Depuis son 50ème anniversaire, Will Smith s’est fixé pour objectif de retrouver petit à petit son insouciance juvénile. Dans la série documentaire Welcome to Earth et dans le film King Richard, dans lequel il incarne le père des stars du tennis Serena et Venus Williams, il explore les merveilles que la vie a désormais à lui offrir.
Un jour, alors qu’il feuillette le magazine National Geographic, Will Smith tombe sur la photo d’un immense troupeau de gnous traversant le Serengeti. Le texte qui l’accompagne indique que ces animaux se déplacent en groupe pour se protéger lors de la dangereuse traversée de la rivière. La star américaine du hip-hop et du cinéma a gardé cette image dans un coin de sa tête pendant 30 ans, se promettant de se rendre à cet un endroit un jour.
Aujourd’hui âgé de 53 ans, Will Smith a finalement entrepris ce spectaculaire voyage dans la nature africaine. Dans son sillage: des caméras et des spécialistes pour la série Welcome to Earth, produite pour National Geographic par le cinéaste Darren Aronofsky (Black Swan) et disponible sur le site de streaming Disney+.
«J’ai passé la moitié de ma vie à attendre ce moment, – confie l’explorateur amateur dans l’épisode Mind of the Swarm – mais rien ne m’avait préparé à toute cette poussière, ce bruit et cette atmosphère. Des milliers d’êtres vivants survivent parce qu’ils s’unissent!»
Dans Welcome to Earth, Will Smith escalade un volcan, plonge dans les profondeurs les plus abyssales de la mer et découvre les merveilles de la nature dans des grottes. Malgré ses rôles dans des films d’action, la star hollywoodienne est loin d’être un aventurier aguerri: «Je n’ai jamais nagé dans un lac, escaladé une montagne ou passé la nuit sous une tente », avoue-t-il au début de ses six expéditions.
«Je commence à penser que je passe à côté de quelque chose». Poussé par ce qu’on appelle Fomo («fear of missing out», en français: la peur de manquer quelque chose), il s’est donc associé à un groupe hétérogène d’explorateurs – dont le grimpeur aveugle Erik Weihenmayer, l’explorateur unijambiste Albert Lin et l’un des plus célèbres aventuriers de l’Arctique, Dwayne Fields – pour découvrir les secrets de la Terre.
Ce n’est qu’avec le temps que Will Smith a développé le goût de l’aventure et de la découverte de ses propres limites. Né en 1968 à Philadelphie d’un ancien pilote de l’armée de l’air très strict et d’une directrice d’école, il était un enfant peureux, ce qui lui a valu quelques moqueries: «Mais ma grand-mère avait l’habitude de dire: <C’est au-delà de la peur que se trouvent les bonnes choses>. C’est pourquoi je vis aujourd’hui ma vie de cette façon».
Sortir de sa zone de confort
Will Smith a toujours essayé de surmonter ses peurs et de prendre des risques. Ce n’est qu’ainsi qu’il a pu passer du statut de rappeur à celui de comédien de sitcom grâce à la série The Fresh Prince of Bel Air et devenir l’une des plus grandes stars de cinéma (Bad Boys, Men in Black, Independence Day).
Il a ensuite joué dans des films qui abordent des thèmes plus profonds tels que le long métrage Concussion, qui traite des lésions cérébrales chez les footballeurs professionnels, ou le documentaire Amend : The Fight for America qui porte sur le 14ème amendement de la Constitution américaine, qui acte l’égalité de traitement devant la loi.
Le fil conducteur de sa carrière est le besoin de sortir de sa zone de confort. Will Smith a fêté son 50ème anniversaire en sautant à l’élastique depuis un hélicoptère, en chute libre au-dessus du Grand Canyon. «Il faut s’engager dans la vie», a-t-il expliqué après le saut. «La vie est dure. On peut se blesser, avoir le cœur brisé, perdre un emploi, mais il faut continuer à aller de l’avant, autrement il n’y a rien dont on peut se réjouir».
Partant de l’envie de toujours se lancer des défis, la série Will Smith’s Bucket List a préfiguré Welcome to Earth pour Facebook Watch. Will Smith y réalise quelques-uns de ses rêves comme danser dans un film de Bollywood, nager avec des requins ou encore conduire une voiture de course.
En route pour les Oscars dans le rôle d’un père
Le fait de tester ses limites n’empêche pas à Will Smith de rester attaché au cinéma. Il est le père des joueuses de tennis Venus et Serena Williams dans King Richard (sorti dans les cinémas suisses romands en décembre dernier). Contre toute attente et grâce à des méthodes d’entraînement peu conventionnelles, Richard Williams a amené ses filles au sommet.
