Avec sa société, Édouard Clerc s’est imposé comme un acteur incontournable de l’investissement immobilier en Suisse romande. Fondateur d’Inved SA, il accompagne les investisseurs grâce à une expertise pointue et une plateforme technologique innovante. Dans cette interview, il revient sur son parcours atypique, les défis du marché immobilier suisse et les ambitions de sa société en pleine croissance.
Édouard Clerc, quel a été votre parcours ?
J’ai tout d’abord étudié le génie électrique. J’appréciais beaucoup les cours, mais je n’étais pas convaincu par la carrière professionnelle qui m’attendait. J’ai alors cherché de nouvelles opportunités, et c’est par hasard que je me suis retrouvé dans l’immobilier. J’ai débuté par un stage d’une journée, qui est devenu une semaine, puis trois mois, et qui s’est finalement transformé en engagement à durée indéterminée.
J’ai donc fait mes premiers pas dans l’immobilier en 2018, en courtage spécialisé dans la résidence secondaire. Cependant, je savais que je n’allais pas faire du courtage toute ma vie. Le métier est passionnant, mais il est mal pratiqué. Selon moi, le milieu compte trop d’acteurs qui ne s’intéressent pas réellement à l’immobilier, leur objectif étant avant tout pécuniaire.
C’est pourquoi je me suis orienté vers le brevet d’expert en estimation immobilière. J’ai commencé la formation en novembre 2020 et je l’ai terminée le 1er juin 2022. Je souhaitais lancer mon activité juste après.
Issu d’une génération marquée par le développement de YouTube, je voyais de nombreux créateurs fédérer des communautés et réussir à les monétiser. Cela représentait pour moi la seule manière de trouver des clients. Dès juillet 2022, soit un mois après l’obtention de mon diplôme, j’ai commencé à publier trois vidéos par jour sur les réseaux sociaux. Je comptais continuer jusqu’à ce que cela fonctionne. Quelques mois après, j’ai eu ma première estimation immobilière, validant ainsi ma démarche. J’ai continué de la même façon, jusqu’à trouver un produit qui marche.
Finalement, j’ai lancé Inved SA fin 2022. Avec un bureau à Sion et un autre à Vevey, nous sommes aujourd’hui 14 personnes à travailler dans la société. L’équipe est notamment composée de quatre experts titulaires d’un brevet fédéral en évaluation immobilière et de deux développeurs informatiques. Nous accueillerons de nouveaux collaborateurs très prochainement.
Quels sont les principaux services proposés par Inved ?
Nous réalisons des expertises économiques et du conseil en matière immobilière pour les investisseurs de Suisse romande.
Pour ce faire, nous avons créé une plateforme baptisée Inview. Elle nous offre la possibilité d’identifier des opportunités et d’élaborer des plans financiers. Grâce à cet outil, nous sélectionnons et analysons les biens avant de les proposer aux clients, qui peuvent ainsi investir en toute confiance, avec un objectif prioritaire de rentabilité.
Ainsi, les clients qui viennent nous voir cherchent avant tout à sécuriser leur capital en investissant dans l’immobilier, mais ne savent pas toujours par où commencer. En plus de la recherche et des analyses de biens, nous préparons également le dossier de financement et pouvons même visiter le bien en leur nom si nécessaire. Notre objectif est de rendre le processus d’investissement aussi fluide et efficace que possible.
Nous opérons principalement sur le marché B2C. Nos clients sont des personnes de tous âges. Parmi eux, deux tiers sont des propriétaires. Leurs fonds propres oscillent quant à eux entre 100 000 et quatre millions de francs suisses.
Enfin, si nous accompagnons surtout des personnes qui souhaitent investir, nous conseillons également celles et ceux qui souhaitent acheter leur résidence principale.
Notre objectif est de rendre le processus d’investissement aussi fluide et efficace que possible.
Quelle est la situation du marché immobilier suisse ?
