L’intégration des enfants à haut potentiel et hypersensibles dans les écoles publiques soulève des questions cruciales sur l’adéquation des méthodes pédagogiques actuelles. Alors que ces élèves présentent des besoins uniques, il devient urgent de repenser l’approche traditionnelle.
Eve-Marie Klima, fondatrice de l’école Germaine de Staël, explique comment accompagner aux mieux les enfants à haut potentiel et hautement sensibles dans leur scolarité, en soulignant l’importance d’une approche équilibrée qui ne tombe pas dans la surprotection ou le laxisme.
Eve-Marie Klima, comment les écoles publiques intègrent-elles les enfants à haut potentiel dans leurs programmes ?
Il n’existe pas vraiment d’intégration efficace pour les enfants à haut potentiel ou hypersensibles dans les écoles publiques. Bien qu’il y ait parfois des mesures, comme des demi-journées adaptées, celles-ci s’arrêtent souvent en 7e ou 8e année. En dehors de cela, l’intégration reste limitée.
L’idée n’est pas tant de développer une pédagogie ciblant uniquement ces enfants spécifiquement, mais de pouvoir en créer une qui soit capable de s’adapter à tous les enfants, et pas seulement à un groupe particulier.
Quels sont les principaux défis que rencontrent les enfants à haut potentiel et hautement sensibles dans un environnement scolaire traditionnel ?
Les enfants à haut potentiel et hypersensibles font face à plusieurs défis majeurs dans les écoles traditionnelles. L’un des principaux est la difficulté d’intégration et de trouver du sens dans leurs apprentissages. Les enfants à haut potentiel, par exemple, ont souvent un rythme d’apprentissage plus rapide que celui de leurs pairs, ce qui peut entraîner frustration et ennui.
Pour les enfants hypersensibles, les défis se situent surtout au niveau relationnel. L’ambiance en classe, la qualité des interactions avec les enseignants et la pression liée aux évaluations peuvent devenir une source de stress important. Ces facteurs affectent non seulement leur bien-être, mais aussi leur capacité à s’épanouir dans un environnement scolaire qui ne tient pas compte de leurs besoins.
Pour répondre aux besoins des enfants à haut potentiel et hypersensibles, il est essentiel de recruter et de former des enseignants qui comprennent les objectifs pédagogiques liés à ces élèves. – Eve-Marie Klima, Fondatrice de l’École Germaine de Staël
Comment reconnaître un enfant à un haut potentiel ou avec une hypersensibilité, et comment répondre à leurs besoins ?
Environ une personne sur quatre est hypersensible, ce qui représente une part significative de la population. Certains signes peuvent indiquer cette sensibilité, tels qu’une réactivité accrue aux stimuli sensoriels ou une émotivité intense, souvent difficile à exprimer. Pour le haut potentiel, il existe un test reconnu appelé WISC-V et validé par les psychologues. Ce test permet de détecter le haut potentiel d’un enfant et d’établir ensuite des mesures pour faciliter la scolarité.
Une fois le potentiel ou la sensibilité identifiés, il est crucial de mettre en place les bonnes mesures. Les besoins spécifiques de ces enfants comprennent un environnement attentif, un cadre clair et significatif, ainsi qu’un espace exempt de jugements et d’évaluations arbitraires. Ils doivent également pouvoir bénéficier de l’accompagnement d’enseignants passionnés et légitimes, capables de donner un sens à l’apprentissage.
Comment adapter les stratégies pédagogiques pour répondre à ces besoins ?
Pour répondre aux besoins des enfants à haut potentiel et hypersensibles, il est essentiel de recruter et de former des enseignants qui comprennent les objectifs pédagogiques liés à ces élèves. Les programmes doivent inclure des sujets pertinents qui parlent à ces enfants et les aident à progresser.
Il ne s’agit pas de les surprotéger, mais de leur offrir les outils nécessaires pour gérer leur sensibilité au quotidien. Cela passe par des stratégies concrètes intégrées dans leur apprentissage. De plus, il est crucial de travailler sur les relations entre les élèves pour favoriser un climat positif. Cela nécessite un décryptage constant des interactions et des comportements, afin de soutenir un environnement respectueux et inclusif.
Quels conseils donneriez-vous aux parents et aux éducateurs pour mieux comprendre et soutenir les enfants à haut potentiel et hautement sensibles dans leur quotidien scolaire ?
Il n’existe pas de conseils précis, car il s’agit avant tout d’une approche holistique. Je pense surtout que l’école doit se réformer en profondeur pour mieux répondre aux besoins des élèves d’aujourd’hui. Les changements dans les besoins des enfants s’accélèrent, surtout avec l’accès constant à Internet et au flux d’informations qui y est lié. Il est crucial de donner du sens aux apprentissages et de s’interroger sur l’objectif de l’éducation. Pourquoi les enfants sont-ils à l’école ? Est-ce simplement pour accumuler des connaissances et recevoir des notes, sans réflexion derrière ? Il est pour moi impératif de redéfinir le véritable but de la scolarité.
Quelle est, selon vous, l’évolution des approches éducatives pour les enfants à haut potentiel et hautement sensibles ?
Actuellement, la plupart des écoles n’ont pas encore intégré des approches spécifiquement adaptées à ces enfants. Il est essentiel de se poser les bonnes questions pour trouver des solutions au sein d’un environnement structuré, offrant des repères. Doit-on continuer à forger un moule unique pour tous, ou acceptons-nous que certains enfants aient des façons de penser et de raisonner différentes ? L’avenir de l’éducation devrait permettre cette flexibilité, tout en préservant un cadre éducatif clair qui rassure les élèves.
Interview Maévane Mas
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