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Développement durable

Manger plus sainement rien qu’en scannant !

26.06.2024
par Océane Ilunga

Lancée en 2017 par trois amis, l’application Yuka éclaire l’impact sur la santé des produits alimentaires et cosmétiques. En scannant les codes-barres, elle fournit des informations détaillées sur les ingrédients et des évaluations basées sur des critères de santé. Julie Chapon, l’une des cofondatrices, partage son expertise sur l’évolution et les perspectives de cette application devenue incontournable dans le choix de consommation des Helvètes.

Julie Chapon,Co-fondatrice de Yuka

Julie Chapon
Co-fondatrice de Yuka

Julie Chapon, comment est née l’idée de créer Yuka ?

L’idée est venue de l’un des deux associés, Benoît, qui est père de trois enfants. Cherchant à offrir de meilleurs produits à sa famille, il a entrepris de décortiquer les étiquettes afin de démystifier les informations inscrites sur les emballages. Il a rapidement constaté que c’était très compliqué. C’est alors qu’il a pensé qu’il serait formidable d’avoir un outil permettant de savoir en un coup d’œil si un produit est bon ou non. Ainsi est née l’idée de Yuka, du besoin personnel d’un père soucieux de la santé de ses enfants.

Pourquoi Yuka ?

Yuka vient du Yucatan, là où est originaire la femme de Benoît. Il avait déjà en tête d’ouvrir un restaurant là-bas et avait déposé le nom. In fine, tout le monde a trouvé que « Yuka » sonnait bien alors c’est resté.

Comment Yuka a-t-elle évolué depuis son lancement initial ?

Yuka a connu une évolution relativement modeste dans le sens où son essence fondamentale est demeurée inchangée, de même que ses fonctionnalités. Puis, un an et demi après son lancement, nous avons intégré les produits cosmétiques à la suite d’ une forte demande de la part de nos utilisateurs. Ensuite, notre internationalisation à partir de 2019 représente une autre évolution majeure : nous sommes désormais présents dans douze pays. Enfin, une dernière avancée significative que nous avons lancée il y a deux ans en France est l’éco-score, qui évalue l’impact environnemental des produits alimentaires sur une échelle de A à E.

Avez-vous rencontré des défis particuliers lors du développement de l’application ?

Le plus gros défi qu’on a rencontré c’est d’être confronté à un gros lobby industriel au sujet des nitrites, à savoir le lobby de la charcuterie en France. Cela a donné lieu à trois ans de procédure juridique qui nous ont coûté entre 500 000 et 600 000 euros. Nous n’étions pas forcément préparés à faire face à cela mais heureusement, nous avons remporté les trois procès auxquels nous avons été confrontés. Même si notre liberté d’expression a été reconnue, cela a été très dur pour nous.

Comment l’industrie agro-alimentaire a-t-elle réagi à l’approche de transparence de Yuka ?

Mis à part les procès sur les nitrites (que nous avons gagné), les industries agro-alimentaires et cosmétiques ont réagi de façon constructive. Assez rapidement, lorsque Yuka a commencé à prendre de l’amp, les industriels ont compris que, plutôt que de s’entêter à faire des produits qui ne répondent plus à la demande des consommateurs, ils avaient tout intérêt à reformuler leurs produits, améliorer leur composition et répondre à la demande des consommateurs pour des produits plus sains.

Quels types de retours avez-vous eu de la part des utilisateurs de Yuka ?

Les retours sont très bons. Les utilisateurs ont grandement contribué à la croissance de Yuka qui a été faite de manière quasiment organique. Nous n’avons jamais fait de publicité ni dépensé d’argent en communication. Ce sont réellement nos utilisateurs, qui, via le bouche-à-oreille, ont fait de Yuka ce qu’elle est aujourd’hui. On leur doit tout.

En tant que cofondatrice, quel est l’aspect de Yuka dont vous êtes fière ?

Je suis fière qu’on ait réussi à atteindre 50 millions d’utilisateurs sans recourir à de trop grandes dépenses en communication. De même, je suis fière d’avoir maintenu une petite équipe composée uniquement de profils qualifiés et très engagés. Actuellement, nous sommes 14. Notre taille réduite nous rend très agiles, nous permettant de lancer de nouveaux projets du jour au lendemain sans les lourdeurs hiérarchiques des grandes entreprises. Dans le monde des entrepreneurs, il y a souvent une course à l’ego pour constituer une équipe imposante de 50 ou 100 personnes. Je suis fière que nous ayons évité ce piège.

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