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Santé

Comprendre le fonctionnement des pervers et perverses narcissiques

18.10.2021
par Léa Stocky

Aujourd’hui, que ce soit dans des articles sur Internet, des émissions de télé ou des séries et des films, on entend de plus en plus parler des pervers et perverses narcissiques. Les victimes mettent des mots sur ce qu’elles ont vécu et tentent d’alerter sur les dangers d’une relation avec un manipulateur narcissique, qu’elle soit conjugale, familiale, amicale ou professionnelle. Quels sont les comportements d’une personne perverse narcissique? Pourquoi agit-elle de telle façon? Nous allons essayer de répondre à ces questions.

Tout d’abord, il est nécessaire de s’attarder sur la définition de la perversion narcissique. Il existe en effet différents degrés de manipulation. Un manipulateur manipule son entourage, mais il a conscience que son comportement peut blesser l’autre. Puisqu’il considère la personne en face de lui comme un individu à part entière qui a des émotions, il peut ressentir de la culpabilité face à ses actions. Au contraire, une personne perverse narcissique, le plus haut degré de manipulation narcissique, ne ressent ni empathie ni culpabilité. Paul-Claude Racamier est un psychanalyste du XXème siècle et un précurseur dans la recherche sur la perversion narcissique. Il est le premier à tenter de la définir et de l’expliquer: «Le mouvement pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contraction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui». Cette explication permet de mettre en lumière le comportement des personnes atteintes d’un trouble de la personnalité narcissique.

Des relations purement utilitaires

Une personne perverse narcissique se distingue des manipulateurs narcissiques car elle prend du plaisir dans la souffrance de l’autre. Elle aime faire mal même si elle sait que ce n’est pas normal. Anna Assef-Vaziri, psychologue et psychothérapeute à Lausanne, définit le pervers narcissique comme un manipulateur conscient et sadique qui dissimule ses véritables intentions derrière un masque. «Sa véritable intention est d’assouvir ses propres besoins au détriment de la personne qu’il utilise». En d’autres termes, autrui est un objet dont le pervers narcissique se sert pour arriver à ses fins.

Le pervers narcissique a deux lois, la première est qu’il a tous les droits, la deuxième est que les autres n’en ont aucun. – Anna Assef-Vaziri

Un sentiment de toute puissance

Le but d’un pervers narcissique est d’avoir un sentiment de toute puissance et une emprise sur ses proches. Pour arriver à se sentir le maître du monde, il va tenter de dompter son entourage. La relation avec les autres est une relation de dominant versus dominé dans laquelle les autres doivent le servir. Anna Assef-Vaziri précise: «Le pervers narcissique a deux lois, la première est qu’il a tous les droits, la deuxième est que les autres n’en ont aucun».

Ce sentiment de toute puissance est tel que la personne perverse narcissique ne peut supporter aucune contradiction. Si elle est supérieure, alors elle a toujours raison et les autres ont tort. La faute est donc toujours rejetée sur l’autre. Cela explique le fait que les pervers narcissiques ne consulteront jamais un psychologue ou un psychiatre de leur plein gré. Ces personnes sont persuadées d’avoir raison et ne veulent pas changer parce qu’elles sont très bien ainsi. De plus, elles ne souffrent pas car leur comportement est leur unique façon de fonctionner.

Les pervers narcissiques sont généralement des personnes grandioses en public. Pour Anna Assef-Vaziri, «ce sont des doubles-faces. Ils ont un côté magnifique qu’ils essaient de mettre en avant dans les situations sociales en faisant semblant d’être extraordinaires. L’autre face est celle du tyran domestique qui mène au bâton sa femme, son homme, ses enfants». Ils connaissent les codes sociaux et en jouent. Cela explique aussi pourquoi de nombreuses personnes de l’entourage sont extrêmement surprises quand elles découvrent le vrai comportement du manipulateur.

