Le grand réseau suisse de trains miniatures entre dans une nouvelle ère

Kaeserberg, le musée suisse emblématique dédié aux trains miniatures, a rouvert ses portes le 28 mai après six mois de travaux. Ce lieu unique présente un impressionnant réseau ferroviaire à l’échelle 1:87 et transporte ses visiteurs dans un univers où le réalisme des maquettes se mêle à une vision nostalgique des années 90.

Aujourd’hui, le musée offre une expérience plus immersive, invitant ses visiteurs à explorer un espace modernisé, conçu pour rendre la visite à la fois ludique et interactive. Retour sur l’histoire du musée et ses rénovations.

Un rêve devenu réalité

Kaeserberg, c’est avant tout un rêve d’enfant : celui de Marc Antiglio, un Fribourgeois fasciné par l’univers des chemins de fer depuis son plus jeune âge. À six ans déjà, il s’échappait de la maison pour observer le va et vient des trains depuis le quai de la gare de Fribourg. Une fascination qui ne l’a jamais quitté, au point qu’il finit par créer un réseau ferroviaire miniature chez lui : les prémices d’un rêve appelé à s’amplifier.

C’est en 2009 que s’ouvrent les portes de Kaeserberg, un espace entièrement dédié au modélisme ferroviaire à l’échelle 1:87. Le désir de partager sa passion et d’en faire profiter les autres a conduit Marc Antiglio à se lancer dans un chantier titanesque de 17 ans, créant un réseau ferroviaire suisse tel qu’il aurait pu exister dans les années 1990. Entièrement privé, le projet est ouvert à tous ceux qui souhaitent s’immerger dans un univers miniature, façonné avec minutie.

Une Suisse des années 1990

Quand il a créé son projet, Marc Antiglio se focalise sur une décennie bien précise : les années 90, avec comme mot d’ordre le réalisme. L’ensemble de la maquette évoque une Suisse alémanique imaginaire, un vendredi d’automne, à 11 heures du matin. Le décor, baigné dans une lumière douce, dépeint une vie paisible, presque hors du temps – un tableau qui réveille la nostalgie chez de nombreux visiteurs.

Les modèles de trains qui circulent dans la maquette sont eux aussi fidèles à la période des années 1990. Beaucoup d’entre eux ne roulent plus sur les rails suisses aujourd’hui, ce qui rend la visite d’autant plus fascinante, notamment pour les plus jeunes qui découvrent un passé qu’ils n’ont pas connu. Plus de 200 trains composent la collection, tous prêts à entrer en scène, même s’ils ne roulent pas simultanément.

Vers une expérience plus immersive

Après 17 ans d’exploitation et une fréquentation en constante hausse, Kaeserberg vient d’achever d’importants travaux de rénovation. Si la maquette, cœur du projet et fruit d’autant d’années de construction, reste inchangée, l’espace d’exposition a, quant à lui, été repensé pour offrir aux visiteurs une expérience enrichie, plus immersive et interactive.

« Jusqu’à présent, les visiteurs étaient plutôt passifs : ils observaient la maquette, ce qui était déjà fascinant en soi. Mais au fil du temps, nous avons eu envie d’aller plus loin, d’offrir des clés de lecture et de rendre le parcours plus vivant », explique Nicolas Zapf, directeur du musée. Le nouveau parcours propose désormais des dispositifs didactiques qui permettent de mieux comprendre les dessous de ce monde miniature et les choix qui l’ont façonné. Une manière de répondre aux attentes d’un public fidèle et de plus en plus curieux. Ainsi, le rêve de Marc Antiglio, resté intact, s’ouvre à de nouvelles façons de le partager.

Tout un univers à repenser

La phase de rénovation de Kaeserberg n’a pas été sans défis, tant sur le plan architectural que technique. L’un des plus grands enjeux a été de repenser le grand hall en verre, un espace majestueux mais vieillissant. L’objectif était d’en faire un véritable lieu d’accueil immersif, où la visite commencerait dès l’entrée du bâtiment.

