Quelle justice après une infraction ?
Celui ou celle qui a été victime d’une infraction le sait, la justice pénale est souvent décevante : sentiment de ne pas être entendu, décision qui semble injuste, peine le cas échéant dérisoire face à la souffrance subie. Et pour cause : la justice pénale n’a pas pour principal objectif de satisfaire les victimes.
La justice restaurative est reconnue dans de nombreux pays européens, qui l’ont intégrée dans leur système judiciaire en complément à la justice pénale. Camille Perrier Depeursinge
C’est pourquoi l’association AJURES (Association pour la justice restaurative en Suisse) promeut et met en œuvre des processus de justice restaurative, telle la médiation en matière pénale. Elle existe depuis 2015 et déploie ses activités grâce aux efforts personnels de ses membres et aux donations dont elle a jusqu’ici pu bénéficier. La justice restaurative permet aux parties touchées par une infraction pénale de gérer de manière concertée les difficultés relationnelles et matérielles qui en résultent. Sans être un substitut à la justice pénale, elle vient la compléter par des processus au cours desquels la victime et l’auteur du délit, voire d’autres personnes encore (membres de la famille ou proches également atteints par les conséquences de l’infraction) participent activement à la résolution de problèmes liés à ce délit, avec l’aide d’un médiateur. Ce dernier prépare avec soin et sécurise l’échange. Les processus de justice restaurative agissent comme vecteurs d’empowerment des personnes impliquées. Ils permettent à la personne lésée de reprendre le pouvoir et de sortir du statut de victime, d’échanger et, quand les circonstances le permettent, de rencontrer l’auteur du délit. Quant à ce dernier, la justice restaurative lui donne des outils pour prendre la pleine responsabilité de l’infraction, exprimer ses regrets, prendre acte du mal infligé et tenter de le réparer, afin de ne pas récidiver. L’utilité de la Justice restaurative est documentée par de nombreuses recherches scientifiques. On constate qu’elle permet aux victimes de mieux se reconstruire, d’y trouver une reconnaissance et des réponses aux questions laissées ouvertes dans la procédure pénale (« Pourquoi moi ? » « Que puis-je faire pour éviter que cela n’arrive à nouveau ? », etc.). Des études ont démontré une réduction du stress post-traumatique et un retour au travail plus rapide. Du côté des auteurs, elle permet une réduction du risque de récidive.
La justice restaurative est reconnue dans de nombreux pays européens, qui l’ont intégrée dans leur système judiciaire en complément à la justice pénale. En Suisse, ses principes sont déjà appliqués dans le cadre de la médiation pénale avec des délinquants mineurs. Il ne reste plus qu’à étendre cette possibilité aux adultes.
Texte Camille Perrier Depeursinge, Présidente de l’AJURES (Association pour la Justice Restaurative en Suisse)
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