« surveiller les tendances actuelles pour anticiper les besoins du futur »
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Industrie

« Surveiller les tendances actuelles pour anticiper les besoins du futur »

30.05.2023
par Léa Stocky

L’industrie suisse s’adapte aux nouveaux besoins du marché. Dans cette interview, Philippe Rérat, Directeur général et Administrateur du Groupe Recomatic, et Juan Romar, Directeur R&D du même groupe, nous expliquent à quels enjeux est soumis le secteur industriel suisse, et en particulier celui de la construction des machines.

Philippe Rérat,Direction Générale et Administrateur

Philippe Rérat
Direction Générale et Administrateur

Juan Romar,Directeur R&D

Juan Romar
Directeur R&D

Philippe Rérat, Juan Romar, comment se porte le secteur de l’industrie de pointe en Suisse ?

Ce secteur se porte plutôt bien et a survécu à la Covid-19 car il reste très innovant. L’innovation, c’est avant tout s’adapter au marché en utilisant les dernières technologies de pointe et créer des produits différents, plus stables et plus durables. Aujourd’hui, nos marchés demandent des produits connectés et avec des bilans carbone réduits, dont les clients sont les premiers demandeurs. Il a donc fallu anticiper ces besoins, anticipation qui a aussi permis de faire face à l’augmentation de la demande.

En Asie, on assiste en effet à des problèmes de production, dans le secteur de l’horlogerie notamment. Cela a causé des rapatriements de production en Europe et en Suisse et nous en bénéficions car les entreprises, afin de gérer cette production, ont besoin de machines.

Comment garantir des produits industriels de qualité et plus durables ?

La formation joue un rôle très important : dans les entreprises, il faut des employés qui soient formés correctement pour pouvoir appliquer des standards de qualité. Il faut savoir analyser la situation actuelle et maîtriser la consommation de ses produits. Certains fabricants de machine aujourd’hui n’ont aucune idée de ce qu’ils consomment. Connaître sa dépense énergétique permet de dresser un bilan et d’élaborer des solutions efficaces. Il y a un manque de culture aujourd’hui au niveau de la consommation des produits, qui devrait être intégrée au cursus des ingénieurs.

La Suisse est un pays leader dans de nombreux domaines industriels dont l’horlogerie. Comment l’expliquez-vous ?

La Suisse possède un système de formation très performant. L’écosystème des partenaires (écoles, entreprises) y est aussi très favorable au développement, ce qui permet de développer de nouveaux produits pour être au niveau de ce que les clients attendent.

Quels sont et seront les défis de l’industrie en Suisse ?

Le manque de personnel est un des défis actuels majeurs du secteur industriel suisse. On éprouve en effet des difficultés à recruter des individus qualifiés et des jeunes pour faire des apprentissages. Cela s’explique par la tendance de la jeunesse à chercher des temps partiels et des emplois qui ont un sens pour eux, comme les métiers du social et de l’aide à la personne. Il faut réussir à réorienter ou remotiver les gens à faire des études plus techniques.

Les autres défis sont de fournir des machines au marché avec un bilan carbone réduit et de suivre l’évolution de la numérisation des appareils. Il faut que l’écosystème réussisse à s’adapter à l’intelligence artificielle, une technologie que l’on devra maîtriser d’ici peu. Finalement, il s’agit surtout de surveiller les tendances actuelles pour anticiper les besoins du futur.

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