Le combat des femmes pour l’égalité est un marathon. Face aux innombrables inégalités liées à l’éducation, l’emploi, la représentation, l’accès aux ressources et aux opportunités, depuis des générations, les femmes, infatigables, œuvrent de manière globale pour un monde plus juste et plus équitable. Chaque brique à l’édifice, chaque jalon est une source d’inspiration et favorise le déroulement d’un progrès attendu depuis bien trop longtemps.
Un de ces jalons est l’égalité salariale. En effet, le principe du salaire égal pour un travail égal ou pour un travail de même valeur sans distinction de genre n’a été inscrit dans la constitution fédérale qu’en 1981. Aujourd’hui, alors que la plupart des entreprises affirment payer les femmes et les hommes de la même manière, l’écart de rémunération potentiellement lié au sexe est encore proche de 8,6 % en Suisse. Il en résulte qu’une femme, à poste égal, à taux de travail égal, à formation égale, à cahier des charges égal et à performance égale, gagne en moyenne 717.- de moins par mois qu’un homme, ce pour la simple raison que c’est une femme. À cela s’ajoute une sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilités et les conseils d’administration et une sur-représentation des femmes dans les emplois faiblement rémunérés.
À l’égalité salariale s’ajoute l’égalité des chances, comme base fondamentale du principe de l’égalité. Ces inégalités ne sont pas seulement injustes, elles perpétuent aussi les stéréotypes qui alimentent une vision biaisée des compétences. À l’échelle mondiale, la réduction des inégalités offre des opportunités considérables en termes de stimulation de la productivité, de croissance économique et d’innovation, en tirant pleinement profit du potentiel de main-d’œuvre mondiale que représente les femmes. Mais la nécessité de s’attaquer à cet écart va au-delà des considérations purement économiques. Elle correspond également aux principes légaux et éthiques d’égalité, de non-discrimination et de droits de l’homme, tels qu’énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Pacte mondial des Nations Unies.
Ainsi, la lutte en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes est une composante essentielle de la construction d’une société plus équitable et respectueuse des droits fondamentaux de chaque individu.
Trop souvent, les femmes font face à une multitude de stéréotypes et de préjugés qui entravent leur progression.
C’est cette ambition-là qui va pousser Véronique Goy-Veenhuys, économiste de formation, à agir. Inspirée par les figures féminines de son entourage et animée par les dissonances entre les revendications des entreprises et une persistance effective des inégalités de rémunération, elle met sur pied une solution positive, concrète et scientifique, l’équivalent d’une norme ISO pour les salaires : la certification Equal-Salary et une Fondation éponyme. Le but est de dépasser le tabou sur l’inégalité des salaires et d’encourager les entreprises à faire preuve de transparence en prouvant que leur culture d’entreprise ne laisse d’une part aucune place aux inégalités systémiques basé sur le genre, et d’autre part assure l’égalité salariale et l’égalité des chances.
Car l’égalité salariale n’a vraiment de sens que si elle est accompagnée de l’égalité des chances. Trop souvent, les femmes font face à une multitude de stéréotypes et de préjugés qui entravent leur progression, ce qu’on appelle « le plafond de verre », cette barrière invisible mais tangible qui limite l’avancement professionnel. Ces biais de genre influencent entre autres les décisions d’embauche, les promotions, la formation et les évaluations, et contribuent à une culture systémique sexiste au travail. Ainsi, pour surmonter ces obstacles, il est crucial en plus d’un salaire équitable, de mettre en œuvre des politiques inclusives favorisant un environnement de travail juste et sain pour toutes et tous telles que le soutien à la parentalité, des programmes de formations durant le temps de travail, des canaux de signalement d’abus ou encore des politiques de travail flexibles qui permettent de concilier plus facilement responsabilités professionnelles et familiales, comme le télétravail ou des horaires flexibles. Ces politiques sont décisives dans la mise en place d’un cadre professionnel égalitaire, transparent et juste – attributs qui doivent être des références fondamentales aujourd’hui.
En 2021, après avoir certifié près de 100 entreprises dans le monde, la fondatrice de Equal-Salary passe le flambeau à un duo de co-directrices, Noémie Storbeck et Lisa Rubli, qui se partagent la responsabilité de la direction en top-sharing, une approche novatrice permettant de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Inspirées par tout le travail entrepris en amont et partageant un engagement commun pour la cause, elles développent et poursuivent ensemble la mission de la Fondation de promouvoir l’égalité, en Suisse et à l’étranger, en consolidant les acquis et en développant la méthodologie Equal-Salary. Une première étape est d’intégrer la notion d’ethnicité et d’intersectionnalité, désignant le cumul de plusieurs formes de discrimination (sexisme et racisme) dans le combat contre les inégalités salariales. Les enjeux de l’égalité salariale sont multiples et identifier la granularité des différents critères de discrimination permet de nommer les caractéristiques de façons précises et de trouver des solutions appropriées. Le progrès en matière d’égalité arrive mais il est encore trop lent et les pouvoirs publics peinent à proposer des réponses efficaces et complètes pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes. La responsabilité est aujourd’hui dans les mains des entreprises de faire le nécessaire et d’inspirer la société à suivre la voie.
Finalement, en 2024, pour réaffirmer avec force l’importance fondamentale de l’égalité salariale et de l’égalité des chances, la Fondation s’adjoint une personnalité clé pour les droits des femmes et particulièrement pour l’égalité salariale : l’ancienne conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Cette dernière rejoint Equal-Salary en qualité de présidente du conseil de fondation. En tant que cheffe du Département Fédéral de Justice et Police pendant neuf ans, Madame Sommaruga a marqué son mandat par des initiatives audacieuses en faveur de l’égalité salariale et de la représentation des femmes dans les entreprises cotées en bourse. Elle a notamment joué un rôle déterminant dans l’introduction d’analyses de l’égalité salariale et de quotas en faveur des femmes, transformant le paysage professionnel suisse. Ces réformes législatives ont imposé aux grandes entreprises l’obligation d’éliminer les discriminations salariales et de promouvoir une plus grande diversité aux postes de direction et dans les conseils d’administration. En tant que nouvelle présidente de la fondation, Madame Sommaruga compte inspirer les entreprises suisses et internationales à entreprendre des analyses salariales, mais surtout, à prouver que les valeurs d’égalité et d’inclusion entre les femmes et les hommes sont profondément ancrées et implémentées.
Tout au long de l’histoire Equal-Salary, chacune de ces femmes aura amené sa pierre à l’édifice pour contribuer à un changement systémique des mentalités. Véronique, Noémie, Lisa et Simonetta passent d’une phase de leadership à une autre et implémentent, grâce à chaque nouvelle entreprise certifiée à travers le monde, l’égalité salariale comme un nouveau paradigme. Ce passage de témoin de femme inspirante à femmes inspirantes incarne, tout comme les personnalités présentées dans cette édition spéciale, une ambition commune de progresser vers un avenir meilleur, plus juste et plus représentatif des forces et richesses de l’altérité et de l’égalité.
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