Le SVIT Romandie met à profit son expertise du marché immobilier suisse tout en travaillant également à la valorisation des métiers liés à l’économie immobilière, à l’intégration de jeunes professionnels et à la représentation des intérêts économiques et politiques de la branche immobilière.
L’association SVIT Romandie représente plus de 350 membres affiliés. Quel est son rôle dans le secteur immobilier romand ?
Le SVIT Romandie est la section romande de la principale association suisse des professionnels de l’économie immobilière, regroupant plus de 2 500 membres à l’échelle suisse. Notre action est triple : premièrement, défendre les intérêts de la branche ; deuxièmement, promouvoir la formation continue, notamment par le biais de notre école, la SVIT School, ainsi que les bonnes pratiques ; et troisièmement, favoriser les échanges entre professionnels.
Quel est votre ressenti concernant les dynamiques du marché immobilier actuel ?
Il n’y a pas un seul marché immobilier, mais une multitude de réalités différentes selon que l’on se concentre sur l’immobilier résidentiel, commercial, industriel ou encore hôtelier. De même, la réalité du marché du centre de Genève n’est pas du tout la même que celle de la Broye.
De manière générale toutefois, nous observons que le marché résidentiel reste encore sous tension du fait d’une pénurie croissante de logements entraînant des hausses de loyer. Il est devenu beaucoup trop complexe de développer de nouveaux logements en Suisse, ce qui impacte directement le stock de logements disponibles.
À l’inverse, le marché de l’immobilier de bureaux ainsi que le marché industriel et logistique sont aujourd’hui dans une situation d’équilibre.
Plus concrètement, est-ce le bon moment pour devenir propriétaire de son bien immobilier ?
Dans le cadre d’un objectif de détention à long terme pour usage propre, il n’y a jamais de mauvais moment pour devenir propriétaire immobilier. Tout comme en bourse, il ne faut pas tenter de « timer » le marché lorsque l’on veut devenir propriétaire à titre personnel.
Au niveau conjoncturel, les taux sont effectivement plus élevés que pendant la période exceptionnelle des taux négatifs, mais restent faibles en comparaison historique.
Concernant le projet de votation sur l’abolition de la valeur locative, quelles en seraient les conséquences à court et moyen terme ?
À court terme, cela allégerait la charge fiscale de certaines catégories de propriétaires occupants comme les retraités ayant amorti une grande partie de leur dette ou les propriétaires ayant acquis un logement neuf avec un faible recours à la dette. La situation n’est toutefois pas si positive pour tous les propriétaires, et chacun doit faire sa propre analyse de la situation.
À moyen terme, cela pourrait désinciter certains à investir dans la rénovation ou l’entretien, car les déductions fiscales seraient supprimées. Il faudra donc veiller à maintenir des incitations pour préserver la qualité du parc immobilier.
Très actuelle, la question de la rénovation du parc immobilier est sur le devant de la scène. Comment inciter plus directement les propriétaires à prendre des initiatives dans ce sens ?
Notre association a justement tout récemment pris position sur la révision de la loi sur l’énergie du canton de Vaud. Dans le canton de Vaud comme ailleurs, il est essentiel de simplifier les processus administratifs et de sauvegarder les programmes d’encouragement à la rénovation afin que nous puissions répondre aux objectifs ambitieux des autorités.
D’autre part, il faut pouvoir optimiser les mécanismes d’adaptation des loyers lorsqu’un gain est réel pour le locataire, afin de financer partiellement la rénovation.
À moyen terme, cela pourrait désinciter certains à investir dans la rénovation ou l’entretien, car les déductions fiscales seraient supprimées. Il faudra donc veiller à maintenir des incitations pour préserver la qualité du parc immobilier.
La résilience environnementale et la transition énergétique dans le parc immobilier sont des clés pour s’adapter aux mutations climatiques à venir. Comment les intégrer de manière systématique ?
Ceci passera inévitablement par une meilleure coordination et hiérarchisation des priorités au sein des pouvoirs publics, mais aussi par l’adoption d’une vision d’ensemble du parc immobilier avec la réalisation de conventions d’objectifs permettant de prioriser les immeubles présentant le plus fort effet de levier dans les rénovations.