Ainsi, le bureau d’accueil a été entièrement repensé, avec des couleurs vives qui dynamisent l’atmosphère. Un magnifique panneau à palettes suspendu au-dessus crée une ambiance sonore rappelant celle d’un hall de gare, plongeant immédiatement le visiteur dans l’univers ferroviaire. Un écran de 130 pouces, placé dans le hall, propose une immersion dans l’automne des années 90. Cet écran présente des scènes et des éléments typiques de cette époque, plongeant ainsi les visiteurs dans l’atmosphère qui les guidera tout au long de la visite. Les visiteurs reçoivent également un petit billet de train cartonné à poinçonner, un geste qui marque le début de leur aventure.

Outre l’agrandissement et la rénovation du hall, l’aménagement des salles a également nécessité de nombreux ajustements. Des murs ont été abattus, de nouvelles structures ont été mises en place et des écrans interactifs ont été installés pour guider les visiteurs. Ces modifications ont exigé une réorganisation technique et architecturale de l’ensemble du musée.

Découvrir le nouveau musée

Avant même de pénétrer dans le hall, Kaeserberg joue avec les échelles pour piquer la curiosité des visiteurs. Sur l’esplanade, une véritable locomotive grisonne trône à l’échelle 1:1, grandeur nature. Un peu plus loin, un crayon géant et une gomme surdimensionnée – outils symboliques ayant servi à dessiner les plans de la maquette – surgissent à une échelle de 87:1, soit 87 fois plus grands que leurs originaux. Cette mise en scène ludique brouille les repères, intrigue, et prépare en douceur à l’univers miniature de la maquette, conçu à l’échelle 1:87.
Avant de découvrir la maquette, un film introductif de quelques minutes est projeté, racontant le rêve de Marc Antiglio et son évolution, jusqu’à la réalisation de Kaeserberg. Un film plus technique, disponible en option, permet d’explorer les coulisses de la construction de la maquette.

Une fois dans l’espace dédié à la maquette, les visiteurs peuvent observer chaque détail du paysage miniature et suivre la circulation des trains, orchestrée par un chef de gare. Chaque demi-heure, la maquette s’offre aux regards sous un nouveau jour : pendant six minutes, la nuit tombe progressivement sur le panorama. Toutes les scènes de la maquette s’illuminent alors, des maisons aux trains, en passant par l’éclairage public et les voitures. Ce changement crée une atmosphère magique et offre aux visiteurs une nouvelle façon d’apprécier le modèle.

Enfin, au sous-sol du musée, une cabine de locomotive historique accueille les visiteurs pour une immersion inédite. Grâce à un simulateur de conduite, chacun peut prendre les commandes de la machine, accompagné par d’anciens mécaniciens. Ces derniers expliquent le fonctionnement de la locomotive, partagent leur vécu et accompagnent les participants dans cette expérience authentique. Kaeserberg réussit ainsi à mêler apprentissage et amusement, tout en permettant aux visiteurs de plonger au cœur de l’univers ferroviaire.

(Re)-découvrir le musée

Les rénovations sont aussi une manière de remercier les visiteurs déjà venus en leur offrant une nouvelle manière de découvrir le monde du modélisme ferroviaire. L’objectif est d’enrichir l’expérience de ceux qui reviennent en leur proposant un parcours interactif et plus immersif, mais aussi d’attirer de nouveaux visiteurs, notamment ceux qui ne connaissent pas encore le modélisme ferroviaire. En repensant l’espace et l’expérience de visite, Kaeserberg cherche à dévoiler son univers sous un nouveau jour, tout en préservant l’authenticité qui fait sa singularité.

Un musée en évolution

En restant figé dans les années 90, Kaeserberg devient progressivement un lieu de mémoire, où l’histoire du ferroviaire se cristallise. Pour rester pertinent et attirer de nouveaux visiteurs, le musée sait qu’il doit constamment innover. Une partie de la maquette est d’ailleurs toujours en construction : l’ajout d’une zone montagneuse étant actuellement en cours. Cette évolution permettra aux visiteurs de revenir régulièrement et de découvrir les avancées du projet.

En plus de son rôle de musée, Kaeserberg propose aussi ses espaces pour des événements privés, comme des sorties en famille ou des séminaires d’entreprise. Les visiteurs peuvent ainsi organiser des anniversaires ou des événements sur mesure. Ces services, qui combinent l’expérience de la maquette avec des moments conviviaux, rencontrent un franc succès et ajoutent une dimension supplémentaire à l’offre du musée.