Protection de l’audition : nous devons faire mieux !

Amèle Debey
Responsable du projet festivals chez FoRom écoute, la Fondation romande des malentendants

Imaginez que vous puissiez avoir un impact sur la baisse de votre vue, le feriez-vous ? Avec l’audition, c’est possible et cela passe par la protection, car la perte auditive induite par le bruit est évitable.

Selon une récente étude publiée dans la revue scientifique BMJ Global Health, plus d’un milliard de personnes âgées de 12 à 34 ans pourraient souffrir d’une perte de l’audition. Il est désormais connu que 20 à 25 % des jeunes de 17 à 25 ans souffrent de sifflements passagers ou permanents, suite à une exposition sonore. Parmi les dommages relevés, on compte notamment les acouphènes, la baisse de l’audition et l’hyperacousie.

Pire, les troubles fréquents de l’audition touchent principalement les jeunes de 18 à 25 ans : ils sont 14,8 % à ressentir l’impression de moins bien entendre à la suite d’une exposition au bruit alors que la moyenne est de 10,5 %.

La perte de l’audition est une bombe à retardement qui fait des dégâts pendant la période des festivals, où le son varie en moyenne entre 100 et 110 décibels. Largement au-dessus du seuil de risque fixé, en Suisse, à 96 décibels pour les manifestations depuis 2019.

En plus, la consommation d’alcool augmente de 20 % le risque de développer une perte auditive, selon une récente étude chinoise.

Nous devons absolument faire d’avantage d’efforts pour prendre l’ampleur du risque qui se pose à nos jeunes au sérieux, car les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain.

Autant d’ingrédients qui devraient justifier une prévention importante de la part des festivals et autres salles de concert. Mais est-ce toujours le cas ?

En 2021, la fondation FoRom écoute a distribué gratuitement plus de 26 000 bouchons à divers organisateurs de festivals en Suisse romande. En 2023, nous avons souhaité mener une action plus large pour rechercher des financements, en tant que fondation à but non lucratif. Comme c’est toujours le cas, notre tâche se complique lorsqu’il s’agit d’argent, pourtant, protéger les cinq sens ne devrait pas avoir de prix.

Pour autant, nous ne comptons pas ménager nos efforts et avons développé divers projets axés sur la protection des oreilles. Nos bouchons auditifs, mais surtout notre expertise de cette problématique sont à la disposition des organisateurs qui voudraient s’en saisir.

Ce handicap nous menace tous si nous ne sommes pas plus prudents. Main dans la main avec les acteurs du monde de la culture et de la nuit, nous devons tous, en tant que citoyens, prendre nos responsabilités.

Nous devons absolument faire d’avantage d’efforts pour prendre l’ampleur du risque qui se pose à nos jeunes au sérieux, car les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain.