rosalind franklin
© CSHL, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Portrait Femmes

Rosalind Franklin : la science au service de la vie

30.09.2022
par Léa Stocky

Acide désoxyribonucléique, cristallographie, structure hélicoïdale. Ces mots tous droits sortis d’un livre de chimie ont accompagné la vie d’une femme, Rosalind Franklin. La chimiste britannique a été la première à poser ces yeux sur le porteur de l’information génétique de tout être humain.

Nous sommes tous composés de milliards de cellules, elles-mêmes composées d’acide désoxyribonucléique, ou ADN pour les intimes. Si nous arrivons aujourd’hui à nous représenter aisément la structure de l’ADN, cela n’était pas encore le cas il y a un siècle. La composition à deux hélices de l’ADN, appelée structure hélicoïdale, a été découverte à partir d’une photographie, le cliché 51. La personne derrière l’appareil n’est autre que Rosalind Franklin.

Rosalind Franklin naît dans le quartier londonien de Notting Hill en 1920. Très tôt, elle manifeste un goût pour les sciences et les mathématiques. Elle intègre notamment le Newham College de l’Université de Cambridge où elle obtient un doctorat pour ses travaux sur la porosité du charbon. À la fin des années 1940, elle poursuit ses recherches au Laboratoire central des services chimiques de l’État à Paris. Là-bas, elle se perfectionne dans la technique de la cristallographie aux Rayons X. Elle retourne en Angleterre en 1950 pour travailler sur l’ADN au King’s College. Accompagnée du doctorant Raymond Gosling, elle applique la méthode de la diffraction de rayons X pour comprendre la structure de la molécule. En 1952, les efforts paient et Rosalind Franklin devient la première personne à observer l’ADN grâce au cliché 51 et à clairement identifier les deux hélices. La photographie montre en effet un cercle gris dans lequel se tient un X noir en son centre. Si elle reste assez discrète sur sa découverte, c’est parce qu’elle souhaite confirmer ses résultats. Un homme au contraire ne souhaite pas attendre. Il s’agit de Maurice Wilkins, physicien et collègue de Rosalind. Ce dernier montre le cliché à James Watson et Francis Crick, également scientifiques à l’Université de Cambridge. En 1953, les deux acolytes publient un article devenu célèbre dans la revue Nature, dans lequel ils font découvrir au monde entier la structure de l’ADN. L’importance du cliché dans la découverte est minimisée et Rosalind Franklin n’est pas mentionnée. Neuf ans plus tard, en 1962, James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins reçoivent le Prix Nobel de physiologie ou de médecine pour leurs travaux sur l’ADN. Rosalind Franklin, décédée en 1958 d’un cancer des ovaires, n’a jamais reçu la reconnaissance qui lui était due.

Aujourd’hui, la britannique est considérée comme un cas de l’effet Matilda. Théorisé par l’historienne des sciences Margaret W. Rossiter, l’effet Matilda désigne les situations dans lesquelles des hommes se sont appropriés les recherches et les travaux scientifiques menés par des femmes. Si Rosalind Franklin est en effet décédée avant la remise du prix Nobel, il n’est même pas certain qu’elle l’aurait reçu de son vivant.

Texte Léa Stocky

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLE PRÉCÉDENT
ARTICLE SUIVANT