préserver les espèces en sensibilisant le grand public
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France Voyage

Préserver les espèces en sensibilisant le grand public

25.09.2025
par SMA

À Pierrelatte, La Ferme aux Crocodiles n’est pas seulement un parc zoologique : c’est un véritable centre de conservation, de recherche et de sensibilisation. Créée en 1994, cette Réserve Tropicale de plus de 10 000 m² abrite l’une des plus vastes collections de crocodiliens en Europe : crocodiles du Nil, gavials, faux-gavials, caïmans, alligators – dont certains spécimens albinos uniques – mais aussi des tortues géantes, des oiseaux, des poissons tropicaux et une remarquable diversité végétale.

Un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes

La Ferme aux Crocodiles – Réserve Tropicale s’engage depuis plus de vingt ans dans la protection des espèces menacées. En 2001, elle a fondé l’association SOS Crocodiles, qui soutient de nombreux projets internationaux : la réintroduction du gavial du Gange au Népal, la protection du crocodile du Nil dans le parc W au Niger, ou encore la sauvegarde de la cistude d’Europe, une espèce locale en déclin.

Les grands reptiles sont des espèces « parapluie », explique Samuel Martin, directeur de la Ferme aux Crocodiles. « Ils jouent un rôle de locomotive pour les écosystèmes. Dans le sud-est des États-Unis, par exemple, les alligators permettent de maintenir l’équilibre des zones humides des Everglades. Ce sont des acteurs clés de la biodiversité : en éliminant les animaux les plus faibles et en nettoyant les zones marécageuses, ils préservent l’intégrité de tout un écosystème. La disparition de ces prédateurs entraîne des conséquences graves et souvent irréversibles. »

Des actions concrètes pour sauver les espèces

La Réserve Tropicale mène une double mission : préserver les espèces et soutenir la recherche scientifique. Elle accueille plusieurs reptiles rares et menacés, hors de leur habitat naturel, dans le but de favoriser leur reproduction et d’assurer la pérennité de leur lignée.

« Nous faisons de la conservation in situ et ex situ », poursuit Samuel Martin. « Notre objectif est de servir de conservatoire d’espèces. Nous travaillons avec de nombreux partenaires : gouvernements, réserves nationales, associations et fondations. J’ai moi-même participé à des projets au Bénin, aux Philippines, au Népal et dans la réserve de la Chambal dans le nord de l’Inde pour étudier et protéger le gavial. Ces collaborations permettent de multiplier les programmes de sauvegarde et de partager nos connaissances à l’échelle mondiale. »

Changer les perceptions et sensibiliser le public

Les crocodiles et autres grands reptiles souffrent encore d’une mauvaise image, souvent associée à la peur et à la prédation. Pour Samuel Martin, l’enjeu est de réconcilier le public avec ces animaux fascinants :

« Beaucoup de gens ont une appréhension naturelle, mais lorsqu’on explique le rôle écologique des crocodiles, la perception change. Par exemple, lors d’un voyage à Célèbes, j’ai rencontré des populations locales qui craignaient la présence d’un crocodile, menaçant directement le tourisme. Ce manque d’informations alimente la peur. En sensibilisant, on crée un lien émotionnel qui donne envie de protéger ces espèces. »
Pour cela, la Ferme aux Crocodiles mise sur la pédagogie : animations, conférences, expositions immersives, guides naturalistes et supports interactifs. L’objectif : rendre la science accessible et donner au grand public les clés pour comprendre les enjeux de la biodiversité.

Un réseau mondial pour la conservation

La Réserve Tropicale travaille main dans la main avec de nombreux sanctuaires et réserves internationales : le parc W au Niger, le Burkina Faso et le Bénin, mais aussi des programmes aux Galápagos pour la protection des iguanes marins et des tortues géantes. D’autres projets sont en préparation en Malaisie, à Bornéo ou encore en Équateur, pour la préservation du caïman noir.
« La coopération internationale est cruciale », conclut Samuel Martin. « La sauvegarde des reptiles et de leurs habitats dépasse largement nos frontières. C’est en partageant nos savoirs et nos ressources que nous pourrons préserver ces espèces pour les générations futures. »

Texte SMA

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