cancer - lutter avec la mala et pas contre elle
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Cancer – lutter avec la maladie et pas contre elle

13.02.2020
par Andrea Tarantini

Le diagnostic d’un cancer est souvent inattendu et encore plus dans le cas de cancers rares. Parmi ces derniers se trouve la maladie de Hodgkin (cancer des glandes lymphatiques), dont souffre moins d’un pour cent de la population suisse. Christine, qui a maintenant 26 ans, est une des rares personnes atteintes de cette maladie. 

Ce type de cancer appartient au groupe des lymphomes malins et se développe à partir des cellules du tissu lymphatique. Le système lymphatique fait partie du système immunitaire. Pour cette raison, le risque de contracter la maladie de Hodgkin est plus élevé chez les personnes souffrant déjà d’une maladie auto-immune telle que la sclérose en plaques ou le lupus érythémateux disséminé, dont Christine est atteinte.

Les premiers symptômes

Les premières manifestations du cancer sont survenues de manière tout à fait inattendue. Une nuit, alors qu’elle dort, Christine ressent une douleur lancinante dans la hanche gauche. «J’avais l’impression que quelqu’un me plantait un couteau dans la jambe. La douleur était si intense qu’elle m’a réveillée», dit-elle avec de grands yeux. Elle comprend alors tout de suite qu’elle ne peut ignorer la douleur. Quelques jours plus tard, elle se rend donc chez son médecin qui ne sait pas comment l’aider et qui l’envoie chez d’autres spécialistes. Personne ne peut lui expliquer les causes de sa douleur. Certains médecins pensent qu’il ne s’agit que d’un symptôme du lupus érythémateux et qu’ils peuvent calmer la douleur par des analgésiques. Cependant, après plusieurs examens, Christine reçoit un appel de son médecin qui lui fixe un rendez-vous afin de discuter des résultats.

Certains médecins pensent […] que la douleur peut être calmée par des analgésiques.

Le moment de vérité

C’est lors de ce rendez-vous que son médecin de famille lui annonce la mauvaise nouvelle. Elle souffre d’un cancer du lymphome de Hodgkin et elle en est déjà au quatrième stade. Il lui explique néanmoins que les chances de guérison de ce type de cancer sont très élevées et qu’elle peut donc s’en sortir. De plus, Christine ne présente aucun signe visible du cancer, hormis le lupus et une éruption cutanée sur le front, ce qui est un signe positif. Cependant, pour la jeune femme «ce fut un choc! Les jours suivants, j’ai beaucoup pleuré. Mais je n’ai jamais eu peur de mourir», soutient-t-elle. Après avoir assimilé la nouvelle, Christine doit annoncer le diagnostic à son entourage et leur parler de la chimiothérapie qu’elle doit suivre.

Différentes réactions

Lorsqu’un parent apprend que son enfant souffre d’un cancer et que la chimiothérapie est nécessaire, il s’abat forcément. «Tous mes proches ont eu une réaction différente, mais au final tout le monde a versé une larme. Ma mère était accablée. J’ai voulu la réconforter en la prenant dans mes bras mais elle m’a dit que c’était elle qui devait s’occuper de moi et pas le contraire», explique Christine en souriant.

Quand Christine annonce la mauvaise nouvelle à son père, ce dernier gère la situation à sa manière: il prend une bouteille d’alcool fort et en sert un verre à tout le monde. Nous nous sommes demandés si Christine a assisté à une réaction qui l’a réjouie. La jeune femme raconte: «j’étais heureuse quand les personnes m’envoyaient des ondes positives, lorsqu’on proposait de m’accompagner à un rendez-vous chez le médecin ou de venir me rendre visite à l’hôpital. Dans ces moments, on se rend compte que certaines personnes sont vraiment à nos côtés. En revanche, je n’ai jamais aimé les gens qui essayaient de me prendre avec des pincettes». La jeune femme nous explique que certaines personnes arrivaient même à lui remonter le moral: «mon petit ami a toujours réussi à me faire rire. Quand je n’avais plus de cheveux, il s’est même gentiment moqué de moi en me suggérant de peindre une flèche bleue sur mon front (il faisait allusion au célèbre film Avatar).»

