Interview par Laurane Saad

Chloé Trespeuch : « J’ai toujours aimé mon sport, mais j’ai surtout tout de suite aimé le défi des compétitions. »

Chloé Trespeuch se confie sur ses récentes victoires, sa grossesse et ses projets ambitieux pour un retour aux JO en 2026.

Originaire de Val Thorens, Chloé Trespeuch allie passion et performance depuis son plus jeune âge. Détestant la routine, elle défend sa liberté et s’affranchit des codes sociétaux pour tracer son propre chemin, tant sur le plan professionnel que personnel. Son parcours, marqué par plusieurs médailles olympiques et son récent Globe de cristal, témoignent de sa détermination et de son engagement en tant qu’athlète d’élite.

Chloé Trespeuch, après avoir été vice-championne olympique en 2022, vous avez décroché le Globe de Cristal en snowboard l’hiver dernier. Comment avez-vous vécu ces victoires ?

J’ai ressenti un immense bonheur en décrochant cette victoire, car cela faisait des années que je frôlais cet objectif sans jamais l’atteindre. Saison après saison, mes performances étaient constantes, mais vers la fin, je ressentais toujours une baisse de régime qui m’empêchait d’obtenir ce que je visais. Avec du recul, je pense qu’il y avait peut-être un blocage mental par rapport à la première place. C’est donc une grande satisfaction d’y être enfi n parvenue.

Il y a quelques semaines, vous partagiez également la nouvelle de votre grossesse. Comment vous sentez-vous entre cette annonce et cette victoire récente ?

Je me sens vraiment épanouie. Il est vrai que ce n’est pas courant de voir des athlètes mettre leur carrière en pause pour une grossesse. Beaucoup arrêtent plus tôt pour ensuite fonder une famille. Mais moi, je ne voulais pas choisir entre les deux. Je voulais concilier ces deux aspects de ma vie.

Vous parlez donc d’un temps de pause pour votre carrière. Comment le vivez-vous ?

Aujourd’hui, je vis cette période avec beaucoup plus de sérénité. Mais au début, cela a été plus compliqué, notamment en raison des stéréotypes qui persistent autour de la grossesse et des activités que l’on peut ou ne peut pas faire en étant enceinte. Le regard des autres, les jugements et les stigmatisations peuvent être difficiles à gérer quand on décide de vivre sa grossesse autrement, en continuant à faire du sport, à voyager et à rester active.

Chloé Trespeuch

Ce qui m’a beaucoup aidée, c’est de pouvoir échanger avec d’autres athlètes femmes qui sont passées par là. Leurs témoignages et leur soutien m’ont rassurée. Cela m’a permis de comprendre que mon corps a les ressources nécessaires pour s’adapter. Une « pause » ne signifie pas l’arrêt total, mais plutôt un ajustement.

En parlant de compétitions, ne vont-elles pas trop vous manquer cet hiver ? Comment allez-vous occuper votre temps ?

Les compétitions vont évidemment me manquer, c’est pourquoi il est important pour moi de continuer à m’entraîner et à rester active physiquement. Récemment, j’ai même réalisé l’ascension du Mont Blanc, un projet qui me tenait à coeur. J’avais vraiment envie de relever ce défi, tout en restant à l’écoute de mon corps. Bien que nous n’ayons pas pu atteindre le sommet en raison des conditions météorologiques, cela a été une expérience incroyable. Pour cet hiver, je prévois également de faire un peu de snowboard à Val Thorens à partir de mi-novembre, si ma santé me le permet.

Est-ce un besoin pour vous de rester active ?

Exactement. Même si mon activité sportive fait partie intégrante de ma carrière, elle est aussi essentielle à mon équilibre personnel. Durant ma grossesse, le sport reste un moyen pour moi de conserver mon identité et mon bien-être. J’ai besoin de deux heures de sport quotidien pour me sentir bien. Bien sûr, ma pratique a évolué : je ne cherche plus la performance, je ralentis et prends le temps d’adapter mes séances.

Quels conseils donneriez-vous aux sportives qui souhaitent également fonder une vie de famille ?

Oser se lancer ! C’est avant tout une question de liberté pour chaque femme de choisir le bon moment pour elle. Mon conseil serait donc le suivant : faites ce dont vous avez envie, faites-vous confi ance et écoutez votre corps. Vous le connaissez mieux que quiconque, et vous saurez sentir ce dont vous avez besoin pour vous épanouir pleinement, même pendant la grossesse.

Les JO 2026 vont-ils être synonyme de retour dans la compétition pour vous ?

Oui, c’est mon prochain objectif sportif. C’est vraiment important pour moi d’y participer. Le bébé aura un an d’ici là. Qui sait, il pourra peut-être venir m’encourager avec son père. Cela me fera un supporter de plus, ce qui pourrait vraiment me donner des ailes ! (rires)

Votre destination favorite en hiver ?

Je ne suis pas très objective mais Val Thorens, sans hésiter ! C’est la destination phare de l’hiver pour moi. On a de la chance d’être à plus de 2300 mètres d’altitude avec de bonnes conditions de neige de novembre à mai. Le domaine skiable est immense, je ne m’en lasse pas !

Votre plat hivernal favori ?

Je n’en abuse pas trop parce que ce n’est pas vraiment compatible avec la performance mais mon plat favori est la fondue. On a de la chance d’en avoir de très bonnes en Savoie. C’est vraiment un plat réconfortant pour moi.

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05.12.2024
par Laurane Saad
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