remontées «le secteur des remontées mécaniques est une branche qui bouge beaucoup»
Interview Hiver

«Le secteur des remontées mécaniques est une branche qui bouge beaucoup»

27.11.2021
par Léa Stocky

Les Remontées Mécaniques Suisses (RMS), association qui représente la branche des remontées mécaniques en Suisse, est interlocutrice du secteur auprès de la Confédération et s’occupe à la fois des moyens de transport dans les stations de ski et de la gestion des pistes et chemins de randonnées. Dans l’interview qui suit, Berno Stoffel, directeur des RMS, nous parle de l’association, de ses derniers défis et de ce que représente la saison hivernale pour lui.

Berno Stoffel, qu’est-ce qui vous a amené à la direction des Remontées Mécaniques Suisses?

Pour moi, les remontées mécaniques ne sont pas juste une infrastructure. Ce sont avant tout des familles et des amis qui viennent passer de bons moments en pleine nature. Ce sont eux qui me motivent et m’inspirent chaque jour. Pendant douze ans, j’ai travaillé à la direction de l’Office de tourisme et des Remontées Mécaniques de Grächen, en Valais. J’étais aussi président de l’association valaisanne des Remontées Mécaniques. Après ces douze années, je me suis demandé si je voulais me lancer dans un autre challenge et l’association des Remontées Mécaniques Suisses m’a ensuite contacté pour me proposer le poste de directeur. Le projet m’a semblé très intéressant, d’autant plus que beaucoup de changements ont eu lieu à ce moment: nous avons essayé de recréer les bases de l’association et d’établir une nouvelle stratégie.

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail?

J’aime bien construire et concevoir. Le travail intellectuel et le contact avec les gens me plaisent aussi beaucoup. Je prends plaisir à réfléchir aux nouvelles pistes d’améliorations. Par exemple, nous venons de créer une nouvelle stratégie avec des axes de travail novateurs. J’aime les challenges et je suis quelqu’un d’assez optimiste. Je pense en effet que les défis nous forcent à nous adapter et à chercher la bonne réponse aux problèmes.

Récemment, le portail allemand Fiylo, qui prime chaque année les organisateurs d’événements innovants, a décerné son prix aux Remontées Mécaniques Suisses pour leurs réalisations pendant la pandémie. Que représente ce prix à vos yeux?

Ce prix est avant tout une reconnaissance pour tout le travail que la branche a accompli l’hiver passé, lorsque la situation était encore plus difficile qu’aujourd’hui. Alors que toute l’Europe fermait ses remontées, nous avons négocié avec la Confédération pour rester ouverts durant l’hiver 2020-2021. La pression était énorme. Des images des hôpitaux saturés circulaient tous les jours et beaucoup accusaient les remontées mécaniques et les stations de ski d’être la raison de la reprise de l’épidémie. Cependant, avec tous les exploitants, nous avons montré que laisser les remontées ouvertes était bénéfique. Beaucoup de gens ont pu se détendre dans la neige et cela les a aidés à aller mieux à la fois physiquement et mentalement. L’hiver passé, nous avons dû prendre des mesures et des décisions audacieuses et nous les avons toutes appliquées de façon concrète mais aussi avec beaucoup de responsabilité. C’est cela qui nous a aussi permis de gagner ce prix.

Quelles ont été les mesures prises pendant la pandémie?

Nous avons réduit le débit des cabines fermées et nous avons instauré des mesures de distanciation. L’obligation du port du masque a été étendue à toutes les installations. Nous avons aussi augmenté le personnel pour garantir le respect des distances et des principales mesures.

Quels sont les autres défis auxquels les Remontées Mécaniques Suisses doivent faire face?

Un des défis qui nous préoccupe concerne la relève car il est difficile d’attirer des gens et de leur montrer ce que signifie travailler pour les Remontées Mécaniques Suisses. Cependant, le changement climatique reste l’un des plus grands problèmes de notre temps. C’est pourquoi nous nous posons beaucoup de questions liées à la durabilité: Comment peut-on continuer à évoluer en termes d’énergie? Comment pouvons-nous produire de l’énergie de manière durable?

Quels sont les enjeux de la durabilité dans le secteur des sports d’hiver?

Nous avons un rôle très important à jouer en ce qui concerne le développement durable. Les sports d’hiver sont très importants tout d’abord d’un point de vue économique. L’hiver est en ce sens une saison importante notamment pour les régions alpines et leurs périphéries. Beaucoup d’emplois dépendent des stations de ski et des activités liées à la montagne. D’un point de vue social, beaucoup de personnes viennent d’autres pays pour travailler dans le secteur des remontées mécaniques ou des sports d’hiver. Au niveau de la santé, faire du sport en pleine nature en hiver est bénéfique. Enfin, concernant la protection de l’environnement, nous voulons protéger la nature tout en développant les activités qui y sont associées. Il s’agit donc de trouver le bon équilibre et nous y travaillons tous les jours. Au fil des ans, nous devenons de plus en plus responsables.

