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Responsabilité sociale des entreprises

Du discours à l’action : les fondations d’une politique RSE durable

25.06.2025
par SMA

Responsable du développement durable chez Swisscom, Saskia Günther plaide pour une approche profondément intégrée de la RSE, bien loin des effets d’annonce. Dans cet entretien, elle partage les erreurs courantes à éviter et sa vision, pour concilier performance économique, impact environnemental et attentes sociétales. Un éclairage concret sur les conditions d’une transition durable réussie en entreprise.

Saskia Günther

Saskia Günther
Responsable du développement durable chez Swisscom

Saskia Günther, selon vous, quelles sont aujourd’hui les priorités incontournables d’une politique RSE réellement crédible et efficace ? 

Pour être crédible et efficace, une politique de développement durable doit, selon moi, répondre à deux exigences fondamentales. D’une part, le développement durable doit être pleinement intégré à la vision, aux valeurs et à la stratégie de l’entreprise, et ne pas être traité de manière isolée. D’autre part, il est essentiel que les principes du développement durable soient concrètement mis en œuvre à tous les niveaux de l’organisation.

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes que vous observez dans la mise en œuvre des démarches RSE, et comment les éviter ?

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles la mise en œuvre d’une démarche RSE peut échouer à produire les résultats escomptés. L’une des plus courantes est la perception selon laquelle une politique de développement durable nuirait à la performance économique. Or, cette vision influence déjà négativement les résultats de l’entreprise. En réalité, un engagement en faveur du développement durable peut générer des économies significatives, notamment grâce à une meilleure efficacité énergétique, à la mise en place d’une économie circulaire ou à une chaîne d’approvisionnement plus résiliente. Une autre erreur fréquente consiste à vouloir intégrer les enjeux de durabilité à la fin d’un processus, une fois qu’un produit est conçu ou qu’un nouveau modèle économique est déjà défini. Cette approche tardive s’avère souvent inefficace et génère des coûts supplémentaires. Il est donc essentiel d’intégrer les critères de durabilité dès les premières étapes de réflexion, qu’il s’agisse du développement d’un produit, d’un service ou d’un modèle d’entreprise.

Comment une entreprise peut-elle concilier ambition environnementale et performance économique sans tomber dans le greenwashing ?

Le greenwashing se manifeste lorsqu’une entreprise met en avant des performances élevées ou des objectifs ambitieux en matière de développement durable, sans disposer d’un plan concret pour les atteindre ni de mesures tangibles pour en attester. Plus récemment, un phénomène inverse est apparu : le greenhushing. Par crainte des critiques, certaines entreprises préfèrent ne plus communiquer sur leurs ambitions ni sur leurs résultats. À mes yeux, ce silence est encore plus problématique, car le partage d’expériences est essentiel pour faire progresser collectivement les pratiques. Pour concilier ambition environnementale et performance économique, une entreprise doit s’appuyer sur une feuille de route claire, définissant des objectifs précis et des mesures concrètes. Elle doit également rendre compte de ses résultats de manière transparente : il ne s’agit pas seulement d’afficher une ambition, mais de démontrer les avancées réelles obtenues.

Quels indicateurs ou outils vous semblent les plus pertinents aujourd’hui pour mesurer l’impact réel d’une politique RSE, au-delà des simples obligations réglementaires ?

Il existe de nombreux outils pour mesurer l’impact d’une politique RSE, mais il n’existe pas de solution unique ou universelle. Le choix de l’outil le plus pertinent dépend du profil et du secteur d’activité de l’entreprise. Ce qui me semble essentiel, c’est que chaque entreprise commence par se poser les bonnes questions : ses objectifs RSE sont-ils suffisamment concrets ? Sont-ils réellement alignés avec les enjeux de durabilité qui lui sont propres ? Dispose-t-elle d’une feuille de route claire, assortie de programmes et de mesures concrètes, et rend-elle compte de ses résultats de manière transparente ? Il est également crucial d’évaluer si le modèle d’affaires a été repensé pour conjuguer performance économique et impact positif en matière de durabilité. Enfin, le développement durable doit être pleinement intégré dans la gouvernance de l’entreprise, avec des responsabilités clairement définies, du conseil d’administration jusqu’aux collaborateurs.

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