Nicole Kidman travaille beaucoup. Par passion, et parce qu’elle souhaite découvrir de nouveaux talents, en particulier féminins. L’actrice australienne crée des projets et se lance sans cesse de nouveaux défis.
Dire que les femmes ne sont plus sollicitées à Hollywood passé un certain âge n’a jamais été vrai pour Nicole Kidman. Déjà à 40 ans, elle échappait à cette règle, et à 57 ans, elle continue de le prouver. Depuis que Tom Cruise l’a fait venir d’Australie à Hollywood en 1990 pour le film Jours de tonnerre, sa carrière n’a jamais connu de pause. Ces derniers mois, elle est apparue dans trois séries sur trois plateformes différentes : une mère dont l’enfant disparaît à Hong Kong dans Expats (Prime Video), la matriarche d’une famille huppée impliquée dans une enquête criminelle après un mariage sur la plage dans The Perfect Couple (Netflix), et la cheffe d’une unité féminine antiterroriste de la CIA dans Lioness (Paramount+).
En parallèle, elle choisit des rôles au cinéma qui mettent au centre la sexualité des femmes d’âge mûr. Dans la comédie romantique A Family Affair, elle incarne une romancière veuve qui tombe amoureuse d’un acteur bien plus jeune, ancien patron de sa fille. Dans le thriller érotique Babygirl, elle inverse les rapports de force en jouant une PDG qui se laisse dominer par son stagiaire dans une relation secrète teintée de sadomasochisme. Mais pour Nicole Kidman, ces projets vont bien au-delà de la sexualité : « Il est question de désir, de pensées intimes, de secrets, de mariage, de vérité, de pouvoir et de consentement », explique-t-elle lors d’une conférence de presse à Venise, où Babygirl a été présenté en avant-première l’été dernier. « C’est l’histoire d’une femme – j’espère qu’elle sera libératrice. Et cette histoire est racontée à travers le regard d’une femme, la réalisatrice et scénariste Halina Reijn. C’est ce qui a rendu ce projet unique pour moi. »
C’est précisément l’objectif que Nicole Kidman s’est fixé il y a quelques années : confier les histoires à des femmes. À l’époque où le mouvement #TimesUp battait son plein et où les femmes réclamaient une meilleure représentation dans l’industrie du cinéma, elle a pris la décision de travailler en priorité avec des réalisatrices et des scénaristes : « J’ai voulu mettre mon influence au service des femmes, pour rééquilibrer la proportion hommes-femmes dans le milieu », affirme Kidman, qui n’a pas hésité à demander combien de films réalisés par des femmes étaient en compétition à Venise. Sur 21 films, elles n’étaient que cinq. « On est en train de changer ça », affirme-t-elle fermement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au cours des huit dernières années, Nicole Kidman a tourné avec 19 réalisatrices. Un chiffre impressionnant, d’autant plus que la pandémie, puis les grèves des scénaristes et des acteurs, ont fortement réduit les tournages ces dernières années.
Son emploi du temps chargé n’a pas seulement pour but de promouvoir les femmes, mais aussi de créer des opportunités pour les jeunes talents : « Je peux générer du travail et soutenir des talents émergents », confiait-elle à Variety l’automne dernier. La présence de Nicole Kidman dans un casting ou dans la phase de développement d’un scénario facilite considérablement la concrétisation de projets portés par des cinéastes moins connus. Babygirl, réalisé par la Néerlandaise Halina Reijn, en est un parfait exemple. Le rôle qu’elle y tient n’a rien d’un confort de star : il lui demande un engagement total, physique et psychologique. « Je veux explorer les femmes à l’écran dans toutes leurs facettes », dit-elle. « Je me livre entièrement à un rôle, à une histoire, à une réalisatrice ou à un réalisateur. C’est pourquoi il est crucial que je me sente en sécurité. J’y mets tout mon être, toute mon ouverture. » Elle a toujours procédé ainsi et ne saurait faire autrement : « Je ne peux pas me lancer dans un projet en essayant constamment de me protéger. Mais je savais qu’Halina ne me trahirait pas. Peu importe la façon dont les gens interpréteront le film, moi, je ne me suis jamais sentie exploitée. Tout était sincère, respectueux et vrai. C’est seulement maintenant, alors que le film sort dans le monde, que je ressens une certaine nervosité, une forme de vulnérabilité. »
Si les femmes restent sous-représentées à Hollywood, c’est selon Kidman parce qu’elles n’ont souvent pas le droit à l’échec. Quand les hommes peuvent bénéficier d’une deuxième ou troisième chance, les femmes, elles, voient leur carrière freinée dès le premier revers : « Le talent se développe pas à pas et demande de la patience. J’ai eu la chance de recevoir ces opportunités, encore aujourd’hui », déclarait-elle au Time Magazine, qui l’a récemment nommée parmi les « Femmes de l’année 2025 ».
