La digitalisation du domaine du droit entraîne de nouvelles pratiques pour les acteurs du secteur. Nicolas Torrent, titulaire du brevet d’avocat de Genève et vice-président de la Swiss LegalTech Association, les détaille dans cette interview.
Nicolas Torrent, qu’est-ce que l’Association Swiss LegalTech ?
L’Association Swiss LegalTech a pour vocation de rassembler les différents acteurs du marché du droit et de les aider à construire ensemble un futur qui soit plus en accord avec les besoins des clients, notamment en facilitant l’accès à la digitalisation. Il s’agit de créer un pont entre les clients et les avocats, les juristes, les magistrats, les concepteurs de produits et services et tous les autres acteurs du marché qui utilisent le droit au quotidien. Elle est un réel espace de dialogue, un partenaire consultatif et fournit la pédagogie pour comprendre ces nouvelles technologies et nouveaux modèles d’affaires.
Quelles sont les transformations actuelles du secteur des services juridiques ?
Nous pouvons citer le software ChatGPT, qui, pour une intelligence artificielle, est relativement fiable. Le projet Justitia 4.0 rend également la transformation nécessaire en numérisant les échanges entre les avocats et la justice. La révision de la loi sur la protection des données va quant à elle imposer de nouveaux modes de fonctionnement qui seront plus proches du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) européen que le droit suisse en vigueur. Des avocats se posent donc des questions sur la sécurisation de leur système et la digitalisation des procédures.
Le secteur du droit est de plus en plus lié à la numérisation. Que cela implique-t-il pour le métier d’avocat ?
Les avocats sont de plus en plus forcés de se rapprocher de leurs clients sur les modèles d’affaires. La façon dont les services sont offerts et mis à disposition est en effet amenée à évoluer. Cette évolution du côté de l’offre des services est indépendante des nouvelles technologies mais est dictée par la façon de faire du business sur le marché. De plus en plus, les clients attendent des prix clairs pour des services clairs et la possibilité d’acheter en ligne. L’avocat pourra donner des informations statistiques à ses clients et prospects grâce au numérique – par exemple son taux de succès, la durée moyenne des procédures ou la fourchette de prix. L’utilisation de données statistiques propres à l’avocat pourra rassurer le client. Dans les études, on assiste à une modernisation des façons de travailler avec l’utilisation d’outils de gestion de la clientèle, des dossiers et documents, des connaissances et des modèles d’actes. Ceci implique toutefois de mieux prendre en compte les besoins en sécurité.
Quels seront les changements à venir ?
Le changement le plus immédiat, car requis par la loi, est la sécurisation des données. La LPD et Justitia 4.0 vont en effet accélérer la transition vers un environnement de travail plus digital avec une numérisation du traitement des dossiers et une disparition partielle des données papiers. Il faut donc partir du principe que l’on sera visé un jour par une tentative de piratage. La question est de savoir quelles données seront accessibles à la personne qui nous pirate et avec quelle facitilité nous pouvons être piratés. Il est donc important de travailler en amont avec un spécialiste de la sécurité et un spécialise IT qui connaissent l’infrastructure de l’étude afin de limiter les risques et, le cas échéant, minimiser l’impact d’un piratage.
Laisser un commentaire