En seulement quelques jours, il est entré dans le top dix des films actuels les plus regardés sur Netflix. Il s’agit de 7. Koğuştaki mucize, un film turc réalisé par Mehmet Ada Öztekin en 2019, inspiré du film coréen Miracle in Cell No. 7 et diffusé sur Netflix dès le 13 mars 2020. Depuis sa sortie, cette œuvre cinématographique ne cesse d’émouvoir les spectateurs. Mais pour quelles raisons? Attention, spoilers.
Bande annonce – Version originale, sous-titrée anglais
Cette réponse est bien évidemment personnelle car chacun réagit à sa manière face à un film, surtout s’il s’agit d’un drame. Néanmoins, il est intéressant de comprendre quels sont les éléments de l’histoire qui provoquent une réaction émotive. Incarné par l’acteur turc Aras Bulut Iynemli, Memo est un père veuf, atteint d’un handicap mental et accusé à tort du meurtre d’une enfant, la fille du commandant de la loi martiale. Emprisonné, il souffre de l’absence de sa fille Ova et doit faire face à des épisodes de violence et d’injustice tout en prouvant qu’il est un homme bien.
La mise en évidence de la différence
Dans son drame, Mehmet Ada Öztekin met en scène, le personnage principal, dans la figure d’un jeune père qui s’occupe de sa fille Ova. Très vite, on apprend que Memo souffre d’un handicap mental qui, pour les habitants du village et, surtout, pour les enfants, en fait un homme «différent» et un «fou». À travers le personnage de Memo, le réalisateur souligne donc le thème de la diversité et du handicap et apporte une vision réaliste de ce que la société fait aux personnes «différentes».
Tout au long du film, la mise en évidence de la différence s’accroît tout comme les réactions des autres personnages envers Memo et son handicap. Les évènements font grandir le personnage principal qui passe d’une vie simple et enfantine avec sa fille à celle d’un homme accusé de meurtre. En effet, avant son emprisonnement, Memo vivait la vie d’un enfant. C’est ce que souligne Mamie, la grand-mère de Memo, lorsqu’elle explique à Ova que son père n’est pas différent ou fou, il a simplement le même âge qu’elle. Suite à l’accident qui mène à la mort de la fille du capitaine, alors qu’aux yeux de certains, Memo devient un meurtrier, pour ses proches, il est innocent et un homme bien. Il n’est donc plus un enfant.
L’inertie de Memo face aux violences
Cette transition dans le film permet également l’intensification des violences subies par Memo. Si au début il n’était insulté que verbalement par des enfants qui le croyaient «fou», avant et pendant son emprisonnement, les insultes qui lui sont adressées s’aggravent et Memo devient aussi victime de violences physiques atroces.
Ce qui choque, révolte et émeut le spectateur, n’est pas tant la mise en évidence de la diversité de Memo mais plutôt le lien entre le handicap du personnage et son inertie face à tous les types de violences subies. En effet, l’innocence et la passivité de Memo face aux insultes et aux coups qui lui sont destinés accentuent encore plus le traitement irrespectueux que les personnes lui réservent. Ceci est directement lié au handicap de Memo et c’est cette corrélation qui mène à ressentir un sentiment d’injustice qui est intriqué au thème de la différence et qui est développé, tout au long du film, sous plusieurs aspects.
Le sentiment d’injustice
Le handicap de Memo, aux yeux des autres personnages, fait de lui un homme faible, autant mentalement que physiquement. Cette faiblesse est opposée au pouvoir du commandant de la loi martiale, à celui des gardes et des autres prisonniers. Cette opposition est due à l’état mental du personnage principal. C’est aussi une raison pour laquelle les spectateurs éprouvent un sentiment d’injustice à l’égard de la situation qu’il traverse. Memo est traité différemment et injustement, ceci non pas pour ses actions, mais parce qu’il est atteint d’un handicap mental.
L’état d’impuissance
Un autre élément émouvant du film concerne justement les prisonniers. Peu à peu, ces derniers se convainquent de l’innocence de Memo qui se montre incapable de faire du mal.
Encore une fois, l’opposition entre le pouvoir politique du capitaine et la faiblesse de Memo émeut le spectateur. Memo ne peut se sauver et il est donc impuissant face à son destin. Sa mort est donc certaine.
Cet état d’impuissance s’applique alors aussi aux prisonniers qui se rendent compte qu’ils sont incapables de sauver leur compagnon de chambre. Cette impuissance émeut également le spectateur qui, omniscient, sait que Memo doit être sauvé puisqu’il s’agit d’un «homme bien».
L’innocence de l’enfance
Parce que son handicap en fait aussi un peu un enfant et, littéralement, parce qu’il n’a pas commis de meurtre, Memo est également innocent. Cela est notamment mis en évidence lors de la visite de sa fille en prison. L’homme, innocemment, ne peut se retenir d’avouer au directeur du pénitentiaire que sa fille se cache sous son lit.
Il est juste différent. Tu sais pourquoi? Ton papa a le même âge que toi! – Mamie, 7. Koğuştaki mucize
Une autre signe d’innocence enfantine transparaît lorsqu’Ova croit ce qu’un des prisonniers lui raconte. Elle ne se trouve pas dans une prison mais dans un hôpital où tout le monde est malade. Curieuse, elle demande alors à tous les prisonniers quelle est leur maladie. L’innocence et la bonté de cœur d’Ova touchent les hommes qui s’engagent alors, plus qu’avant, dans la quête d’une échappatoire à la mort de leur ami.
L’opposition entre la violence du monde adulte et l’innocence de l’enfance accentue les émotions que provoque le film. Ceci, notamment lorsque la petite fille croit le directeur du pénitentiaire qui, pour la rassurer, lui promet que son père la rejoindra sans plus attendre.
Sa trame, ses acteurs, ses musiques mais aussi ces quelques éléments que nous avons mis en évidence, ont fait émouvoir la plupart des gens qui ont regardé 7. Koğuştaki mucize. Et vous, avez-vous été affecté par ce film?
Texte Andrea Tarantini
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