Les prix devraient poursuivre leur progression. Cette hausse s’explique par de nombreux facteurs, tels que la hausse des taux d’intérêt, la demande et l’état de l’offre sur le marché. Actuellement, cette dernière se raréfie, car on ne construit plus assez. Le directeur de l’Office fédéral du logement, Martin Tschirren, anticipe un manque de construction de 5000 à 10 000 logements par an en Suisse sur les cinq prochaines années.
Les prix sont également influencés par la surface habitable par personne, c’est-à-dire le nombre de mètres carrés nécessaires à chacun pour vivre. En 1970, cette surface était de 27 m², alors qu’aujourd’hui, elle atteint 47 m². Cette augmentation s’explique par la diminution du nombre moyen d’habitants par ménage au fil du temps.
La surface de terrain constructible par habitant a, pour sa part, diminué : en 2012, elle était de 309 m² ; aujourd’hui, elle est inférieure à 280 m².
La fluctuation des prix s’explique aussi par les aspects juridiques et législatifs. La loi sur les résidences secondaires en station de ski a ainsi fortement influencé les prix. Entre 2012 et 2020, ceux-ci ont d’abord baissé, avant d’exploser avec le Covid. Cela signifie qu’il n’y a plus de terrains disponibles dans les stations de ski, alors que la demande reste élevée.
Enfin, la dernière influence est politique. L’un des atouts de la Suisse réside dans son système politique, mis en place en 1948, véritable horlogerie de précision. Bien que peu de personnes parviennent à en expliquer le fonctionnement, il constitue un véritable succès. L’absence d’une influence excessive de la droite ou de la gauche garantit la stabilité du pays.
Aujourd’hui, quand on regarde tous ces éléments, on remarque que tous les voyants sont au vert pour l’investissement en Suisse. En effet, même si les taux d’intérêt ont été multipliés par trois en 2023, les prix de l’immobilier ont quand même augmenté.
Quelles sont les problématiques que rencontrent les investisseurs immobiliers ?
Avant de venir nous voir, beaucoup de personnes ont peur de se tromper et d’acheter la mauvaise opportunité. Après tout, il s’agit de leur épargne, qu’elles ont réussi à mettre de côté pendant des années. Cet investissement est donc très important, et elles en auront besoin à l’avenir.
Pour les personnes qui sont déjà clientes, leur problématique est de trouver un bien immobilier. Il devient en effet de plus en plus compliqué d’en dénicher un, et on ne s’en aperçoit souvent qu’une fois la démarche entamée. C’est pourquoi, grâce à notre plateforme, nous les cherchons pour eux.
Pouvez-vous détailler les fonctions de cette plateforme ?
Avec Inview, nous avons voulu reprendre ce qui se fait chez les professionnels de l’immobilier, tout en l’adaptant aux petits investisseurs.
Pour ce faire, nous avons beaucoup investi dans la technologie. Grâce à un petit questionnaire, le client crée son profil d’investissement, puis prend rendez-vous avec un expert immobilier qui va clarifier la stratégie d’investissement. Ensuite, un expert fiscal diplômé se charge d’établir la structure juridique, avant qu’un expert en financement ne s’occupe du prêt bancaire.
Tout cela est possible grâce à plusieurs fonctions, telles qu’un calendrier qui permet de prendre des rendez-vous plus facilement et un chat qui relie les clients aux experts.
Il est également possible de saisir ses critères, tels que la surface de l’appartement, le quartier, le nombre de pièces, l’étage. Ces éléments nous permettent d’établir un plan financier, c’est-à-dire de déterminer le prix d’achat maximum du bien, le rendement qu’il va générer, la qualité de son emplacement, l’état du bien aujourd’hui, à quel prix il pourra être loué, la somme que la banque accepte de prêter, les fonds qu’il faut injecter, le prix du mètre carré dans la région, etc.
Avez-vous de nouveaux projets au sein d’Inved ?
Nos services prennent un virage décisif. Cela fait trois ans que j’accompagne des gens pour les aider à investir, une période qui m’a aidé à identifier toutes leurs problématiques. J’ai récolté tellement de données que nous pouvons aujourd’hui développer notre plateforme pour répondre au mieux aux besoins des clients. L’année 2026 s’annonce donc très prometteuse.
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