sarah höfflin sarah höfflin : « le niveau est de plus en plus élevé, on est obligé de s’accrocher, ce qui rend le sport très intéressant »
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Sarah Höfflin : « Le niveau est de plus en plus élevé, on est obligé de s’accrocher, ce qui rend le sport très intéressant »

13.10.2023
par Maévane Mas

Les skis croisés au-dessus de la tête à plus de trois mètres du sol, voici une position plutôt commune pour les skieurs freestyle. Ces athlètes ont pour habitude d’exécuter leur figures dans les aires en utilisant tant des supports en neige qu’en métal. Cette discipline extrême gagne en popularité, notamment parmi les jeunes générations, et de plus en plus de femmes se lancent dans ce sport qui était autrefois majoritairement pratiqué par des hommes.

Sarah Höfflin,Skieuse freestyle

Sarah Höfflin
Skieuse freestyle

Parmi ces femmes intrépides, se distingue Sarah Höfflin. Cette Genevoise de 32 ans intègre l’équipe suisse de ski freestyle en 2015 et remporte quelques années plus tard la médaille d’or en slopestyle aux Jeux Olympiques de Pyeongchang. Dans cette interview, elle partage son parcours exceptionnel.

Sarah Höfflin, comment êtes-vous devenue skieuse freestyle professionnelle ?

À l’époque, je travaillais pour une entreprise de transfert de bus entre l’aéroport de Genève et diverses stations de ski. Puisque je ne travaillais que les week-ends, j’avais beaucoup de temps libre pour skier. En 2015, j’ai participé à une compétition en tant qu’amatrice à Val Thorens en France. Le coach de l’équipe suisse de ski freestyle était sur place et il m’a remarquée. Peu de temps après, j’ai intégré l’équipe et c’est comme ça que ma carrière a débuté.

Le ski freestyle implique de nombreux déplacements. Comment parvenez-vous à concilier vos entraînements et vos compétitions avec votre vie personnelle ?

Suite aux Jeux Olympiques de 2018, j’ai été appelée à me déplacer davantage. Je suis plus souvent invitée à des compétitions auxquelles je n’aurais peut-être pas participé au début de ma carrière. C’est super d’être conviée à tant de compétitions, mais cela implique de ne pas être souvent chez moi. C’est difficile de balancer entre les amis, la famille, les entraînements, etc. Mais avec le temps et l’expérience, j’arrive de mieux en mieux à garder un équilibre. J’essaie de rester plus chez moi en été, de garder contact avec mes amies d’Angleterre aussi. Cela me fait du bien d’avoir des amis qui ne sont pas forcément des sportifs. Quand je les vois, ça me change complètement de monde et je peux vraiment me déconnecter.

Le ski freestyle peut être risqué et entraîner des blessures. Comment gardez-vous votre motivation malgré les défis physiques et
les potentiels accidents ?

Ce qui est particulièrement motivant dans le ski freestyle c’est que le sport se développe très vite, notamment chez les femmes. Ces dernières années, on a vu l’arrivée de nouveaux équipements tels que les airbags qui ont vachement développé la technique. Le niveau est de plus en plus élevé, on est obligé de s’accrocher, et de progresser avec les tendances ce qui rend le sport très intéressant.

Image: Swiss Ski

Que mettez-vous en place pour récupérer après un entraînement ou une compétition intense ?

Ces dernières années, nous nous sommes vraiment focalisés sur la récupération en investissant dans du matériel tel que des machines de massage ou des pantalons de compression. Je fais aussi pas mal de récupération sur un vélo lorsque j’y ai accès. Nous avons également une physiothérapeute qui nous suit pendant les saisons de ski. De mon côté, j’essaye de me relaxer et de bien manger.

Justement, pendant la saison de ski, mettez-vous en place un régime alimentaire particulier ?

En tant qu’athlète, j’essaie de faire attention pour me maintenir en forme, mais sans plus. Je ne suis pas obligée de suivre un régime aussi stricte que d’autres athlètes qui font de l’endurance par exemple.

Quel est le plus grand obstacle que vous ayez rencontré lors de votre carrière ?

Au début de ma carrière, je me suis déchiré les ligaments croisés. C’est une blessure qui prend beaucoup de temps à se soigner et qui fait très peur car elle a déjà mis fin à de nombreuses carrières. Et puisque c’était au tout début de mon parcours, j’avais très peur de perdre ma place. En plus de cela, mon âge était déjà relativement avancé en comparaison aux autres jeunes qui commencent le ski freestyle. J’avais donc un challenge physique mais aussi mental, ce qui a été assez difficile à surmonter. Mais j’ai eu de la chance car je n’ai pas eu de complication et j’ai pu retrouver mon niveau rapidement.

Quelles sont les compétitions qui vous laissent un bon souvenir ?

L’un de mes meilleurs souvenirs au niveau sportif est évidemment les Jeux Olympiques de 2018. Cette compétition a changé ma carrière pour le mieux. Mais la médaille aux X Games que j’ai décrochée quelques semaines avant les Jeux reste aussi gravée dans ma mémoire. Puis après cela, il y a eu tellement d’autres compétitions ! Pour moi, ce sont souvent les petites compétitions qui sont un peu différentes qui ressortent du lot. L’année dernière, j’ai par exemple participé à la compétition RB PlayStreets en Autriche. Un parcours avait été créé dans la ville de Bad Gastein. Un trampoline avait été placé au milieu de la ville enneigée. J’adore ce genre d’événement un peu différents.

Le ski freestyle étant un sport d’hiver, que faites-vous pendant la saison estivale ?

Ma saison sportive se termine généralement fin avril. À partir du mois de mai jusqu’en août-septembre, je m’amuse à faire d’autres choses. Je fais pas mal de sport : du vélo, de la course à pied, du fitness, du golf, du bateau, etc. Cette année, j’ai aussi rénové mon nouvel appartement. Cela m’a pris beaucoup de temps, mais c’était un super projet. Il m’arrive également de partir en vacances, je vois du monde, je m’amuse comme lors de longues vacances !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui aspirent à une carrière dans le sport professionnel ?

Mon conseil est de ne pas se focaliser uniquement sur un sport et d’essayer d’en faire plusieurs. Cela permet de continuer à développer la coordination ou la vitesse, par exemple. Pour moi, ceux qui réussissent le mieux dans le sport haut niveau sont ceux qui font plein d’autres activités à côté et qui, très important, s’amusent. C’est comme ça que l’on garde la motivation.

Images Sarah Höfflin / Swiss-Ski

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