la ville de demain la ville de demain: enjeux, objectifs et solutions
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Construction et Immobilier

La ville de demain: enjeux, objectifs et solutions

03.03.2023
par Maévane Mas

L’immobilier joue un rôle d’une grande importance dans la création des villes de demain. Urbanisation, construction, rénovation, mobilité et énergie sont en effet des thématiques au cœur des questions écologiques qui orienteront le monde de demain.

Yasser Benjelloun, directeur adjoint du pôle construction de SwissRoc Group, relève l’importance du secteur immobilier dans une transition vers un style de vie plus vert.

Yasser Benjelloun, quelles sont les caractéristiques de la ville de demain ?

La ville de demain sera bien sûr interconnectée et de plus en plus sobre en consommation énergétique fossile. Le canton et les opérateurs privés lancent et poursuivent aujourd’hui des investissements importants en termes d’infrastructures. Par exemple, GeniLac offre aux logements de l’eau chaude produite à partir d’énergies renouvelables, via l’eau du lac par géothermie ou inertie thermique.

À quels enjeux doit-elle faire face ?

Les premiers enjeux sont d’abord pragmatiques. Nous devons anticiper l’extinction des énergies fossiles ainsi que des prix de plus en plus élevés et fluctuants. Nous avons une vraie conscience de l’impact écologique que représente la production, la distribution et la consommation d’énergies fossiles. Désormais, nous devons non seulement trouver des sources de chauffage renouvelables qui ont un bilan carbone le plus bas possible, mais nous devons surtout anticiper des vagues de chaleur de plus en plus aiguës dans nos villes européennes, ce qui est une nouveauté. L’enjeu se trouve donc tant dans la production d’énergie propre que dans le fait de devoir se protéger des températures de plus en plus élevées.

Pourquoi la rénovation est-elle une variable importante pour la ville de demain ?

Aujourd’hui, plus de 40 % de la population suisse vit dans des logements qui ont plus de 60 ans. Cette proportion dépasse les 65 % pour les bâtiments de plus de 40 ans. À Genève, par exemple, de nombreux quartiers datent du XXème siècle. Durant cette période, beaucoup de bâtiments ont effectivement été érigés dans le but de soutenir la croissance de la ville. En agissant plus rapidement sur la rénovation de nos bâtis, nous permettons à une majorité des citoyens de bénéficier d’une isolation plus efficace de leur logement.

Comment inciter les propriétaires à rénover leur(s) bien(s) immobilier(s) ?

Tout d’abord, il y a la situation financière. Le canton octroie aujourd’hui des subventions importantes à tout propriétaire qui reprend l’enveloppe thermique de son bien immobilier. Ces subventions sont croissantes en fonction de l’efficacité thermique engagée. Ces aides s’adressent aussi bien aux propriétaires institutionnels qu’aux particuliers. Pour les propriétaires d’immeubles, cela permet une diminution substantielle des charges de copropriété. Toutefois, l’octroi de ces subventions s’arrête à l’horizon 2030. Au-delà, on va passer du bonus au malus. Ce qui était incitatif va devenir coercitif.

Les rénovations à faire sont donc tant dans la construction elle-même que dans les systèmes de chauffage actuels ?

Exactement. C’est une combinaison entre la fonction, la distribution, les panneaux solaires et l’enveloppe du bâtiment. Il est nécessaire de diminuer les consommations énergétiques avec une bonne isolation notamment et avoir une capacité de production d’énergie propre et renouvelable.

Quels sont les différents objectifs du Programme SuisseEnergie 2030-2050 ?

Le programme SuisseEnergie 2030-2050 contient trois orientations pour trois pôles techniques. Les orientations sont les suivantes : trouver des mesures qui permettent d’accroître l’efficacité énergétique avec une meilleure isolation des bâtiments, développer les énergies renouvelables, et sortir du nucléaire.

Les secteurs d’activités qu’il faut engager autour des pôles d’orientations sont l’efficacité énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables destinées aux particuliers, la mobilité des ménages privés et des entreprises et enfin les installations et processus dans le secteur de l’industrie. Les objectifs fixés par ce programme sont une diminution de la consommation d’énergie de 40 % par personne par rapport à l’an 2000. C’est très ambitieux. La mesure principale qui est à horizon 2050 est d’atteindre zéro émission de CO2 pour les énergies suisses. C’est pour cela que les acteurs du secteur de la construction, dont fait partie Swissroc, ont l’opportunité d’agir dans les deux premières orientations.

Quels sont vos présages pour la ville de demain ?

Il y a une véritable prise de conscience collective aujourd’hui. La maîtrise de la dépense énergétique est un souci connu de tous désormais. Nous devons aller vers une cité avec une architecture qui assure de hauts standards de protection contre le chaud et le froid, connecter la ville au réseau urbain issu d’énergies renouvelables et penser nos rénovations et constructions neuves avec le plus de matériaux issus de circuits courts et de recyclage afin de limiter l’empreinte carbone. C’est la partie qui n’est pas encore suffisamment poussée: l’empreinte carbone des biens bâtis et des biens produits.

La ville de demain est définitivement liée au monde de demain. Genève, avec sa puissance économique, doit être un exemple pour les autres villes européennes, voire mondiales, dans les changements qu’elle a initiée pour 2050.

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