À la tête de la Cave de l’Orlaya à Fully depuis bientôt dix ans, Mathilde Roux trace son chemin dans un milieu encore très masculin. Avec détermination, elle a imposé son style : des vins authentiques, portés par un engagement fort en faveur de la biodiversité et du terroir. Alors qu’elle s’apprête à célébrer son dixième millésime les 21 et 22 juin prochains, la vigneronne-encaveuse revient sur son histoire et ses ambitions pour l’avenir.

Mathilde Roux
Viticultrice & Œnologue
Mathilde Roux, quels défis avez-vous rencontrés en tant que femme vigneronne-encaveuse et comment avez-vous su imposer votre vision ?
Il a fallu prouver que j’étais compétente. Au début de la reprise de mon exploitation viticole, j’étais très observée. Avec le temps, j’ai appris à naviguer plus sereinement dans cet univers. Je ne sais pas si j’ai imposé ma vision, mais avec les résultats obtenus, je me sens aujourd’hui moins jugée et surtout plus en confiance dans mes choix.
Votre engagement en faveur de la viticulture biologique, notamment sur les coteaux, implique des choix exigeants. Quelles sont les principales contraintes et les bénéfices que vous observez sur vos vignes et vos vins ?
C’est beaucoup de travail manuel, avec des risques plus élevés de perte de récolte. La marge d’erreur, surtout au printemps, est vraiment très faible. Mais en retour, je travaille dans un environnement bien plus sain, avec une biodiversité dans les vignes qui est remarquable et indispensable pour moi. Et ça se ressent dans les vins, qui ont gagné en authenticité et en fraîcheur.
Vous mettez un point d´honneur à travailler avec des cépages autochtones. Quelles variétés privilégiez-vous et en quoi ces cépages reflètent-ils votre philosophie du vin ?
La Petite Arvine ! À Fully, nous avons un terroir unique : le granit. Cette roche-mère apporte plus de tension et de salinité au vin. J’aime aussi beaucoup le Cornalin et la Syrah, sans doute en lien avec mes origines dans les Côtes du Rhône Sud. Je cherche toujours à produire des vins mûrs, mais avec une belle buvabilité. Pour les rouges, mon objectif est d’élaborer des vins qui offrent un vrai potentiel de garde et d’évolution dans le temps.
Cette année marque votre dixième millésime, une étape clé dans votre parcours. Comment avez-vous vu évoluer votre domaine et que souhaitez-vous célébrer lors des événements des 21 et 22 juin à Fully ?
Il y a eu tellement d’étapes, de joies et de difficultés… Je suis fière d’avoir obtenu la certification Bio Bourgeon, d’avoir prolongé l’élevage de mes vins, et d’avoir à mes côtés une équipe de plus en plus engagée, pour ne citer que quelques exemples. Pour mon dixième millésime, j’aimerais organiser un week-end de fête, avec des animations, des concours, des cadeaux, un concert du groupe Anach Cuan, un brunch le dimanche, et plein d’autres surprises pour mes clients et tous ceux qui souhaiteraient venir découvrir mon univers.
Quels sont vos projets et ambitions pour la Cave de l’Orlaya dans les années à venir ?
Faire progresser sans cesse la qualité de mes vins, c’est ma priorité. J’aimerais aussi réduire légèrement le nombre de cépages que je travaille, pour affiner encore l’adéquation entre le sol et la vigne. J’aime partager cette passion avec mes clients, et je tiens à préserver ces moments d’échange. Mais ce que j’espère par-dessus tout, c’est garder l’esprit ouvert aux évolutions et aux belles opportunités que la vie peut offrir !
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