skicross skicross: «je voyage beaucoup, mais mon cœur me ramène toujours à la maison»
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Skicross: «Je voyage beaucoup, mais mon cœur me ramène toujours à la maison»

12.12.2020
par Andrea Tarantini

Interview avec Fanny Smith, championne de skicross, qui nous explique comment est née sa passion et comment, chaque année, elle se prépare en vue des compétitions d’hiver.

Fanny Smith détient un palmarès qui donne le vertige. En effet, depuis ses 16 ans, la skieuse n’a pas arrêté de remporter des médailles lors des Coupes du monde, des X Games, des Championnats du monde et des Jeux olympiques. «Passionnée, déterminée, intègre et souriante», voici comment se décrit la championne de skicross de 28 ans. Mais comment est née sa passion pour cette discipline et comment se prépare-t-elle avant les compétitions d’hiver? Nous le lui avons demandé dans l’interview qui suit.

Fanny Smith, êtes-vous la même personne sur les pistes et en privé?

Plus ou moins. Sur les pistes, il faut savoir se montrer agressive, ce qui n’est pas le cas dans le privé. Le skicross c’est mon métier, mais il y a des moments dans lesquels je dois me relâcher et je le fais dans le cadre de ma vie privée.

Comment est née votre passion pour le skicross?

J’ai toujours skié et aimé ce sport. Par nature, je suis très compétitrice. Mon grand frère faisait du freestyle et, très jeune, j’ai donc eu l’occasion de participer à des concours. Puis, à 12 ans, j’ai eu la chance de participer à une compétition de skicross et j’ai tout de suite compris que c’était mon sport. J’adore la compétition directe. Nous sommes quatre au départ et il faut arriver première en trouvant sans cesse une stratégie, alors que les parcours changent continuellement. Ce qui me plaît aussi c’est le fait qu’il y ait de nombreux paramètres qui entrent en jeu.

Que représente le skicross pour vous?

C’est ma passion et mon métier. Cela me rend heureuse, notamment parce que j’y mets toute mon énergie et j’ai la chance d’obtenir des résultats qui me permettent d’en vivre.

J’ai appris que trouver sa voie professionnelle signifie s’épanouir.

Qu’avez-vous ressenti lors de votre première compétition?

Du pur plaisir! Je n’étais pas stressée, plutôt excitée. De toute façon, je pense que l’envie de bien faire est un bon stress. Ce n’était pas facile, mais une fois la compétition terminée, j’avais envie de recommencer, d’aller de l’avant et de continuer dans cette direction.

Des bancs d’école aux pistes de ski, qu’avez-vous appris?

J’ai appris que trouver sa voie professionnelle signifie s’épanouir. À l’école, c’était une autre paire de manches pour moi en raison de ma dyslexie. À 16 ans, j’ai pris un chemin très différent de celui de mes amis, je suis tout de suite devenue indépendante et j’ai dû me débrouiller, tout en ayant le soutien de mes parents. Mes proches voulaient me faire comprendre ce qu’impliquait le chemin que j’avais choisi. Ils m’ont donné une chance et j’ai dû me responsabiliser pour être à la hauteur de la confiance qu’ils avaient mise en moi.

Y-a-t-il un moment que vous n’oublierez jamais?

Oui! À 16 ans, je suis partie avec mon entraîneur privé en Australie et il y avait ensuite des courses en Nouvelle-Zélande, mais il ne pouvait pas m’y accompagner. Mes parents m’ont donc dit que je pouvais y aller toute seule. J’ai vécu de nombreuses péripéties mais j’ai été marquée par le fait que mes parents m’ont fait autant confiance et qu’ils m’ont laissée aller à l’autre bout du monde toute seule. Autrement, je me souviendrai toujours de mon premier podium en Coupe du monde: j’avais fait un dépassement final qui restera gravé dans ma mémoire. Grâce à ce podium j’avais décroché ma sélection à mes premiers Jeux olympiques. Bien évidemment, il y a aussi les déceptions qui ne sont pas faciles à digérer. C’est notamment le cas des Jeux olympiques d’hiver 2014 qui ont eu lieu à Sotchi. J’avais manqué mon objectif et le processus pour regagner confiance en moi a été long. C’est à ce jour la pire blessure de ma carrière, elle n’était pas physique mais mentale.

Quelles sont vos faiblesses et vos forces?

Je suis perfectionniste, ce qui est une force mais aussi une faiblesse. J’ai souvent tendance à vouloir faire plus, mais dans mon métier il faut aussi trouver le bon équilibre. Autrement, je pense que je suis une grande travailleuse qui s’adapte facilement à toute situation.

De votre première course aux premiers Jeux olympiques. Comment votre vie a-t-elle changé?

