Le progrès technologique au service de la sécurité routière
La technologie permettra un jour d’automatiser entièrement la conduite. D’ici là, des systèmes d’aide à la conduite améliorent déjà le confort et la sécurité routière. Mais automatisé signifie-t-il vraiment plus sécurisé?
Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), près de 16 900 accidents ont eu lieu sur les routes suisses en 2020 et 227 personnes sont décédées. Depuis les années 1970, le nombre d’accidents de la route est en baisse constante. Cela s’explique par des actions juridiques et éducatives d’une part et, d’autre part, par les progrès de la technologie et de l’amélioration des infrastructures. «Pour rendre le trafic plus sûr en général – ou du moins le maintenir à ce niveau -, nous devons prêter attention à la triade personnes, véhicules et infrastructures», explique Markus Deublein, expert du BPA en matière de conduite automatisée. Les accidents de piétons et de cyclistes se multipliant, c’est bien à ce niveau qu’il faut travailler pour rendre les routes suisses plus sûres.
Que signifie l’automatisation d’un véhicule?
Le Bureau fédéral de prévention des accidents (BPA), comme de nombreuses institutions, s’inspire de la classification des niveaux d’automatisation de la SAE International. L’échelle à six niveaux va de l’automatisation conventionnelle et assistée à l’automatisation partielle et conditionnelle, en passant par l’automatisation élevée et complète. Les systèmes d’aide à la conduite actuels «soutiennent en permanence la conduite et en assument également certaines parties. Cependant, cela n’exclut pas le fait que les conducteurs doivent rester concentrés», précise Deublein.
Les objectifs des assistants automatiques
Les systèmes d’assistance au conducteur peuvent également être classés en fonction de leur objectif. Un premier groupe est constitué par les systèmes d’alerte. Le véhicule est équipé de capteurs qui détectent les situations dangereuses et alertent le conducteur au moyen de signaux sonores ou lumineux. Cependant, ces systèmes ne prennent pas en charge la conduite; c’est toujours le conducteur qui conduit.
Les systèmes de sécurité active constituent un deuxième groupe. Fonctionnant discrètement en arrière-plan, ils n’interviennent de manière sélective qu’en cas de danger imminent. Cette catégorie comprend, par exemple, l’assistance de freinage d’urgence.
Vient ensuite le groupe de systèmes améliorant le confort et conçus pour rendre la conduite plus agréable. Ils prennent par exemple en charge certaines parties du contrôle de la direction ou du maintien de la distance.
Une plus grande sécurité
Les systèmes de sécurité active, quant à eux, ont le potentiel d’accroître la sécurité routière. «Les assistants au freinage d’urgence sont considérés comme les systèmes les plus prometteurs. Plus ces systèmes seront répandus dans le parc automobile général, plus les avantages pour la sécurité routière seront importants», explique Markus Deublein. Il est toutefois difficile d’avoir les chiffres précis de l’impact sur la sécurité des routes suisses, car les études réalisées à l’étranger n’ont qu’une portée limitée et la technologie évolue rapidement. Deublein ajoute toutefois: «Dans les agglomérations, les situations de conflit les plus fréquentes sont celles entre les voitures, les vélos ou les piétons. En l’occurrence, notre rapport sur l’assistance de freinage d’urgence montre qu’on pourrait éviter quasiment un accident sur deux». Sachant que le nombre d’accidents engageant les usagers les plus vulnérables ne cesse d’augmenter, cette solution ne peut pas être mise de côté.
Une conduite non sans risques
Les systèmes axés sur le confort, tels ceux qui maintiennent la voiture sur sa voie, doivent toutefois être considérés avec méfiance car ils peuvent accroître le risque d’accident en rendant les conducteurs imprudents. «Les gens ne sont pas suffisamment sollicités par le système, ce qui peut conduire à un manque d’attention», explique Deublein. Le conducteur n’étant pas assez attentif, une situation qui nécessite une réaction rapide peut ainsi difficilement être anticipée. Deublein exprime d’autres inquiétudes: «Il existe de grands risques si ces systèmes sont détournés de manière abusive».
Les systèmes d’assistance aux véhicules sont loin d’être de simples gadgets et nécessitent donc de se familiariser avec leur fonctionnement, en particulier pour les systèmes de sécurité. En effet, le constructeur automobile conçoit lui-même les assistants pour un domaine d’utilisation précis. De plus, même si les systèmes excluent autant de risques que possible, des situations dangereuses peuvent toujours survenir, ce que confirme l’expert: «Il faut être conscient des limites des systèmes d’aide à la conduite et en tenir compte».
Les innovations dans le secteur poids-lourds
Les systèmes de sécurité ne sont pas uniquement destinés au transport privé. Au contraire, ils sont davantage utilisés pour les poids lourds. Par exemple, l’assistance au freinage d’urgence est obligatoire dans l’Union Européenne pour les camions de plus de huit tonnes nouvellement enregistrés. Cependant, les conducteurs les désactivent souvent lorsque la circulation est dense. «Les systèmes sont précieux, mais comment empêcher qu’ils soient désactivés?» se demande Deublein. Aujourd’hui, les discussions dans le secteur des poids lourds tournent principalement autour des assistants d’arrêt qui surveillent les angles morts. Ils seront obligatoires dans l’UE à partir de 2022 pour les nouveaux types de camions et, à partir de 2024, pour toutes les nouvelles immatriculations de poids lourds.
Texte Kevin Meier
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