la haute horlogerie, entre savoir-faire et authenticité
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Industrie

La haute horlogerie, entre savoir-faire et authenticité

30.05.2023
par Maévane Mas

La Suisse est connue du monde entier pour son horlogerie haut de gamme. Pascal Ravessoud, vice-président de la Fondation de la Haute Horlogerie à Genève, revient sur les caractéristiques de la haute horlogerie, ses complications et ses perspectives d’avenir.

Pascal Ravessoud,Vice-président de la Fondation de la Haute Horlogerie à Genève

Pascal Ravessoud
Vice-président de la Fondation de la Haute Horlogerie à Genève

Pascal Ravessoud, quelles sont les caractéristiques d’une montre de haute horlogerie ?

La haute horlogerie est une subtile combinaison de savoir-faire très méticuleux. Ce sont des dizaines de métiers qui se combinent, tant techniques qu’artistiques, et qui vont apporter un soin particulier au produit. Les finitions manuelles, par exemple, apportent une vraie plus-value en termes de rendu et d’appréciation du produit, notamment pour les collectionneurs.

Quels sont les différents métiers du domaine de la haute horlogerie ?

L’horlogerie est très spécialisée et est composée de savoir-faire très différents. À l’époque, il existait même des personnes spécialisées pour les roues, l’ancre, les balanciers, etc. Aujourd’hui, beaucoup de ces métiers sont intégrés. Nous avons besoin tout aussi bien d’ingénieurs en recherche et développement, d’horlogers, de techniciens que de métiers plus artistiques comme la marqueterie ou la peinture sur émail.

Quelles sont les complications horlogères les plus complexes produites par les manufactures suisses ?

Le plus dur est certainement la répétition minute, une montre qui sonne les minutes, les quarts d’heure et les heures à la demande. Faire cela dans un boîtier de montre poignet est extrêmement compliqué, seulement cinq ou six manufactures suisses se sont spécialisées là-dedans. Le tourbillon, qui est très populaire aujourd’hui, est aussi une complication complexe. Il est l’organe réglant de l’horlogerie et tourne sur lui-même pour compenser les effets de la gravitation terrestre.

Comment les marques de haute horlogerie suisses s’adaptent-elles aux changements technologiques ?

Aujourd’hui, on n’achète plus une montre mécanique principalement pour avoir l’heure (rires). La guerre technologique a été perdue avec l’arrivée du quartz vers la fin des années 1960. Dans cette lignée, les montres qui ont gardé une utilité réelle ont aujourd’hui été remplacées par des ordinateurs ou des smartwatches. Aujourd’hui, la montre n’a plus à s’adapter à la technologie car sa raison d’être est l’objet lui-même. Bien que l’innovation ne soit plus nécessaire d’un point de vue utile, elle fait certes toujours partie du métier. La recherche et le développement en horlogerie est un domaine très important.

Quel est l’impact de la haute horlogerie sur l’économie suisse ?

L’horlogerie en Suisse est le troisième secteur industriel, après la Pharma et le Machine-Outil. Cela représente un secteur économique majeur à l’échelle du pays, avec environ 700 sociétés et 60 000 emplois.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour la haute horlogerie suisse ?

L’horlogerie a une histoire très riche qui s’appuie sur un savoir traditionnel. Je pense que cette authenticité lui apporte du succès parce que le secteur est justement déconnecté d’autres technologies qui, elles, évoluent très vite. L’attrait pour les montres s’est passablement développé ces dernières années, des centaines de milliers de nouveaux clients sont arrivés et considèrent l’horlogerie comme un véritable investissement. Pour nous, l’horlogerie a encore un très fort potentiel dans les années à venir.

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