Elle n’a pas beaucoup changé en fait. Je suis devenue une skieuse professionnelle à 16 ans et, un an plus tard, j’ai participé à mes premiers Jeux olympiques. Tout s’est rapidement enchaîné mais j’ai vraiment l’impression que rien n’a changé car moi je n’ai pas changé. Aujourd’hui, comme au début de ma carrière, je ne fais pas du skicross pour prouver quelque chose, mais parce que cela me passionne. C’est pourquoi, je me préoccupe peu de ce que pensent les autres.

Qu’a signifié pour vous votre première victoire?

C’était le fruit de tous mes efforts mais aussi le début d’une longue carrière.

Quelles sont vos stations préférées?

Villars est ma station préférée! Je voyage beaucoup, mais mon cœur me ramène toujours à la maison. Quand j’étais plus jeune, je voulais vivre ailleurs. En revanche, à présent, je sais que Villars est mon chez-moi, je m’y sens bien et je suis entourée de ma famille et de mes amis. Autrement, il y a aussi de belles stations au Canada, comme celle de Revelstocke qui est magnifique pour le freeride.

Aujourd’hui, comme au début de ma carrière, je ne fais pas du skicross pour prouver quelque chose, mais parce que cela me passionne.

À chaque saison, comment vous préparez-vous physiquement avant de vous lancer sur les pistes?

J’ai environ sept mois d’entraînements physiques intenses pour trois mois et demi de compétitions avec un mois de vacances. La préparation fait donc véritablement partie du métier (rires). Plus précisément, je prends mes vacances en mai et, de juin à décembre, si je ne suis pas sur les skis, je m’entraîne deux fois par jour.

Et qu’en est-il de votre préparation mentale avant les compétitions?

Il s’agit d’un travail de longue durée qui se fait tout au long de l’année, car ce n’est pas le jour de la compétition qu’on peut changer les choses. J’intègre toujours ma préparation mentale à ma préparation physique car elles sont liées.

En général, comment abordez-vous les compétitions?

Bien, je me réjouis à chaque fois d’avoir fini ma période d’entraînement (rires). Il est important de s’entraîner mais ce n’est que lors des compétitions que tous les différents éléments sont réunis et qu’on ressent le véritable esprit de la compétition.

Le chemin à parcourir ou la destination, qu’est-ce qui importe le plus à vos yeux?

Le chemin que l’on parcourt mène à la destination. Ce sont donc deux choses qui vont de pair pour moi. D’ailleurs, il n’y a pas de chemin si on n’a pas de rêves. Surtout dans mon sport, le chemin c’est ce qu’il y a de plus beau car c’est là que tout se passe. La destination est le fruit de tous les efforts et des capacités acquises qui, on l’espère, seront alignées le jour j.

Quels sont vos objectifs sportifs?

J’essaye toujours de donner le meilleur de moi-même lors de chaque compétition et, bien évidemment, un bon résultat est la cerise sur le gâteau. C’est cela qui me donne encore la motivation. Je suis une gagnante et, si je pouvais tout gagner, je gagnerais tout (rires).

Et quels sont vos objectifs dans la vie privée?

Je veux faire ce qui me plaît et me donner les moyens pour y arriver.

Le chemin que l’on parcourt mène à la destination. Ce sont donc deux choses qui vont de pair pour moi.

Si vous deviez changer une chose dans le monde du skicross, que changeriez-vous?

Je placerais des sauts encore plus hauts (rires). Plus sérieusement, je mettrais plus de moyens pour renforcer le développement de la relève, par exemple en sécurisant les parcours du circuit de Coupe d’Europe.

Que vous souhaitez-vous pour l’avenir?

Tout simplement la santé!

Fanny Smith en quelques mots

  • J’adore l’hiver car…c’est féerique!
  • Ma journée d’hiver idéale se passe…entourée de bonnes personnes, sous de beaux flocons de neige en train de faire du freeride.
  • En hiver, je ne boirais que…du chocolat chaud!
  • Mon péché mignon c’est…le chocolat (rires)! Mais, en hiver, je ne peux ni manger de sucreries, ni de crudités. D’ailleurs, étant donné que je suis intolérante au lactose, je ne mange pas de fondue ou de raclette malheureusement.
  • La personne que j’admire le plus dans le monde du skicross est…Ophélie David!
  • Après chaque compétition, je…rentre à la maison et je fais du vélo pour me relaxer (rires).
  • Après une belle victoire, rien de mieux que…d’aller voir la physiothérapeute (rires).
  • Si je devais changer de sport, je ferais…du surf – je ne sais pas en faire mais j’ai hâte de tester une fois que ma carrière sera terminée.
  • J’ai toujours besoin de…mon couteau suisse.
  • Je vous souhaite…pleine santé!

Interview Andrea Tarantini

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