La pénurie de logements est un sujet majeur en Suisse romande, mais également dans toute la Suisse. Quels seraient les leviers à mettre en place pour lutter efficacement contre cette problématique ?
Il n’y a malheureusement pas de réponse simple à cette question, de plus en plus cruciale dans le canton de Vaud et en Suisse en général. Les tables rondes organisées par les différents niveaux de gouvernement se succèdent, avec la participation active du SVIT, mais finalement, le seul moyen de réduire la pénurie et de rééquilibrer l’offre est de construire plus de logements.
Afin d’y parvenir, il faut simplifier les procédures d’autorisations et intensifier le dialogue avec les riverains des projets pour anticiper les procédures d’opposition, voire limiter les possibilités de référendum lorsqu’un projet est passé par toutes les étapes juridiques valables. Il est aussi nécessaire de poursuivre une densification intelligente du territoire, telle que votée par les citoyens dans le cadre de l’adoption de la LAT.
Quelles seraient vos préconisations et vos conseils, en tant que professionnel du secteur, pour l’achat d’un bien en vue d’un investissement dans le marché actuel ?
Quel que soit le cycle de marché, l’élément de décision fondamental pour toute décision d’investissement reste la localisation. Ce critère de localisation est cependant variable en fonction du type d’immobilier considéré (résidentiel, commercial, etc.) et il est essentiel d’appréhender pleinement les dynamiques du marché local avant de prendre une décision d’investissement.
Évidemment, le second critère essentiel est d’entreprendre une due diligence technique précise afin d’anticiper toutes les rénovations nécessaires à court et moyen terme.
Pour tout cela, mon principal conseil est de se faire accompagner par des professionnels de l’immobilier reconnus et ayant suivi les formations adéquates.
Quels sont actuellement les principaux freins à l’achat pour les primo-accédants ou pour les investisseurs ?
Il s’agit de deux problématiques très différentes.
Pour les primo-accédants, la principale contrainte est l’augmentation des prix de la propriété, entraînant une augmentation des besoins en fonds propres ainsi que de la charge financière future sur les ménages.
Pour les investisseurs en immobilier résidentiel de rendement, la principale contrainte consiste à identifier des biens adéquats à acquérir, en tenant compte des contraintes liées aux rénovations énergétiques futures. La grande majorité des investisseurs cherchent à acquérir des immeubles résidentiels neufs (ou rénovés) localisés dans les centres-villes, mais il y a peu d’immeubles de ce type en vente.
La SVIT School propose des formations destinées aux professionnels de l’immobilier. En quoi est-il nécessaire de se former continuellement dans cette profession ?
Les professionnels de l’immobilier ont un rôle essentiel afin de conseiller les propriétaires dans leurs acquisitions, rénovations et gestions immobilières. Au vu de la rapidité à laquelle évolue le marché ainsi que les diverses normes, il est impératif de se former continuellement afin d’offrir un service de qualité.
On ne s’improvise pas courtier, développeur ou encore expert technique, et les conséquences en cas de mauvais conseil peuvent être désastreuses pour le client.
La SVIT School propose donc non seulement des formations de longue haleine en vue d’obtenir les divers brevets ou diplômes liés à l’immobilier, mais aussi de la formation continue sous forme de séminaires.
Pourquoi rejoindre votre association, SVIT Romandie, en tant que professionnel indépendant ou entreprise du secteur ?
D’abord, pour rejoindre un réseau de plus de 350 membres actifs sur l’ensemble du cycle de création de valeur de l’immobilier, qui se retrouvent régulièrement puisque le SVIT Romandie organise plus de 20 événements par an. Nous avons à cœur de remplir aussi notre mission de formation, et la quasi-totalité de nos événements comprennent une partie informative (conférence) en sus de la partie réseautage.
Rejoindre le SVIT Romandie, c’est aussi bénéficier d’un label de qualité reconnu et contribuer à la défense des intérêts de l’économie immobilière.
Interview Alix Senault
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