beat bösch beat bösch : « le sport m’apporte une qualité de vie »
Pius Amrein/Luzerner Zeitung
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Beat Bösch : « Le sport m’apporte une qualité de vie »

24.03.2023
par Julia Ischer

En 1996, Beat Bösch, alors âgé de 25 ans, se casse la septième vertèbre cervicale lors d’un accident de gymnastique et devient tétraplégique. Aujourd’hui, il compte parmi les athlètes handisports suisses les plus performants et travaille pour l’Association suisse des paraplégiques. Dans cette interview, il parle de son parcours et du rôle que le sport joue dans sa vie.

Beat Bösch

Beat Bösch, quels sont les événements qui vous ont le plus marqué dans votre vie ?

D’abord, bien sûr, l’accident. J’ai voulu faire un double salto sur le double trampoline et je suis tombé sur la tête. À ce moment-là, toute ma vie a basculé et j’ai dû complètement me réorienter. D’autre part, la perte de mon père m’a beaucoup marquée. J’ai dû apprendre à gérer et à vivre avec ces deux événements.

Cela fait maintenant 26 ans que vous êtes tétraplégique. Que cela signifie-t-il ?

Je suis paralysé des quatre membres. Je ne peux pas bouger les jambes et je ne peux plus fermer le poing entièrement, mais je peux encore lever les bras et tendre les doigts. Les muscles qui assurent la stabilité du tronc sont aussi paralysés. Du point de vue fonctionnel, je n’ai plus qu’une faible sensibilité. Je ne sens donc que très faiblement les contacts sur ma peau, parfois même pas du tout. De plus, presque toutes les paralysies ont des répercussions sur la vessie et l’intestin. Ce qui s’ajoute chez moi, c’est que je ne peux plus transpirer.

Vous pratiquez du sport depuis longtemps. Quelles sont les différences entre vos entraînements d’avant votre accident et ceux d’après ?

De manière générale, l’effort est plus important. Avant l’accident, je pouvais me changer et me déplacer plus rapidement. Aujourd’hui, je dois davantage écouter mon corps car il ne peut plus autant compenser en cas de surentraînement. J’ai toutefois commencé à m’intéresser aux différentes fonctions et interactions du corps. Je pense qu’il est en effet plus facile d’accepter son destin quand on en comprend les différentes conséquences.

Que le sport vous apporte-t-il ?

Le sport m’apporte une bien meilleure qualité de vie. Je suis en forme et plus fort grâce à l’entraînement et j’ai la musculature nécessaire pour les déplacements quotidiens. Ma circulation sanguine est aussi diminuée par ma position assise qui peut entraîner des points de pression ou des problèmes de peau. Je minimise cela en bougeant tous les jours. Je peux dire avec fierté qu’au cours de ces 26 dernières années, je n’ai jamais dû me rendre à l’hôpital pour de tels problèmes. Je me sens également plus en forme, plus à l’aise mentalement et plus motivé au quotidien. De plus, le sport est une bonne prévoyance vieillesse, et pas seulement pour moi.

Qu’est-ce qui vous a poussé à pratiquer l’athlétisme ?

Après l’accident, c’est le sport qui m’a le plus manqué. J’ai essayé différents sports pendant ma rééducation et j’ai fini par découvrir la course en fauteuil roulant. Au début, pratiquer une activité physique était surtout bon pour mon psychisme. Une séance de sport ne m’a jamais fait me sentir plus mal que je ne l’étais avant l’entraînement (rires). Puis je me suis entraîné de plus en plus, j’ai commencé à faire des courses et j’ai obtenu des résultats relativement bons. Cela m’a motivé et j’ai fini par atterrir un peu par hasard dans le sport de compétition. Quand je repense à mon premier tour de piste sur 400 mètres, je n’aurais jamais pensé cela possible. J’étais tellement épuisé que je ne pouvais plus m’imaginer courir. Finalement, j’avais tort (rires).

Quelles sont vos limites et comment réussissez-vous à les dépasser ?

Mes limites se situent surtout au niveau physique. Aujourd’hui, environ 70 % de mes muscles sont paralysés. Je veux utiliser mes capacités au maximum, mais je dois toujours prendre en compte ce que mon corps peut faire ou non. Je perçois mes limites encore mieux qu’avant : si la charge est trop élevée, le corps réagit immédiatement, par exemple par une inflammation. C’est pourquoi il est très important d’évaluer correctement la charge adéquate. Le sport devrait toujours être bénéfique pour la santé et non l’inverse.

Vous avez remporté plusieurs médailles lors de différents jeux paralympiques et événements sportifs. Que représentent-elles pour vous ?

Une médaille est toujours le plus beau souvenir que l’on puisse ramener d’un événement sportif. Beaucoup d’émotions y sont liées, c’est pourquoi je conserve les médailles les plus importantes dans une vitrine dans mon salon. Pour moi, elles confirment le fait que j’ai accompli quelque chose.

En tant qu’athlète handisport, observez-vous une différence de traitement ou de reconnaissance par rapport à d’autres athlètes ?

Même si la plupart des personnes sont admiratives de mon parcours, les gens ne comprennent pas toujours ce que cela signifie de faire du sport en fauteuil roulant et ne peuvent pas estimer la valeur de la performance. Je le comprends, car peu s’assoient une fois dans leur vie dans un fauteuil de course et font un ou deux tours de piste sur 400 mètres.

Avez-vous de futurs projets sportifs ?

Normalement, mon planning se fait toujours au rythme des Jeux paralympiques. Cependant, après Tokyo 2021, je ne voulais plus fonctionner de la sorte. Mes plans d’entraînement sont certes toujours axés sur cet objectif mais ne sont plus aussi fixes. Je continue simplement à faire du sport tant que j’y trouve du plaisir. Je prends les choses comme elles viennent, année après année.

Au quotidien, rencontrez-vous des difficultés pour vous déplacer ?

Je me déplace relativement bien d’un endroit à l’autre car j’ai une voiture adaptée à mes besoins et que je peux utiliser de manière autonome. Les plus gros problèmes se posent souvent à après. Je trouve dommage que des aménagements relativement simples ne soient pas réalisés. Construire une rampe pour franchir une marche n’est pas si compliqué mais permet de faciliter la vie des personnes utilisant un fauteuil roulant. Il faut tout planifier à l’avance, voir avec qui on se déplace et si cette personne peut nous aider.

Interview Julia Ischer et Léa Stocky

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