Face au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité, l’aménagement paysager joue un rôle central dans la transformation des territoires. Désimperméabiliser les sols, gérer durablement l’eau, redonner une place à la nature dans les villes : autant de défis que les collectivités et les professionnels du paysage s’efforcent de relever en France.

Thierry Muller
Président, QualiPaysage
Longtemps cantonné à un rôle décoratif, le paysage est désormais perçu comme un outil d’adaptation et de résilience. « Nos métiers répondent à de nombreux enjeux : préserver la biodiversité, gérer l’eau et lutter contre les îlots de chaleur en milieu urbain. Nous devons être à la hauteur de ces attentes », observe Thierry Muller, président de QualiPaysage, l’organisme paritaire de référence dans la qualification des entreprises du secteur.
Les projets de désimperméabilisation et de reconstitution de sols fertiles se multiplient : cours d’école, zones piétonnes ou parkings sont repensés pour laisser l’eau s’infiltrer naturellement et réalimenter les nappes phréatiques en les filtrant préalablement de tous les polluants de surface. « Ces opérations sont souvent soutenues par les agences de l’eau, car elles permettent d’anticiper les risques d’inondation grâce aux services écosystémiques rendu par un sol vivant », explique Thierry Muller.
Des villes plus vertes et plus vivables
Cette transformation touche désormais toutes les échelles : des grands parcs urbains aux aménagements de proximité comme les squares ou les bords de route. Les communes intègrent de plus en plus la végétation comme élément d’équilibre et de santé publique. À Belleville-en-Beaujolais, par exemple, un projet global d’aménagement a permis de concilier biodiversité, espace public piétonnisé, apaisé et qualité de vie des habitants. « Les mentalités évoluent : le tout-voiture a fait beaucoup de dégâts. Aujourd’hui, on accepte davantage de compromis pour redonner de la place à la nature dans la ville », constate Thierry Muller.
Des professionnels formés et encadrés
Pour garantir la qualité et la durabilité de ces aménagements, la profession mise sur la qualification et la formation. Les entreprises labellisées doivent prouver leurs compétences techniques, leur engagement environnemental et la qualité de leurs réalisations. « L’écologie est une science : elle doit s’intégrer dans la conception et la mise en œuvre de tous les projets d’aménagement », rappelle le président de QualiPaysage.
L’organisation travaille actuellement une nouvelle qualification, « QualiJardin », destiné à encadrer et valoriser les professionnels intervenant chez les particuliers. Les professionnels paysagistes et jardiniers s’imposent naturellement comme des acteurs clefs dans la préservation de la biodiversité et par leur rôle de conseil, notamment avec l’adaptation aux nouveaux enjeux climatiques. « Cette nouvelle qualification permettra à chacun de faire appel à des entreprises formées, assurées et reconnues pour la qualité de leur travail », précise Thierry Muller. Cette démarche vise à instaurer une relation de confiance entre les particuliers et les professionnels, tout en favorisant des pratiques vertueuses dans l’entretien et la création des jardins privés.
Un métier au service du vivant
L’aménagement paysager s’impose aujourd’hui comme un champ d’innovation et de responsabilité. Mélanges terre-pierre, reconstitution de sols fertiles, infiltration naturelle des eaux pluviales ou végétalisation des surfaces minérales témoignent de cette évolution. L’avenir du paysage repose sur une approche collective, mobilisant urbanistes, écologues, collectivités, entreprises et citoyens autour d’un même objectif : concevoir des espaces durables, résilients et agréables à vivre. « Nous entrons dans une ère où l’aménagement du territoire ne peut plus se penser sans une vision écologique et sociale du paysage », conclut Thierry Muller. Des rues végétalisées aux jardins repensés, c’est désormais tout un cadre de vie qui devient un terrain d’action pour la transition écologique, basée sur l’incontournable pilier des stratégies de résilience offertes par des sols urbains vivants.
Texte Alix Senault
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