«Je me souviens de certaines interviews de Richard Williams à la télévision et du fait qu’il était souvent catalogué comme le méchant», a déclaré Will Smith après une première à Los Angeles. « Mais j’ai aussi vu la réaction de Venus. Son regard exprimait qu’elle avait à côté d’elle un lion qui la protégeait et cela lui a finalement donné confiance en elle. Je me disais déjà à l’époque : je veux que mes enfants me voient aussi comme ça un jour ».
L’acteur, qui fête cette année son 25ème anniversaire de mariage avec l’actrice Jada Pinkett-Smith, y est sans doute parvenu, puisqu’il a toujours soutenu activement ses trois enfants dans leurs différents projets.
De son côté, Richard Williams avait des astuces particulières pour motiver ses filles : « Contrairement à d’autres parents entraîneurs, il ne nous poussait pas, mais nous faisait le supplier de pouvoir jouer au tennis. Pour nous, ne pas pouvoir jouer était une punition – a confié Venus Williams à l’acteur – D’abord, il y avait la foi, la famille, l’école et le fait de devenir une bonne personne – et après le tennis ».
Heureusement, Will Smith n’a pas eu besoin de suivre des entraînements intensifs pour apprendre à faire passer la balle par-dessus le filet de manière convaincante, car Richard Williams n’était pas un bon joueur. Le père avait déjà imaginé le parcours de ses deux filles avant même leur naissance. La femme de Richard, Oracene, ne doutait pas des grands projets de son mari: « Pour elle, la prophétie ne venait pas de lui, mais d’en haut », explique Will Smith.
Le film King Richard a été réalisé avec l’accord de la famille Williams. Malgré tout, l’acteur explique qu’il ne veut pas enjoliver le personnage principal : « Richard était difficile à gérer et il a certainement commis des erreurs, mais il a aussi de bonnes qualités ». Aujourd’hui âgé de 80 ans, Richard Williams s’est retiré des courts de tennis.
À la maison, il coacherait la fille de Serena, Olympia, âgée de quatre ans, en cyclisme.
Cimenter durablement la succession
Will Smith se montre voûté et grisonnant dans le rôle pour lequel il a entre-temps remporté un Golden Globe et a été nominé aux Oscars. Connu pour son charme juvénile, l’acteur américain est conscient que la roue du temps ne s’arrête pas pour lui non plus. Cette prise de conscience lui est venue en particulier lors du travail sur le thriller de science-fiction Gemini Man (2019) d’Ang Lee. Il y joue un tueur vieillissant qui doit affronter son clone plus jeune.
Grâce aux moyens techniques utilisés, Will Smith n’a pas été rajeuni numériquement mais recréé sur ordinateur: «Mon cœur a fait un bond lorsque j’ai vu mon avatar pour la première fois», s’est souvenu l’acteur lors de la tournée promotionnelle du film. «La technologie ouvre tellement de possibilités. Par exemple, le jeune Will Smith pourrait maintenant tourner un film avec un jeune Marlon Brando».
La star hollywoodienne est consciente que le temps passe : « À l’époque, je n’avais aucune idée des règles du jeu, mais la naïveté a aussi ses avantages », explique-t-il. «On s’inquiète moins de ce qui pourrait mal tourner. J’aimerais parfois retrouver un peu de la liberté et de l’insouciance de l’époque. Ces dernières années,j’ai essayé de renouer avec cela ». Même à 53 ans, l’énergie ne lui manque pas.
Aujourd’hui plus que jamais, il doit toutefois faire attention à une chose : les sucres. « Je pourrais engloutir des cupcakes au petit-déjeuner, des gâteaux au déjeuner et des glaces au dîner », s’enthousiasme-t-il. « Avant, je pouvais manger ce que je voulais et m’entraîner en deux ou trois mois avant un film. Maintenant, ce n’est plus possible. J’ai dû adapter mon style de vie ».
Will Smith a depuis longtemps cimenté sa place à Hollywood grâce à son charisme, son humour et son énergie débordante. Il peut donc continuer à cocher d’autres cases de sa bucket-list. En tant que producteur, il vient de transformer avec succès sa sitcom des années 90, The Fresh Prince of Bel-Air, en série dramatique, Bel-Air.
Pour sa prochaine aventure dans la nature, il a imaginé quelque chose de très particulier : l’explorateur amateur, qui a aussi récemment lancé son autobiographie Will, va explorer les pôles Nord et Sud dans la nouvelle série documentaire From Pole to Pole.
Texte Marlène von Arx
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