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Interview Été

Little Gypsy : Vivre d’amour et d’aventure

21.06.2024
par Océane Ilunga

Morgane, alias Little Gypsy, est une aventurière au cœur tendre, passionnée des océans et des voyages. Anciennement soigneuse animalière, elle a troqué sa vie bien rangée pour l’incertitude des routes il y a dix ans, à la suite d’une série de revers. Accompagnée de son fidèle compagnon à quatre pattes, Aiko, elle parcourt le monde, partageant ses aventures et sa passion pour la protection des océans sur les réseaux sociaux depuis plus de huit ans. Interview avec une globe-trotteuse qui n’a pas froid aux yeux.

Morgane, tu te définis comme une aventurière. Que cela signifie-t-il pour toi ?

Une aventurière, c’est une femme qui part faire des treks en sac à dos, qui écoute son cœur et qui part à l’aventure aux quatre coins du monde.

Quels ont été les préjugés que tu avais avant de te lancer dans le voyage solo qui se sont avéré être faux ?

Une des choses les plus précieuses que j’ai apprises et qui restera gravée en moi, c’est la beauté de l’être humain. Tout ce que les médias nous montrent, cette peur des autres, ce n’est pas la réalité. C’est incroyable de voir à quel point on s’en rend compte en voyage. Quand vous êtes sur la route, que vous voyagez seul et que vous dépendez des autres, votre cœur s’ouvre à cette beauté. Même dans des pays classés en zone rouge pour la France, je suis convaincue que 90 % des personnes sur Terre sont de belles âmes. Voyager nous pousse à être plus ouverts à la culture qui nous entoure, à moins juger, à engager la discussion et à chercher à comprendre. C’est cela, être un bon voyageur.

Little Gypsy/Morgane

Comment décrirais-tu ta façon de voyager ?

Je suis plutôt du genre à ne rien planifier. Je sais dans quelle ville je vais atterrir, mon hôtel d’arrivée est réservé, j’ai une idée de deux ou trois endroits que j’aimerais visiter, mais je n’organise rien de plus. Je me laisse simplement porter par la vie, car je crois qu’elle nous réserve toujours de belles surprises.

Quels conseils donnerais-tu à des femmes qui hésitent à voyager seules ?

La première étape consiste à choisir une guesthouse ou une auberge de jeunesse. Il est très facile de rencontrer d’autres voyageurs de cette manière, car il y a toujours beaucoup de personnes voyageant seules à la recherche de compagnie. De nos jours, les auberges sont de plus en plus confortables. Pour celles qui hésitent à se lancer seules, je conseille de réserver leur auberge à l’avance et de demander à ce qu’un taxi les attende à la sortie de l’aéroport ou à l’endroit d’arrivée. Ensuite, je recommande de passer quelques jours dans la guesthouse pour s’acclimater et rencontrer d’autres voyageurs. Il est certain que vous rencontrerez des personnes désireuses de voyager avec vous ou de participer à des activités similaires.

Ensuite, je conseille de ne pas se mettre trop de pression. Si vous avez besoin de confort, il existe des auberges avec piscine où vous pouvez rester une semaine au même endroit et explorer les environs. L’important est de franchir le pas. De plus, je recommande d’écouter son cœur. On a qu’une seule vie et si l’on ne veut pas passer à côté, il faut se lancer. Suivez votre instinct.

Enfin, je conseille vivement de ne pas écouter ses proches ! Tous mes proches, à l’exception de ma maman, m’ont découragée dans chacune de mes entreprises, que ce soit ma chaîne YouTube, mes projets de protection des océans ou mes voyages en solo. Aujourd’hui, ils admettent tous qu’ils avaient tort.

Tu as à cœur de sauver les océans. Peux-tu nous parler de cette mission ?

Depuis toute petite, je suis passionnée par les orques. Cette fascination a débuté à l’âge de quatre ans, lorsque j’ai vu le film Sauvez Willy au cinéma. Ayant grandi à Nice, j’avais la chance d’habiter à côté du parc aquatique Marineland où mes parents m’emmenaient tous les week-ends. À chaque visite, j’étais complètement obsédée par les orques. Mon plus grand rêve était de devenir dresseuse de cétacé.

