pour les soulager.
Quels sont les traitements alternatifs lorsque les médicaments habituels n’aident plus ?
Dre. : Si les individus sont confrontés à des migraines chroniques, c’est-à-dire qu’ils endurent des maux de tête plus de la moitié du temps, et qu’ils ne répondent pas aux médicaments ou n’en supportent plus les effets secondaires, ils nous sont adressés. Nous essayons alors d’identifier si un ou plusieurs nerfs sont responsables des douleurs qu’ils subissent.
Si tel est le cas, nous proposons différents traitements en fonction du nerf touché. Pour les migraines, nous commençons par l’infiltration de toxine botulique, mieux connue sous le nom de botox. Ce neuromodulateur a un effet sur la douleur. Si le patient répond au traitement au botox, il observera une réduction de l’intensité, de la fréquence et de la durée de ses attaques. Cela implique également une diminution significative de la prise de médicaments.
Dr. Pour les névralgies d’Arnold, en cas d’inefficacité des médicaments, nous proposons une décompression mini-invasive du nerf d’Arnold, une technique que nous avons étudiée de manière approfondie. Cette intervention se traduit par une petite incision qui libère le nerf des contraintes mécaniques, sans le brûler ni le détruire. Les résultats sont prometteurs, avec une amélioration significative observée chez plus de 85% des patients ayant bénéficié de cette intervention chirurgicale.
Quels sont les patients éligibles pour le traitement par toxine botulique ?
Dr. : Le traitement par toxine botulique pour les migraines existe depuis environ 15 ans et a été approuvé en Suisse, permettant aux patients de bénéficier du remboursement par la plupart des assurances. En Suisse, pour être éligible à ce traitement, les patients doivent avoir déjà essayé les traitements standard sans efficacité. L’avantage de cette approche est l’absence d’effets secondaires typiques de médicaments. La toxine botulique est un médicament administré par le biais d’injections microscopiques autour de la tête. Le traitement ne nécessite d’aucune anesthésie et il est effectué en ambulatoire. Aucun arrêt de travail est à prévoir. La durée de l’effet du traitement est de 3 mois en moyenne ou 4 administrations par année.
Existe-il d’autres traitements chirurgicaux en cas de maux de têtes invasifs ?
Dr. : Il existe un traitement pour les céphalées dites secondaires qui surviennent après une chirurgie ou un accident. Il se peut que le nerf se bloque autour de la cicatrice et engendre des maux de tête. Pour ce type de céphalée, nous prélevons de la graisse avec une petite canule pour ensuite la réinjecter au niveau des cicatrices afin de régénérer les tissus. Grâce à cette approche mini-invasive, les patients constatent une amélioration significative.
Dre. : L’avantage de cette technique est qu’il n’y a pas de plaies et la reprise des activités de la vie est presque immédiate. Il s’agit d’une approche dite de médecine régénérative, car ce sont les cellules du patients qui soignent sa douleur.
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