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Banquiers et certifications internationales

03.03.2018
par SMA

«La confiance n’empêche pas le contrôle» dit le proverbe. Autrement dit, la compétence ne se décrète pas. En effet, chacun doit apporter la preuve indiscutable de ce qu’il avance, quand il prétend savoir faire quelque chose. Et les banquiers ne sont pas exclus.

La banque suisse a toujours prôné un système d’autorégulation. Cette aspiration libérale d’un point de politico-économique ou Darwinisme d’un point de vue biologique mène à une impasse dans la gestion des compétences. En effet, l’autorégulation repose sur une logique de boucles itératives de type «essais – erreurs – adaptation». Or, le monde du travail n’autorise plus de droit à l’essai et encore moins celui à l’erreur. Concrètement, cela signifie qu’il n’est plus possible de proposer à un employeur de faire un essai. Dans une société qui veut exclure l’aléa et le risque, il n’y a plus de place pour l’erreur et l’autorégulation.

Réglementation des métiers

Dès lors, la régulation est la règle. Comme en 1948 quand un permis de conduire suisse fut introduit. Il faut désormais pouvoir démonter a priori son aptitude à faire quelque chose selon une norme commune. Cette preuve s’appelle un CFC, un brevet, un diplôme ou une certification professionnelle.

En Suisse, la réglementation des métiers «à risques» n’est pas nouvelle. D’ailleurs, leur exercice est conditionné à la détention d’une qualification. Les professionnels de la sécurité, de la santé, des transports et de la construction sont soumis depuis longtemps à cette obligation. Même les cafetiers ou les détectives privés y sont assujettis.

Dans une société qui veut exclure l’aléa et le risque, il n’y a plus de place pour l’erreur et l’autorégulation.  – Frédéric Kohler Directeur de l’ISFB 

L’exception des banquiers

Pourtant, une profession semblait jusqu’alors avoir miraculeusement échappé à cette tendance: les banquiers. Est-ce à dire qu’ils ne constituaient pas aux yeux des autorités ou du public une activité à risques? Il semble qu’il était normal de confier son avenir financier à des prestataires «experts» sur la base d’une affirmation de leur part.

Cette anomalie est en passe de disparaître. Désormais, analystes financiers, conseillers à la clientèle ou gestionnaires de portefeuilles voient leur carrière dépendre de la détention de certifications. De plus, ces dernières ne sont plus des «papiers maison», des certificats de travail plus ou moins complaisants. Non, aujourd’hui, celle-ci sont externes, officielles, internationales et s’appellent CFA, CAIA, FRM mais aussi Master, Ph.D, CAS, DAS…

Certificats d’expertises valorisés

Prenant exemple sur les autres secteurs, notamment celui de l’industrie, les banquiers doivent affronter des défis économiques, technologiques et réglementaires inédits. Ainsi elle professionnalise enfin la gestion des compétences de ses acteurs. Ses autorités faîtières introduisent même une obligation de fait en termes de qualification professionnelle pour tous les conseillers financiers avec la certification SAQ/ISO17024.

Il semble qu’il était normal de confier son avenir financier à des prestataires «experts» sur la base d’une affirmation de leur part.

Dans un monde bancaire globalisé, disruptif et en quête d’efficience, les amateurs éclairés autodidactes laissent la place aux experts pointus et certifiés. Le seul moyen pour les premiers de rester «compétitifs» en termes d’emploi est d’obtenir l’un de ces sésames internationaux. Nos autorités publiques en ont pleinement conscience puisqu’elles n’ont de cesse d’inciter fiscalement ou de subventionner tous ceux qui décideraient à titre individuel d’entreprendre une telle démarche.

Texte Frédéric Kohler

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