Le rôle clé des sciences humaines
Valoriser les femmes à travers l’entrepreneuriat est l’un des axes majeurs du développement du féminisme dans le monde de l’entreprise. Catherine Malaval dirige le premier réseau féminin de Business Angels en France, Femmes Business Angels (FBA), présent à Paris, Marseille, Bordeaux, Caen, Lille et Rennes. FBA réunit 170 femmes qui investissent individuellement et accompagnent des startups en phase de démarrage ou de développement, portées par des femmes ou par des hommes. Les investisseuses de FBA s’intéressent à un large éventail d’activités et de secteurs afin de favoriser l’émergence d’entreprises innovantes et à fort potentiel. Catherine Malaval, docteure en histoire et elle-même cheffe d’entreprise, partage avec nous ses impressions, avec un regard à la fois bienveillant et lucide sur la place des femmes dans l’entrepreneuriat.

Catherine Malaval
Docteur en histoire
Présidente de Neotopics et Présidente de Femmes Business Angels
Les sciences humaines, un tremplin inattendu vers l’entrepreneuriat ?
On entend encore trop souvent que les femmes sont surreprésentées dans les sciences humaines et sous-représentées dans la tech ou la finance, comme si ces derniers domaines constituaient l’unique voie vers l’entrepreneuriat. Pourtant, ces expertises ne détiennent pas seules les clés de la création de valeur. Concevoir une application, entraîner une intelligence artificielle ou décrypter des données de marché suppose une lecture fine de la société et des comportements humains.
Autant de savoirs issus des sciences humaines, devenus aujourd’hui indispensables, y compris dans les secteurs technologiques et financiers. Ce sont des points de départ vers l’entrepreneuriat encore trop peu explorés, notamment par les femmes, alors même que la rencontre des savoirs, des salons des Lumières aux startups d’aujourd’hui, a toujours nourri l’innovation.
Pourquoi est-il si important que davantage de femmes entreprennent ?
Les bénéfices de l’entrepreneuriat dépassent largement la simple question du chiffre d’affaires. Les femmes elles-mêmes sous-estiment parfois la portée émancipatrice de l’entrepreneuriat. Les études montrent également qu’elles privilégient souvent l’épargne à l’investissement. Certes, entreprendre et investir comportent des risques, mais ces choix ouvrent aussi de nouveaux horizons, pour soi et pour les générations futures.
Plus de femmes qui créent ou financent des entreprises, c’est aussi plus de femmes là où se prennent les décisions et où se construit l’économie de demain. Entreprendre, c’est offrir aux femmes une opportunité de contribuer pleinement, de porter leur voix et leur vision dans les sphères économiques et sociétales.
Que diriez-vous aux femmes qui hésitent encore ?
Dans la vie comme dans l’entrepreneuriat, aucun chemin n’est tracé à l’avance. Je n’étais pas prédestinée à créer une entreprise. Il ne faut pas attendre d’avoir une offre ou des résultats parfaitement établis pour solliciter des clients ou des investisseurs. Un modèle d’affaires se clarifie aussi en chemin.
Ce qu’il faut, c’est une conviction forte, pas des certitudes absolues. Il est aussi essentiel d’accepter que l’essentiel se construit dans la durée, en choisissant avec soin ses investisseurs et ses partenaires.
Pour conclure, l’entrepreneuriat n’est pas une voie réservée, ni une science exacte. C’est un terrain d’apprentissage et de liberté qui mérite d’être investi par davantage de femmes. Les sciences humaines, souvent perçues comme éloignées du monde économique, sont en réalité des atouts précieux pour comprendre, innover et entreprendre. Porter ces compétences, oser les transformer en projets, c’est aussi contribuer à un entrepreneuriat plus divers, plus riche et plus durable.
Laisser un commentaire