Zoë Më : La musique est avant tout une rencontre

À l’aube de sa participation à l’Eurovision, la jeune artiste Zoë Më dévoile Voyage, un titre solaire qui mêle pop, poésie et message d’espoir. Depuis une ferme écossaise jusqu’aux scènes européennes, elle raconte son parcours, ses inspirations et sa vision d’une musique qui soigne les cœurs et célèbre la bienveillance. Rencontre avec une chanteuse qui compose autant avec les émotions qu’avec les saisons.

Zoë Më, tu viens de sortir « Voyage », un titre solaire et envoûtant. Quelle a été l’étincelle de départ de cette chanson ?

On m’a proposé de rejoindre un camp d’écriture pour l’Eurovision. À ce moment-là, j’étais en Écosse, dans une ferme entourée de sapins et de moutons. J’y étais seule, avec un piano, en plein été. L’endroit était paisible, propice à la création. J’ai voulu faire passer un message positif dans un monde où la négativité prend souvent trop de place. Pour moi, les fleurs sont plus belles quand on les arrose plutôt que quand on les coupe. Les êtres humains, c’est pareil : si on se traite avec bienveillance, on s’embellit tous ensemble et on avance mieux. C’est cette idée que j’ai voulu transmettre au travers des paroles de « Voyage ».

Ce morceau s’accompagne d’un clip très esthétique, entre rêverie et liberté. Quelle importance accordes-tu à l’image dans ton travail artistique ?

L’image a une grande place dans mon univers. Grâce à l’Eurovision, j’ai aujourd’hui les moyens de créer les mondes que j’imagine. Pour ce clip, on a même fabriqué des fleurs pour chaque personne sur le tournage, ce qui était important symboliquement pour moi.

Image : SRF/Maurice Haas

La chanson étant en français, je voulais réaliser un clip qui illustre clairement son message. On y retrouve ainsi trois éléments clés : d’abord, le passage piéton, qui symbolise les rencontres qu’on fait dans la vie, avec chacun son histoire et ses blessures. C’est pour ça qu’il faut être doux les uns avec les autres, on ne sait jamais ce que vit la personne que l’on croise. Ensuite, les fleurs, pour rappeler que chacun est unique et beau à sa manière. Et enfin, la petite fille, à qui je m’adresse comme à une version plus jeune de moi-même. À un moment donné, j’ai compris que je voulais être une personne gentille et rencontrer les autres avec amour.

Ta musique puise dans des influences pop, électro et chanson française. Comment as-tu construit ton univers sonore ?

J’ai écrit ma première chanson à 10 ans, juste au piano-voix. Cette base-là, je l’ai gardée dans tous mes morceaux. En 2020, j’ai ensuite travaillé avec un groupe qui aimait le rock, ce qui m’a permis d’explorer un nouveau registre. Puis en 2024, j’ai sorti un EP bilingue où j’ai vraiment cherché des sonorités plus pop.

J’adore aussi la musique de film, les orchestrations. Les chœurs, les harmonies, les voix en arrière-plan me passionnent. J’ai été influencée par toutes les personnes qui ont collaboré avec moi. Mais au fond, mon socle reste toujours celui qui me permet de raconter des histoires vraies. Il y a une double dualité dans mon travail : le mélange de l’allemand et du français, et celui entre pop et chanson.

Quand tu composes, penses-tu à une saison, une ambiance particulière ?

Pas forcément une saison, non. Je m’inspire surtout des histoires des gens autour de moi. Je suis très à l’écoute, j’aime rencontrer de nouvelles personnes. Chacun a quelque chose à raconter, et ce sont ces rencontres qui nourrissent ma musique.

Si tu devais associer chacune de tes chansons à une destination, où nous emmènerait « Voyage » ? Et les précédents titres ?

« Voyage » nous emmènerait sur une île imaginaire, un monde parallèle où tout va bien, où chacun peut être soi-même et respirer profondément.

Pour les autres chansons à venir, certaines parlent de Berlin. C’est là que j’ai écrit mon EP bilingue « Dorienne Gris ». L’ambiance de la ville m’a énormément inspirée, et on la retrouve dans mes textes au travers d’un vocabulaire urbain.

Le retour du printemps est souvent synonyme de reprise des concerts en plein air. Quelle est ton approche de la scène, et comment prépares-tu un live dans ce contexte ?

J’adore la scène, c’est un moment de connexion unique avec le public. Quand je vois que les gens connaissent les paroles et chantent avec moi, c’est le plus beau des cadeaux. J’étais en résidence avec mon groupe quand j’ai appris ma sélection pour l’Eurovision.

J’adore aussi la musique de film, les orchestrations. – Zoë Më, Artiste

Je veux offrir un show qui rende les gens heureux, dans lequel ils puissent s’impliquer. C’est un vrai moment de partage. J’ai des chansons en allemand et en français, donc le public est souvent très varié, c’est un bel échange culturel.

As-tu un petit rituel secret avant les concerts ?

Avant de monter sur scène, je fais toujours des exercices de respiration pour calmer le stress et me recentrer.

Y a-t-il un concert ou un moment de scène qui t’a particulièrement marquée, en tant qu’artiste ou spectatrice ?

En tant qu’artiste, le Montreux Jazz Festival. C’était un rêve, et me retrouver là m’a profondément émue. C’est dans ces instants qu’on se rend compte que, malgré les difficultés du métier, ça en vaut vraiment la peine.

Et en tant que spectatrice, je ne peux pas ne pas mentionner le tout premier concert que j’ai vu : The Script, dans un festival. J’étais fan, et voir tout le public chanter les paroles à l’unisson m’a bouleversée. Ce soir-là, je suis rentrée chez moi et j’ai écrit ma toute première chanson. C’est peut-être grâce à ce moment que j’ai commencé la musique.

Sur les réseaux, tu partages beaucoup de moments de vie et de musique. Comment gères-tu cette proximité avec ton public ?

C’est essentiel pour moi d’être proche des gens. Ce sont eux qui écoutent ma musique, qui font vivre mon art. J’ai envie de rester à l’écoute, tout en gardant une certaine distance. Je reste fidèle à moi-même et je ne partage que ce que j’ai envie de montrer.

En ce moment, j’ai une super équipe autour de moi pour m’aider dans l’aventure Eurovision. C’est vraiment un travail que l’on fait ensemble !

Tu sembles toujours en mouvement, entre création, tournages, scènes… Où puises-tu ton énergie quand les beaux jours reviennent ?

J’ai la chance d’avoir une famille très présente, et un copain qui me soutient énormément. Ils m’aident à me détendre, à penser à autre chose, à me ressourcer. Même si je travaille beaucoup, je me sens privilégiée de faire ce métier, ça ne me donne pas l’impression de « travailler ».Au printemps, j’aime aller marcher dans la forêt près de chez moi, prendre l’air, ça m’aide à relâcher la pression.

Quand tu n’es pas sur scène ou en studio, à quoi ressemble une journée de printemps idéale pour toi ?

Être dehors, dans le jardin, avec un bon livre, et le lire d’une traite ! Un pavé de 400 pages, par exemple.

Et pour finir, si tu devais garder un seul souvenir lié à la musique et au printemps, ce serait lequel ?

J’adore le studio, c’est là que la magie opère. Mais composer dehors, c’est encore mieux. Alors je dirais : écrire une chanson sous un beau soleil, avec un ciel bleu. Rien ne vaut cette sensation.

Image d’en-tête SRF/Maurice Haas