Perte de confiance, doute et peur

Anna Assef-Vaziri, pour qui les victimes sont en fait des proies en opposition aux prédateurs, décrit la manière dont un pervers narcissique arrive à ses fins: «Il tisse sa toile de façon très subtile autour de la proie pour qu’elle accepte ce qu’il veut». Pourtant, les débuts de la relation sont idylliques. Le pervers narcissique promet un beau futur rempli de projets, mais ces promesses ne sont que des mensonges. Puis, un changement fait basculer la relation et sème la confusion chez la victime: changements d’humeur chez le pervers narcissique, crises, violences verbales etc.

Le pervers narcissique utilise le système de valeur de l’autre personne pour la paralyser.– Sonia Grimm

Dès ce basculement, le pervers narcissique tient les membres de son entourage par la peur. Sonia Grimm, auteure, compositrice et interprète suisse, a été mariée à un manipulateur narcissique. Elle explique: «Le pervers narcissique trouve ce qui compte le plus pour la victime. Il utilise le système de valeur de l’autre personne pour la paralyser». Sonia Grimm donne un exemple: dans le cas d’une femme qui porte beaucoup d’attention à ses enfants, le pervers narcissique lui fera comprendre que si elle le quitte, ses enfants souffriront et elle sera une mauvaise mère.

Le pervers narcissique cherche aussi toujours à semer le doute chez sa proie, ce qui amène la proie à douter d’elle-même et à ne plus savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Selon les mots de Sonia Grimm, «la victime du pervers perd complètement confiance en son propre jugement».

Aucune ressource psychique

«Au fond de lui, le pervers narcissique a des failles extrêmement importantes. C’est un être qui est vide et qui n’a pas de ressources psychiques», explique Anna Assef-Vaziri. En d’autres termes, un pervers narcissique a un manque d’amour-propre et de reconnaissance de soi. Dans son enfance, on lui a appris que l’amour était conditionné et non pas inconditionnel. Il n’était pas aimé pour ce qu’il était mais pour ce qu’il faisait. Selon Anna Assef-Vaziri, une personne peut devenir un pervers narcissique par un retournement de situation – l’enfant se rend compte que ce n’est pas agréable d’être une victime et devient ainsi le prédateur – ou par imitation du modèle familial. Dans ce cas, l’enfant imite le comportement de ses parents, eux aussi souvent atteints du trouble de la personnalité narcissique.

À un moment donné, une blessure de l’ego peut créer soit le bourreau soit la victime.– Sonia Grimm

Pour combler ce vide qu’elle ressent mais qu’elle ne peut expliquer, la personne perverse narcissique s’entoure d’individus qui ont les ressources intérieures qu’elle ne possède pas et s’en nourrit. Souvent, les proies souffrent d’une dépendance affective, ce qui les pousse à se remettre constamment en question et à s’attacher à des manipulateurs narcissiques. Par ailleurs, Sonia Grimm indique: «À un moment donné, une blessure de l’ego peut créer soit le bourreau soit la victime». En effet, Anna Assef-Vaziri précise que si les pervers narcissiques ont vécu des traumatismes, les proies ont pu vivre quelque chose de similaire. Tout ne dépend donc pas uniquement des parents, mais d’un choix qui conduit l’individu à emprunter tel ou tel chemin.

L’impact sur la victime 

Il est très difficile pour la victime de quitter le manipulateur car elle est sous emprise. Sonia Grimm confie que si elle a pu mettre fin à la relation toxique avec son mari, c’est parce qu’elle était prête à mourir et qu’elle n’avait plus rien à perdre si elle essayait de partir. Son déclic a eu lieu le jour où son mari s’en est pris physiquement à son fils. Depuis, Sonia Grimm a fondé l’association «Parle Moi» en 2019. Peu de temps après, Steve Alban Tineo, spécialisé dans la négociation de crise et la médiation, la contacte et lui propose de l’aider à se reconstruire. Aujourd’hui, les deux publient un livre, Par Le Moi, et organisent une tournée de spectacles pour aider les victimes à reforger leur estime de soi. Steve Alan Tineo indique en effet: «Tout l’effort est de faire sortir les victimes de leur environnement toxique, mais on ne pense pas à les reconstruire». Cependant, se reconstruire est essentiel pour la victime car dans cette relation, elle se retrouve brisée de l’intérieur, anéantie et isolée. Sonia Grimm ajoute: «Si elle ne fait pas le travail de comprendre ce qui l’a amenée à laisser entrer une telle relation dans sa vie, il y a de fortes chances pour que la victime reproduise encore et encore les mêmes schémas et choisisse à nouveau un compagnon ou une compagne qui la dévalorisera et la rabaissera. Pour cette raison notamment, il est important de reconstruire l’amour et l’estime de soi».