À 18 ans, j’ai eu l’opportunité de faire un stage à Marineland, dans le bassin des orques. Ce fut le plus beau jour de ma vie. Par la suite, j’ai travaillé en tant que soigneuse pour les dauphins et les otaries, avant de revenir auprès des orques. J’avais ainsi, d’une certaine manière, bouclé la boucle. J’ai même assisté à la naissance d’un orque. Cependant, à cette époque, je commençais à prendre conscience des conditions de captivité des animaux. Je savais que ce que je faisais n’était pas bénéfique pour eux. Avant même d’être officiellement embauchée, j’ai donc décidé de partir. Mon rêve d’enfant était de voir les orques en kayak, au Canada. Je suis donc partie six mois en Colombie-Britannique à la recherche des meilleurs endroits pour observer les orques. J’ai fini par atterrir sur l’île de San Juan, où l’on peut les voir à seulement quelques mètres de la plage. J’y ai passé un mois, dormant dans ma voiture et passant chaque jour sur cette plage. C’est là-bas que j’ai rencontré des biologistes qui m’ont appris que les orques étaient en voie d’extinction. Cette nouvelle m’a profondément bouleversée. Inspirée par le projet « Love Army » de Jérôme Jarre, qui rassemblait plusieurs personnes influentes, j’ai décidé de créer le mouvement « We Are the Orcas » (Nous sommes les orques), sans vraiment savoir par où commencer. Naïvement, je pensais que dix jours suffiraient à résoudre le problème (rires). Je n’avais pas anticipé l’existence des lobbys et de leur influence. Bien que notre mouvement ait suscité de l’attention, il n’a malheureusement pas réussi à changer les lois. Les médias n’en parlaient pas car ils étaient influencés par les propriétaires des parcs aquatiques. J’ai donc décidé d’organiser une grande marche, de Portland jusqu’aux barrages, bloquant les autoroutes pour attirer l’attention des médias. Par la suite, j’ai participé à un documentaire sur cette question, intitulé Co-Extinction. Cependant, toute cette lutte m’a rendue de plus en plus agressive et triste, et j’ai réalisé que je devais faire une pause. J’ai compris que si je ne prenais pas soin de moi, je ne pourrais pas prendre soin du reste du vivant.

Quelle est ta destination préférée pour l’été ?

Le Canada, forcément, car c’est là que se trouvent tous les animaux que j’adore. En été, il n’y a plus de neige, ce qui permet de faire des randonnées et des road-trips incroyables. C’est un pays immense, il y a donc toujours quelque chose à découvrir ! Une autre de mes destinations favorites est la France. Dans la plupart des autres pays, il fait souvent trop chaud en haute saison. La Suède et la Norvège sont aussi des destinations sous-cotées pour l’été alors qu’elles sont incroyables ! Il fait encore jour à minuit, il y a des lacs extraordinaires et des randonnées époustouflantes à faire.

Quels sont tes projets pour cet été ?

Cet été, je serai dans les Gorges du Verdon. Ensuite, au mois d’août, je repars en Colombie-Britannique car j’organise des expéditions en kayak pour observer les orques. Pendant dix jours, en petit groupe, nous vivons une expérience spéciale dédiée à leur observation sur Vancouver Island.

Quels sont tes indispensables en voyage ?

Je réalise que je suis capable de me passer de nombreuses choses matérielles. Cependant, ces derniers temps, et encore plus maintenant qu’il vieillit, je me rends vraiment compte que je ne pourrais pas me passer de mon chien.

Est-ce facile de voyager avec un chien ?

Absolument, voyager avec son chien n’est pas si contraignant. J’ai publié un livre le 22 mai dernier, axé sur ce sujet précis. L’aspect le plus crucial concerne la préparation administrative. Il est essentiel de faire un point complet avec le vétérinaire pour connaître toutes les analyses sanguines nécessaires et être à jour avec les vaccins. De plus, je recommande vivement de faire appel à un comportementaliste ou à un éducateur canin. Leur expertise est précieuse pour résoudre les problèmes courants qui peuvent empêcher les propriétaires de partir en voyage avec leur chien, comme les problèmes de comportement en laisse ou le mal des transports en voiture, par exemple. Mon livre aborde en profondeur toutes ces questions et offre de nombreux autres conseils pratiques pour voyager sereinement avec son chien !

Quel est ton mantra ?

J’apprécie énormément une phrase tirée d’une chanson du groupe Journey : « Don’t stop believin’, hold on to that feeling », ne cesse jamais d’y croire, accroche-toi à ce que tu ressens.

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