Interview par Kevin Meier

Romy Tschopp: « Lorsque je suis sur mon snowboard, je me sens vraiment libre et indépendante »

Romy Tschopp est née avec un dos ouvert (spina bifida). Malgré sa paraplégie incomplète, le sport a toujours été sa passion. C’est pourquoi la jeune femme a travaillé dur et s’est hissée jusqu’à l’équipe suisse de parasnowboard. Dans l’interview qui suit, elle parle des hauts et des bas qu’elle a vécus, de son avenir et de la saison la plus importante de sa vie.

Romy Tschopp est née avec un dos ouvert (spina bifida). Malgré sa paraplégie incomplète, le sport a toujours été sa passion. C’est pourquoi la jeune femme a travaillé dur et s’est hissée jusqu’à l’équipe suisse de parasnowboard. Dans l’interview qui suit, elle parle des hauts et des bas qu’elle a vécus, de son avenir et de la saison la plus importante de sa vie.

Romy Tschopp, quand et comment ta passion pour le snowboard est-elle née ?

J’ai une famille sportive et mes parents nous ont appris très tôt à mes trois frères et sœurs et moi à faire du ski et du snowboard. Déjà à l’époque, j’aimais bouger dans la nature et être active.

En grandissant, mon état de santé s’est dégradé. Si au début je pouvais encore courir et sauter, après plusieurs opérations du dos et du ventre, ce n’était plus possible. Toutefois, en snowboard, nous avons toujours réussi à trouver des solutions – par exemple en adaptant le matériel et en apportant d’autres aides – qui m’ont permis malgré tout de continuer à pratiquer ce sport.

Romy Tschopp

(c) ETH Zürich, RESC/ Foto: Stefan Schneller

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce sport ?

C’est un sport très excitant qui combine différents aspects : vitesse, contrôle du corps et équilibre. Dans une course en particulier, la stratégie est également un élément important. Tout cela combiné à la beauté de la montagne crée des conditions idéales pour une passionnée du sport comme moi (rires).

Que ressens-tu en dévalant les pistes ?

Cela me redonne ce sentiment de liberté et d’indépendance que je ne ressens plus beaucoup au quotidien à cause du fauteuil roulant et de l’orthèse. Lorsque je suis sur mon snowboard, je me sens vraiment libre et indépendante. C’est une sensation très agréable.

Lors de la Coupe du monde de snowboard à Colere, en Italie, tu as réalisé une belle performance qui t’a permis de te hisser à la sixième place du classement mondial. Quels sentiments associes-tu à ce moment ?

Il s’agissait de ma première compétition et d’une expérience très intéressante. J’ai pu y participer avec l’équipe Plusport. Nous ne nous connaissions pas encore dans une situation aussi particulière et nous nous demandions tous « qui réagit comment sous la pression ? ». En outre, il y avait encore des questions sur la meilleure façon de régler le matériel. Tout était nouveau. Je ne savais pas non plus si j’étais faite pour la compétition. Mais j’y ai rapidement pris goût et les résultats l’ont montré. C’était une très belle expérience, également en tant qu’équipe, et une pierre angulaire importante pour ce qui a suivi et ce qui va suivre.

Romy Tschopp lors des qualifications de boardercross à Lillehammer.<span style="color: #808080;"><em>Foto: Goran Basic</em></span>

Romy Tschopp lors des qualifications de boardercross à Lillehammer.Foto: Goran Basic

Cette année, tu as remporté la médaille de bronze aux Championnats du monde de Lillehammer. Qu’as-tu appris de cette expérience ?

La médaille de bronze ne signifiait pas grand-chose pour moi. Nous l’avons obtenue lors d’un challenge par équipe dans un petit groupe. Ce qui a été le plus important, c’est ce que j’ai pu réaliser en individuel. En snowboardcross, j’ai atteint la finale avec le deuxième meilleur temps dans ma catégorie face à des concurrentes très fortes. J’ai alors pris conscience de mes capacités et j’ai compris que je pouvais être parmi les premières si tout se passait bien. Toutefois, pendant la course, j’ai commis une erreur stratégique et j’ai abandonné ma troisième place qui était pourtant assurée. Le succès et la défaite n’ont jamais été aussi proches. J’ai donc pu retirer beaucoup de choses de ces Championnats du monde.

Tu as été la première snowboardeuse suisse à participer aux Jeux paralympiques. Que penses-tu de cette étape importante ?

C’est un grand honneur et un privilège d’avoir pu faire partie de ce moment historique. J’ai été impressionnée et surtout très touchée lorsque j’ai reçu l’acceptation définitive. Sur le plan personnel, cela a également été une étape importante pour moi.

Qu’est-ce qui t’a impressionnée dans les Jeux de Pékin 2022 et dans ta performance ?

L’événement en lui-même était déjà impressionnant. J’ai également été marquée par mon corps et sa force. Les Jeux ne durent que quelques jours, durant lesquels il faut s’investir au maximum et avec beaucoup de puissance – il n’y a que de très courtes phases de repos. Entre les épreuves, le temps de récupération est très court et une de mes courses a même été avancée. Malgré tout, mon corps a pu supporter l’effort. À cela s’ajoute le côté émotionnel : c’était les montagnes russes des sentiments.

Je m’étais fixée des objectifs plus élevés que ceux que j’ai finalement atteints. Par exemple, en snowboardcross, j’ai rencontré des problèmes d’équilibre et je suis tombée pendant la course. Cela m’a valu un retard de plus de sept secondes. J’ai néanmoins réussi à changer de mentalité et à terminer la course de manière presque parfaite. J’ai ainsi pu réduire mon retard à 0,8 seconde. Même si cela n’a pas suffi pour les demi-finales, c’était une performance de folie. Comme j’étais vraiment épuisée, le Bank Slalom a donné lieu à une lutte entre mon corps et ma tête. Les résultats n’ont d’ailleurs pas été enthousiasmants. Malgré tout, j’ai été impressionnée par ma capacité à aller jusqu’au bout et à ne rien lâcher.

J’ai également été marquée par mon corps et sa force. Romy Tschopp

Snowboard mis à part, quelles sont les trois choses qui ne doivent pas manquer en hiver ?

Il y en a plus que trois (rires). J’aime m’imprégner de l’ambiance particulière d’une journée en montagne ou des promenades nocturnes. Les lumières et les guirlandes lumineuses sont magnifiques et contribuent vraiment à créer l’atmosphère de Noël. Autrement, je ne peux pas me passer de mon coussin chauffant (rires).

Romy Tschopp aux Jeux paralympiques de 2022 à Pékin.

Romy Tschopp aux Jeux paralympiques de 2022 à Pékin. Foto: Goran Basic

Que signifie l’hiver pour toi ?

L’automne est une période difficile car les douleurs nerveuses dont je souffre s’intensifient souvent avec le froid. Lorsque l’hiver est installé, je recommence à voyager et à faire beaucoup de sport, ce qui permet de contenir un peu les douleurs. Pour moi, cette période est synonyme de voyages, de nouvelles expériences et d’aventures. En somme, l’hiver est une saison très importante à mes yeux.

Interview Kevin Meier & Andrea Tarantini
Headerbild Goran Basic

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08.12.2022
par Kevin Meier
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