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Aviation: « Nous sommes très favorables à l’intermodalité »

03.03.2023
par Léa Stocky

En 2021, malgré les conditions extrêmement difficiles du secteur de l’aviation à cause de la Covid-19, Romain Vetter saisit l’opportunité de devenir le nouveau responsable de la compagnie aérienne Swiss pour la Suisse romande. Dans cette interview, il explique les défis du secteur.

Romain VetterDirecteur de Swiss pour la Suisse romande

Romain Vetter
Directeur de Swiss pour la Suisse romande

Romain Vetter, en tant que directeur de Swiss pour la Suisse romande, quelles sont vos missions au quotidien ?

Je dois m’assurer d’offrir à notre clientèle un réseau européen le plus stable possible et le plus attrayant en termes de destinations. Il s’agit également d’offrir des services et des produits de qualité qui permettent à nos passagers de personnaliser, d’enrichir et de faciliter leurs expériences de voyages. À titre d’illustration, le nouveau service AirPortr propose des prestations de collecte de bagages dans toute la Suisse.

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

Chez Swiss à Genève, la grande variété des tâches et des interactions avec les équipes ainsi qu’avec nos partenaires de l’aéroport me passionnent. Je m’efforce d’être présent sur le terrain, d’écouter, mais aussi de participer à certains de nos programmes pour continuer à améliorer nos produits et nos services. Par exemple, nous avons à l’interne un programme qui se nomme « fly the mile » qui nous permet le temps d’un vol d’accompagner les membres d’équipage à bord et de faire le service avec eux afin de vivre leur quotidien. Dans le même esprit, j’ai participé au service de nuit de la maintenance de nos avions au hangar.

Aujourd’hui, quels sont les défis auxquels sont confrontées les compagnies aériennes ?

La vigilance et la flexibilité seront essentielles pour 2023. Malgré les incertitudes économiques, la tendance à la croissance se poursuit. L’industrie a développé une grande capacité à s’adapter aux fluctuations de l’économie, aux principaux éléments de coût comme les prix du carburant et aux préférences des passagers, mais l’équilibre reste fragile.

Le trafic aérien a considérablement été affecté par la pandémie de la Covid-19. Est-il depuis revenu au niveau de 2019 ?

Depuis février 2022, nous avons constaté une reprise progressive du trafic, meilleure qu’espérée à vrai dire. Cet été, nous étions entre 80 et 85 % du trafic de 2019, ce qui est réjouissant. Aujourd’hui, nous regardons les taux de réservation et restons attentifs à l’évolution du trafic mais nous sommes confiants pour 2023.

Le Conseil fédéral veut réduire de 30 % les émissions de CO2 liées aux voyages en avion des employés de l’administration fédérale d’ici 2030. Pour ce faire, le train est encouragé. Que pensez-vous de cette décision ?

Nous sommes très favorables à l’intermodalité. À l’automne 2019, Swiss et les CFF ont conclu un partenariat stratégique visant le développement progressif de l’intermodalité en Suisse. Ce rapprochement vient en réponse à la demande croissante des clients qui souhaitent une harmonisation des différents modes de transport. L’accent sera mis principalement sur les liaisons en Suisse, c’est-à-dire vers les grandes villes et les sites touristiques.

Comment rendre le secteur plus durable ?

Aux côtés du groupe Lufthansa, Swiss s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre : elle compte ainsi diviser par deux son bilan CO₂ d’ici à 2030 par rapport à 2019 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Ses efforts reposent sur une stratégie à quatre piliers comprenant des mesures technologiques, opérationnelles et infrastructurelles, ainsi que des instruments économiques complémentaires. Le principal levier pour réduire les émissions de CO₂ du transport aérien est d’investir en continu dans des technologies avancées d’aéronefs et de moteurs particulièrement économes en carburant.

Par ailleurs, en mai de cette année, Swiss a directement intégré les possibilités de vols « zéro carbone » dans le processus de réservation, simplifiant ainsi pour sa clientèle l’achat de carburant durable ou d’investissement dans des projets climatiques de la fondation suisse myclimate. Depuis, leur utilisation s’est décuplée. Alors qu’à peine 1 % de la clientèle de Swiss réservant sur swiss.com en faisait usage auparavant, la proportion actuelle avoisine les 10 %.

Quelles innovations sont possibles en ce sens ?

La solution phare pour des vols neutres en CO₂ réside dans l’utilisation de carburants durables pour l’aviation (Sustainable Aviation Fuel – SAF). Par rapport aux combustibles fossiles, les SAF actuellement disponibles permettent d’économiser jusqu’à 80 % des émissions de CO₂. Grâce aux procédés power-to-liquid ou sun-to-liquid, il est possible de produire des carburants pratiquement neutres en CO₂.

Les SAF sont essentiels à la décarbonisation du transport aérien. Pour le moment, ils ne sont pas disponibles en quantités suffisantes et leurs prix ne sont pas compétitifs. Nous travaillons à l’introduction de nouveaux produits verts pour nos clients et à la mise en place de partenariats stratégiques avec des producteurs de SAF comme Synhelion. La start-up suisse produira à l’avenir du kérosène neutre en CO₂ à l’aide de lumière solaire concentrée. Swiss prévoit d’être la première compagnie aérienne au monde à utiliser le carburant sun-to-liquid dans ses opérations aériennes régulières.

Comment voyez-vous l’évolution du secteur de l’aviation ?

Il est difficile de prédire l’avenir. Le secteur de l’aviation est fluctuant mais il est encourageant de constater que la majorité des gens sont confiants de voyager même avec des perspectives économiques incertaines.

Quels sont vos futurs projets ?

L’intermodalité constitue une partie importante des projets d’avenir. L’utilisation significative de SAF comme carburant alternatif également. Nous voulons développer un réseau de destinations stables et attrayantes pour nos passagers au départ de Genève et offrir des produits et des services qui permettent de faciliter l’expérience des passagers à bord mais également au sol.

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