Une virtuose des émotions
La première chance de Nicole Kidman est arrivée très tôt : elle commence le ballet à trois ans et obtient ses premiers rôles à la télévision australienne dès l’adolescence. Elle possède la double nationalité américano-australienne : ses parents, un biochimiste et une infirmière formatrice, vivaient à Hawaï lorsqu’elle est née en 1967.
À 17 ans, elle met sa carrière entre parenthèses pour soutenir sa mère, atteinte d’un cancer du sein. Une fois sa mère remise, elle reprend son envol au sein de l’Australian Theatre for Young People à Sydney et décroche rapidement des rôles dans des productions locales. En 1989, elle connaît un succès international avec Calme blanc, de Phillip Noyce. Aux côtés de Sam Neill, elle y joue une femme confrontée à un naufragé psychopathe qui sème la terreur sur leur bateau. Tom Cruise, impressionné par sa performance, la veut comme partenaire dans son prochain film, Jours de tonnerre. Leur collaboration devient personnelle : ils se marient à Noël 1990 et restent ensemble pendant dix ans.
Jours de tonnerre n’a pas été un immense succès, pas plus que Billy Bathgate avec Dustin Hoffman ou Horizons lointains, à nouveau avec Cruise. Mais, comme elle le souligne, on lui a toujours laissé sa chance, et elle a fini par s’imposer. Aujourd’hui, Nicole Kidman compte six nominations aux Oscars et une statuette, remportée en 2003 pour son interprétation de Virginia Woolf dans The Hours.
On mesure à quel point ses rôles la touchent lorsqu’on repense au tournage du film Australia. Une scène, où son personnage se voit arracher un enfant, l’a profondément bouleversée, au point de rester secouée bien après la fin de la prise. Pour l’apaiser, l’équipe lui avait alors apporté un bébé kangourou à câliner. « Heureusement, j’ai Keith, un mari qui comprend le processus artistique et me laisse l’espace nécessaire », confiait-elle en 2019, lors de la promotion de Destroyer, évoquant le soutien indéfectible du chanteur country Keith Urban. « Nos enfants savent qu’ils ont une mère actrice, capable d’explorer des émotions fortes dans son travail. Et s’ils ont des questions, je prends toujours le temps d’y répondre. »

« Big Little Lies » est récompensée aux Golden Globes 2018 comme meilleure mini-série et Nicole Kidman comme meilleure actrice. Le hit avec Laura Dern, Nicole Kidman, Zoë Kravitz, Reese Witherspoon et Shailene Woodley (de gauche à droite) sera ensuite développé en série. Image : ©HFPA
Nicole Kidman et Keith Urban sont mariés depuis 2006, vivent à Nashville et ont deux filles, âgées aujourd’hui de 16 et 14 ans. Les deux enfants qu’elle a adoptés avec Tom Cruise, aujourd’hui dans la trentaine, apparaissent rarement en public avec leurs parents. D’ordinaire très ouverte, Kidman refuse d’aborder ce sujet pour ne pas mettre en péril la relation avec la communauté scientologue de son ex-mari. Elle a déclaré un jour qu’elle donnerait sa vie pour ses enfants. Ils sont sa raison d’être. Ce qui ne l’empêche pas de nourrir une véritable passion pour son métier : « Le jeu d’actrice est ma grande passion. Je suis née pour ça », affirme-t-elle.
Contrairement à certaines de ses consœurs, elle n’éprouve pas le besoin de passer à la réalisation. En revanche, elle s’investit de plus en plus en tant que productrice : « Cela a commencé avec Rabbit Hole, à une époque où les rôles proposés me frustraient. Depuis, j’ai co-produit la série Big Little Lies avec Reese Witherspoon. Ce succès m’a donné de l’assurance en tant que productrice. » Elle a ensuite acquis les droits de Nine Perfect Strangers, le roman de Liane Moriarty, autrice de Big Little Lies. Le personnage principal, la directrice russe d’un centre de bien-être, avait été pensé pour Kidman. « Je lui ai promis qu’on adapterait son livre en mini-série ou en film. » Promesse tenue : la série est disponible depuis 2021 sur Hulu et Disney+.
La très attendue troisième saison de Big Little Lies devrait enfin voir le jour en 2026. Mais d’ici là, Nicole Kidman ne reste pas inactive. Tout récemment, elle s’est rendue à Austin, au festival SXSW, pour présenter son nouveau film, Holland. Dans ce thriller psychologique à l’esthétique soignée, elle incarne une femme installée dans une banlieue entourée de champs de tulipes, rongée par le soupçon d’infidélité de son mari. Le film sera disponible fin mars sur Prime Video. Et, fidèle à son engagement, c’est encore une femme, Mimi Cave, qui signe la réalisation.
Image d’en-tête ©HFPA
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