Que faites-vous pour atteindre cet équilibre?

Nous avons délimité des espaces, comme les chemins de promenade, afin de permettre aux visiteurs de s’amuser mais dans des zones homologuées. Certaines forêts sont protégées et les promeneurs n’ont donc pas le droit de s’y aventurer. Nous essayons également de ne pas trop nous interposer dans l’ordre de la nature afin de ne pas perturber la vie des animaux. Nous essayons aussi de sensibiliser nos clients en les invitant à utiliser les pistes ouvertes.

Quel est le rôle de l’innovation dans le secteur des sports d’hiver et notamment au sein des Remontées Mécaniques Suisses?

Certaines innovations sont d’ordre technique, comme l’amélioration du confort sur les installations. Les offres d’activités sont de plus en plus diversifiées et tout ce qui a été fait ces dix dernières années en Suisse est très novateur. Les parcs de peaux de phoque créés dans le Bas-Valais sont un exemple d’innovation. Nous cherchons avant tout à satisfaire les besoins et demandes des clients en travaillant sur de nombreux projets et produits, notamment dans le cadre de la vente et de la digitalisation. C’est par exemple le cas du Magic Pass qui permet d’emprunter librement les remontées mécaniques et certains trains de montagne durant les saisons d’été et d’automne. Le secteur des remontées mécaniques est une branche qui bouge beaucoup.

Parmi toutes les activités proposées en hiver, quelles sont vos préférées?

Je suis un amateur de ski, j’aime les grands et les petits domaines et je skie aussi souvent dans les petites et moyens stations qui ont plus de charme et une qualité tout aussi importante que les grandes stations. Les balades sont un de mes autres passe-temps favoris. J’aime bien la nature et j’aime bouger.

En Suisse, chaque année, de nombreux accidents sportifs ont lieu en hiver. De manière générale, mais aussi au niveau des remontées mécaniques, comment peut-on sensibiliser les gens
à ce sujet et prévenir les accidents?

Les remontées mécaniques sont un des moyens de transport les plus sûrs en hiver. Dans l’association, nous avons un département de sécurité des pistes qui contrôle le respect des règles. Chaque accident sur les pistes est enregistré chez nous et nous faisons toujours des bilans au Bureau de Prévention des Accidents (BPA). Nous travaillons en étroite collaboration avec le BPA: chaque saison, nous analysons et localisons les accidents. Nous discutons ensuite avec les exploitants pour déterminer comment les éviter. Ainsi, ces dernières années, le nombre d’accidents est en baisse.

Selon vous, comment s’annonce cette saison d’hiver?

Premièrement, il faut de la neige. L’année passée, nous avons eu un hiver qui a été bon à ce niveau-là, même en basse altitude. Cependant, avec la pandémie, il semble que la saison ne sera pas encore tout à fait normale.

Comment voyez-vous l’avenir du secteur des sports d’hiver en Suisse?

Je pense que le secteur a un bel avenir. J’ai l’impression que les jeunes redécouvrent le ski et la neige. Les écoles reprennent également les camps de ski, ce qui marche plutôt bien. La pandémie nous a permis de nous focaliser davantage sur ce qui nous fait du bien. Les sports d’hiver ne sont pas seulement l’occasion de faire la fête. Il s’agit surtout de prendre du plaisir et de se décontracter dans la neige en famille ou entre amis. Le ski est presque le seul sport que trois générations peuvent pratiquer au même moment et en même temps. Les grands-parents peuvent ainsi se divertir avec leurs petits-enfants tout en étant dans la nature et en haute altitude. Tous ces aspects font des sports d’hiver un secteur très demandé qui a un avenir rayonnant.

Smart
fact

Berno Stoffel en quelques mots...

  • Pas de doute, entre fondue et raclette je préfère... la raclette.
  • Entre vin chaud rouge ou blanc, le meilleur est… le vin chaud blanc.
  • Ma région préférée pour faire du ski est… au-dessus de 1500 mètres.
  • La plus belle piste de luge de Suisse se trouve à… Lenzerheide.
  • Après une journée sportive, si je devais choisir entre une soirée spa et une sortie nocturne en raquettes, j’opterais pour… une sortie nocturne en raquettes.
  • En hiver, je ne sors jamais de chez moi sans… ma veste d’hiver.
  • La saison d’hiver en Suisse est… la plus belle saison.

Interview Léa Stocky
Photo Alain Amherd | pomona.media

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