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Des chiffres incertains

Si certains établissent le nombre de personnes atteintes de trouble de la personnalité narcissique à 2 à 3% de la population, il est en réalité assez difficile d’arriver à une estimation. On imagine souvent que les hommes sont davantage touchés. Cette supposition peut être due au fait que les femmes, lorsqu’elles sont victimes d’un pervers narcissique, consultent davantage que les hommes dans la même situation. Anna Assef-Vaziri ajoute: «La femme perverse narcissique est encore plus difficile à détecter car elle utilise des moyens non-verbaux comme des soupirs, des gestes, une attitude culpabilisante etc». Des études poussées seraient nécessaires pour en apprendre davantage.

Texte Léa Stocky

2 réponses à “Comprendre le fonctionnement des pervers et perverses narcissiques”

  1. Henriot dit :

    Merci pour ces explications, je pense vraiment que ma fille aînée souffre de ce problème. Depuis que mari est décédé, les relations avec elle sont devenues impossibles. Je souffre beaucoup, mais quand on a compris ça aide.
    Meilleures salutations

  2. Spartan1192 dit :

    J’ai tout donner à mon ex copine, conduite accompagner couronnée de succès avec moi et j’étais très fier, une vie stable avec énormément de liberté sans jalousie excessive sans contrainte… exemple lui laisser la voiture pour qu’elle trouve un travail, une vie sympa avec un avenir. Certes elle était jeune mais elle était surtout naïve. Donc j’avais quand même tendance à la protéger. Sauf qu’elle s’ennuyait (pas au lit mdr) elle n’avais pas beaucoup d’amis étant donnez qu’on est parti de rien dans une nouvelle région. Et comme elle ne gardais un boulot que deux mois grand maximum elle glandais à la maison devant netflix mais je l’aimais donc j’avais appris à vivre avec ça. Je vient d’une famille de bosseur donc hors de question pour moi de faire de même. Jusqu’au jour on elle a repris contact avec d’anciennes amies dont un mec parmi elles. Il venais de perdre son ex qui était une soumise avec collier choker et toute ces conneries qui dégrade l’image que sont les femmes. Pour moi ont a de la chance de les avoir se sont pour beaucoup d’entre elles des déesses qu’il faut choyer car elles nous le rendent bien quand c’est bien fait. Malheureusement il y a des bas dans un couple et ce mec est arrivé au pire moment de ma relation avec elle sachant qu’il avais des idées derrière la tête. Les soit disant dominants ou pervers narcissique s’entour en général d’oiseaux blesser ou presque. Et là elle est tomber dans le piège car je retrouve son comportement de manque affectif surtout et décrit dans cet article. Je n’ai absolument rien pu faire et pourtant j’ai de l’expérience avec les femmes. Cette fille qui justement dénonce ce genre de c****** est tomber dans le panneau et j’étais impuissant. Aujourd’hui je m’en veut et je sais que je ne la récupérerai jamais car comme beaucoup d’être humain j’ai de l’amour propre et de la fierté. J’ai été son premier en tout. Contrairement à ce que beaucoup pense avoir été le premier d’une fille ne nous condamne pas à être remplacer de facto comme une vieille chaussette. L’entourage qui m’a aider à me remettre de cette rupture utilisais souvent cette description positive mais incorrecte. Disons que cette génération ne sacralise plus autant la première fois ni même le premier amour. Et pourtant j’en ai eu avant elle. Bref déçu par ma génération d’idiots au faux airs condescendant.

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