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Éditoriaux Société Santé

Et si le système de santé du futur se présentait ainsi?

28.01.2021
par Perrine Borlée

Aujourd’hui, le système de santé s’adapte sans cesse à nos progrès. Mais qu’en sera-t-il du futur? Pourrait-on imaginer que le système de santé mette toute son énergie à prévenir plutôt que guérir? Et si la médecine du futur était plus durable, simple et intégrative?


Valérie D’Acremont

J’arrive au cabinet de ma médecine* sur mon vélo électrique. C’est elle qui m’a convaincu de troquer ma voiture contre un vélo électrique car, vu mon âge et la distance jusqu’à mon travail, elle voulait s’assurer que je ne me décourage pas après la première semaine d’utilisation. Elle avait raison, je me sens mieux à présent et j’ai perdu quelques kilos!

Au cabinet, je suis accueillie par le clinicien à qui je tends ma carte électronique médicale. Elle contient les infos sur mes consultations précédentes et même mon dernier passage au centre de surveillance communautaire. J’ai dû y rester une nuit afin de rééquilibrer ma tension et vérifier que cette peine à souffler n’était rien.

J’aime ce moment avec le clinicien. D’ailleurs, je ne vais rien débourser vu que notre caisse nationale suisse paye la prévention. On discute du trio vital eau-air-terre: pour l’eau, vu qu’on est en pleine canicule, il vérifie mon bilan hydrique et s’assure, en consultant la carte interactive du niveau de pollution par les pesticides et perturbateurs endocriniens du canton, que je n’ai pas été trop exposée dernièrement.

Pour l’air, on calcule la quantité de particules fines que j’ai inhalée en fonction des distances que j’ai parcourues et du niveau de pollution journalier. Conclusion: la dose a été trop forte pour moi qui suis sensible des poumons. Il lance donc une alerte sur la plateforme cantonale et nous cherchons un parcours alternatif pour aller à mon travail.

Quand je pense qu’à l’époque, avec la même histoire, je finissais toujours
à l’hôpital avec une perfusion…

Valérie D’Acremont, infectiologue à l’Unisanté, professeur à l’Université de Lausanne

Coté terre, on regarde la proportion de fruits, légumes et nutriments essentiels que j’ai consommée. Nous avons basé notre analyse sur mes photos de repas. J’ai réussi à baisser ma consommation de viande et à remplacer la moitié des produits laitiers par des produits végans. En revanche, je ne consomme pas assez de Zinc et de vitamine D. Le clinicien me donne donc trois recettes à tester la semaine prochaine. Ensuite, il me donne le bon pour un massage ayurvédique offert par la ville dans le cadre de la campagne de prévention organisée ce mois.

Pour finir, nous passons en revue ma vie professionnelle, relationnelle et sexuelle. Nous regardons le temps que j’ai passé dans la nature sans mon smartphone et où j’en suis dans mes doutes sur le sens de la vie. Il me demande les raisons de ma visite et je lui explique que je tousse beaucoup et que j’ai plus de peine à souffler. Il prend mes paramètres vitaux – ma tension va bien, mais j’ai un peu de fièvre. Le clinicien m’explique donc qu’il a un critère d’alerte. Aujourd’hui, il me faut absolument voir ma médecine.

La docteure arrive et prend ma carte santé qui vient d’être remplie par le clinicien, la glisse dans son lecteur et en lit le résumé. Elle m’explique qu’elle soupçonne une pneumonie, me passe sa sonde d’ultrason sur la poitrine – elle montre une image suspecte -, et me fait un test rapide pour le virus épidémique qui sévit en ce moment. Ma médecine envoi le résultat à la cellule de surveillance des maladies transmissibles du Canton qui envoie les instructions d’isolement en vigueur pour ce nouveau virus.

C’est déjà le troisième après le fameux coronavirus de 2020. C’est négatif, j’échappe donc à l’isolement, ouf. La médecine calcule ensuite le risque de pneumonie due à une bactérie. le risque est d’un sur trois. Elle me demande si je préfère prendre un antibiotique, mais sans garantie qu’il fonctionne – les bactéries sont désormais très résistantes -, un programme intégré de remise en forme du système immunitaire ou un suivi rapproché par le clinicien. Je choisis la troisième option. Je prends donc congé et décide de rentrer en bus électrique en installant mon vélo sur la plateforme arrière car je suis un peu essoufflée. Quand je pense qu’à l’époque, avec la même histoire, je finissais toujours à l’hôpital avec une perfusion…

*C’est ainsi qu’on appelait les femmes médecins jusqu’au 18ème siècle.

TEXTE VALÉRIE D’ACREMONT

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