Si la numérisation des entreprises, et en particulier des PME, est certaine et nécessaire, elle n’est pas sans défis. Roger Keller, responsable du segment PME chez Swisscom, dresse dans cette interview une vue d’ensemble des problématiques du secteur.
Roger Keller, quelle est la situation actuelle des PME suisses en matière de numérisation ?
Bon nombre d’entre elles sont conscientes de leur potentiel et ont déjà bien avancé dans leur processus de numérisation. D’autres préfèrent s’en tenir à ce qui a fait ses preuves ou sont encore réticentes quant à une mise en œuvre chez elles, une retenue qui pourrait trouver sa cause dans les incertitudes liées à la situation géopolitique de ces dernières années. Toujours est-il que la question n’est pas de savoir si une PME doit se numériser, mais plutôt quand elle le fera.
Dans quels domaines nos PME affichent-elles déjà une maturité suffisante ?
Nous constatons des différences dans la progression de la numérisation. Dans les magasins, les restaurants ou les hôtels, je constate par exemple un degré élevé de numérisation s’agissant de l’interface avec les clients : possibilité d’effectuer des réservations et de passer des commandes en ligne, interagir et payer par voie numérique.
Le cloud est sur toutes les lèvres: quels avantages offre-t-il aux PME ?
Les solutions de cloud computing, qui étaient jusqu’ici réservées aux grandes entreprises, sont désormais également accessibles aux PME. Nul besoin d’investir dans du matériel coûteux car les services sont disponibles directement à partir du cloud. Il en résulte des formes de travail plus flexibles, car il est également possible d’accéder aux applications et aux documents sans être au bureau. Le cloud permet d’adapter les puissances de calcul et les applications logicielles nécessaires aux besoins individuels et de les faire grandir avec l’entreprise. Enfin, une sauvegarde du cloud offre en outre une sécurité supplémentaire en cas de perte ou de vol de données.
S’agissant du vol de données : les cyberattaques sont un sujet d’actualité. Quel est, selon vous, le niveau de risque pour les entreprises suisses ?
Il est élevé! Malheureusement, de nombreux entrepreneurs pensent encore et toujours que leur entreprise ne revêt par un intérêt suffisant pour les cybercriminels. Les PME sont, de par leur nombre, des cibles lucratives et la plupart du temps faciles à attaquer. Toute entreprise, aussi petite soit-elle, peut être victime d’une cyberattaque. Il faut en être conscient. Le flot de cybermenaces et leur professionnalisation sont en croissance depuis des années et ont encore nettement augmenté l’année dernière.
Une image propre de la situation et une clarification préalable des propres besoins aident à considérer la numérisation dans le contexte global de l’entreprise.
Comment les PME peuvent-elles s’en protéger ?
Une bonne protection commence lorsque le Conseil d’administration et la direction reconnaissent la cybersécurité comme un sujet essentiel. Il ne s’agit pas seulement de disposer d’un service informatique parfaitement fonctionnel avec des systèmes à jour, mais aussi de sensibiliser régulièrement le personnel à la manière de traiter les données, les e-mails et autres questions de sécurité. La principale porte d’entrée des cyberattaques qui aboutissent n’est autre que le comportement imprudent des personnes. Je recommande donc de commencer par une évaluation de la sécurité par des professionnels afin d’avoir une idée claire du niveau de protection de son entreprise contre les cyberrisques. Avec « Managed Security », nous protégeons par exemple les réseaux d’entreprise via un pare-feu professionnel basé sur le cloud et un service antivirus. Nous proposons également des services de sauvegarde automatisés afin de permettre une restauration rapide en cas de perte de données et donc un retour rapide à l’activité opérationnelle.
Pourquoi est-il important pour une entreprise de définir d’abord ses besoins avant de développer des outils technologiques ?
Pour économiser du temps et de l’argent. Le chemin vers la numérisation est très individuel. Une image propre de la situation et une clarification préalable des propres besoins aident à considérer la numérisation dans le contexte global de l’entreprise et à pouvoir ainsi l’optimiser de manière ciblée et judicieuse.
Quel est l’impact des technologies de l’information et de la communication sur l’environnement ?
La numérisation recèle un potentiel énorme en matière de protection du climat. De nombreuses possibilités respectueuses du climat existent : nous entendons aider les clients à économiser massivement du CO2 et à apporter une contribution positive d’un million de tonnes de CO2 par an d’ici 2025, ce qui correspond à l’équivalent de 2 % du total des émissions de CO2 en Suisse. Nous souhaitons aussi atteindre la neutralité climatique sur l’ensemble de notre chaîne de création de valeur d’ici 2025. L’été dernier, Swisscom a été désignée pour la deuxième fois consécutive entreprise de télécommunications la plus durable du monde par le magazine World Finance, ce dont nous sommes particulièrement fiers.
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