Coach et décoratrice d’intérieur, chineuse professionnelle, journaliste, Élodie Raneri alias J’aime pas les dimanches, est l’incarnation du couteau suisse. Autodidacte pure, elle naît dans les quartiers anciens de Vevey, imprégnée du savoir-faire et du respect des objets antiques transmis par des parents passionnés de brocante. Aujourd’hui, elle marie habilement l’ancien au contemporain, et crée un espace où des pièces iconiques côtoient des trésors chinés et restaurés. Sa maison showroom devient ainsi un lieu accueillant, ouvert aux visiteurs qui peuvent être séduits par une pièce ou un meuble, repartant avec une part de cette harmonie mêlant passé et présent. Elle se décrit avec passion comme une «maman entrepreneuse» avec trois enfants, qui, à travers leur participation, enrichissent la description de sa maison.
Élodie Raneri, comment est né le concept de la maison showroom ?
Mes parents m’ont orientée vers le commerce, ce qui m’a permis nottament d’acquérir des compétences en entrepreneuriat. Après mes études, je me suis mariée rapidement, optant pour une carrière familiale. En devenant mère, j’ai choisi de rester à la maison, devenant autodidacte et lançant une entreprise de chaussures en ligne. Le succès était au rendez-vous, avec un showroom vintage à la maison. Au fil des années, le business a évolué, incluant la vente de meubles, commodes, miroirs, et la décoration présente dans la pièce. Au bout de huit ans, je me suis interrogée sur la possibilité de laisser de côté la vente de chaussures pour me dédier pleinement à ma passion pour la décoration. J’ai pris la décision de me consacrer exclusivement aux meubles avec l’appui de mon mari, élargissant le showroom et ouvrant toute la maison en réponse à la curiosité croissante des clients pour voir tous les étages.
Quels adjectifs utiliserais-tu pour décrire ta maison showroom ?
C’est une maison artistique et colorée mais surtout familiale, ce qui est essentiel pour nous.
Pourquoi « j’aime pas les dimanches » ?
Les dimanches en Suisse ne sont pas géniaux. Tout est fermé, tu te lèves tard sans savoir quoi faire. Mon mari adore les documentaires sur les animaux, ce qui m’ennuie. L’angoisse du lundi se fait sentir, et le sommeil est perturbé. Bien que j’apprécie les moments en famille, les dimanches sont un défi sur le plan créatif. Et puis, comme les gens viennent dans notre intimité, je voulais que le nom me corresponde au mieux et je pense que le pari est réussi car ce nom résonne beaucoup chez les gens.
Lorsque j’atteins un équilibre familial optimal, ma productivité au travail atteint son sommet. Élodie Raneri
Il faut être super sociable pour avoir tout le temps des gens chez soi, non ?
À la base, je n’aimais pas beaucoup les gens (rires). J’ai même envisagé de nommer mon entreprise «Je n’aime pas les gens» (rires). Cependant, j’ai réalisé que ce n’était pas une bonne idée, alors je l’ai finalement appelée «Je n’aime pas les dimanches». Ironiquement, j’ai fini par apprécier les dimanches car les visiteurs se comportent de manière très respectueuse lorsqu’ils viennent chez moi. Il y a un échange qui se fait et il y a un côté transmission qui me fait grandir et qui m’apporte beaucoup. C’est que du bonheur !
La famille est une valeur très importante pour toi. Comment concilies-tu ta vie de famille et ta vie professionnelle ?
Mes enfants sont nés dans le concept et ont grandi entourés d’objets chinés. Ils ont donc développé un œil averti et chaque enfant a la liberté d’aménager sa chambre comme il le souhaite. Mon mari, lui, tant qu’il peut poser ses clés sur un meuble à l’entrée, il est content (rires) mais il doit quand même y avoir quelques repères fixes. Si l’un d’eux exprimait un jour son désir de ne plus voir autant de monde à la maison, nous ajusterions immédiatement le concept.
Que veux-tu dire par repères fixes ?
On a tellement de choses fixes dans la maison qui ont été dessinées sur-mesure
comme des meubles, des bibliothèques, des bureaux, des lits sur-mesures ainsi
que la table à manger ce qui permet de ne pas trop s’y perdre.
Tu as une passion pour l’art suisse. Comment influe-t-elle sur ton travail ?
Je décore mon showroom avec des pièces uniques d’artistes locaux. Avant la pandémie, je choisissais moi-même les œuvres en fonction de mes goûts et de l’histoire derrière chacune. Intriguée par le processus créatif, j’ai décidé de partager ces moments à travers des capsules vidéo d’interviews spontanées où je vais à la rencontre d’artistes qui me font découvrir leurs univers, leurs ateliers et parfois ils me font tester des choses. Ces capsules ont fait un peu le boom sur les réseaux sociaux et c’est comme ça que j’ai plaisir à les mettre en valeur. Mon objectif est de promouvoir les talents suisses, d’où la création du hashtag #lessuissesontdutalent sur
mon compte Instagram.
Comment choisis-tu les pièces pour ta maison showroom? Y a-t-il des critères spécifiques ou des inspirations particulières qui guident ta sélection ?
En brocante, je choisis au coup de cœur, en privilégiant des pièces allant du XIXe siècle aux années soixante-septante. Aucune règle stricte, seule la matière m’importe. J’apprécie particulièrement la marqueterie, le marbre, le palissandre, et le design danois. Grâce à mon expérience et à ma familiarité précoce avec les brocantes, j’ai affiné mon œil pour distinguer le bois noble et dénicher des trésors souvent négligés par d’autres.
Quelle est la chose la plus importante pour toi ?
Je considère ma famille comme ma première entreprise. Lorsque j’atteins un équilibre familial optimal, ma productivité au travail atteint son sommet.
Laisser un commentaire