Les goûts changent

Christine, qui avait de longs cheveux bruns et des longs cils, décide de suivre la chimiothérapie. Le traitement dure 18 semaines. Pendant la première semaine elle se rend trois jours sur cinq en consultation à l’hôpital universitaire de Zürich. Elle doit également faire des perfusions et prendre un autre traitement sous forme de comprimés. Quant à la deuxième et la troisième semaine, elles sont respectivement consacrées à d’autres types de médicaments et à la récupération.

Sa première chimiothérapie, elle ne l’endure pas toute seule car sa mère décide de l’accompagner. Mais elle a seulement 22 ans. Il n’y a pas de personnes plus jeunes qu’elle dans la salle d’attente. Christine est donc très nerveuse: «je me souviens que ma mère m’a apporté un sandwich au fromage pendant l’injection. A l’intérieur, il y avait un poivron. J’ai failli vomir. Par la suite, le médecin m’a conseillé d’éviter mes plats préférés pendant la chimiothérapie car mes goûts allaient beaucoup changer», explique Christine. Elle nous avoue qu’à présent elle ne peut toujours pas manger de poivrons.

Thérapie individuelle

Malgré tout ce qu’elle doit endurer, la jeune femme garde une attitude positive. Néanmoins, elle ne supporte vraiment pas les maux de têtes, les nausées et les vomissements: «je n’en pouvais plus des vomissements et la calvitie me dérangeait beaucoup», admet-t-elle. Elle se rappelle que même lorsqu’elle buvait de l’eau, elle avait des nausées. Christine décide alors de parler avec son oncologue et d’opter pour une thérapie moins agressive.

Je n’en pouvais plus des vomissements et la calvitie me dérangeait beaucoup.

Malgré le changement de dosage, elle ne peut éviter la chute progressive de ses cheveux. C’était la pire des choses pour elle: «je me réveillais et je trouvais des touffes de cheveux sur mon oreiller. Quand je prenais ma douche, je perdais aussi beaucoup de cheveux. C’était horrible. J’ai toujours eu les cheveux longs, ils faisaient partie de mon identité». Christine ne veut plus les voir tomber, elle prend donc son courage à deux mains et se rase totalement: «c’était terrible. Mais j’ai accepté la situation. De toute façon, je savais que je ne pouvais rien changer. Ce n’était pas amusant de se regarder dans le miroir, mais j’ai été soutenue par ma famille et par mon petit ami. Ils m’ont fait me sentir belle même sans cheveux», raconte-t-elle.

Tout est bien qui finit bien

La dernière chimiothérapie est prévue un jour après son anniversaire. Ensuite la jeune femme est de nouveau «libre». Pendant son traitement, Christine n’a jamais perdu son sens de l’humour et sa joie de vivre. Son attitude positive a beaucoup contribué à sa guérison. Aujourd’hui, elle veut remercier sa famille et ses amis, en particulier sa mère et son petit ami, pour leur soutien : «je ne me suis jamais sentie seule». En prenant du recul, elle se rend compte que tout ce qu’elle a vécu l’a rendue plus mature. A présent, Christine sait que peu de choses importent réellement dans la vie: la stabilité, la santé, les amis, la famille et l’amour suffisent pour être heureux. Les yeux brillants, Christine veut donner un conseil aux personnes qui traversent ce qu’elle a dû endurer: «personne ne doit affronter tout seul une période comme celle-là. Il est important d’accepter de l’aide. Faites confiance à votre corps et essayez de contribuer à sa guérison avec des pensées positives».

Texte Saina Riess

Traduit de l’allemand par Andrea Tarantini

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