Interview par SMA

Alexandre Catton : Les nouveaux défis de la haute précision

Directeur du salon EPHJ, partage sa vision sur l’innovation, la durabilité et l’avenir de la haute précision.

À la tête du salon EPHJ depuis 2016, Alexandre Catton œuvre à en faire bien plus qu’un simple rendez-vous annuel. Avec succès, il a transformé cet événement en véritable plateforme stratégique pour les acteurs de l’horlogerie, des medtechs et de la microtechnique. Entre innovations technologiques, enjeux environnementaux et transmission des savoir-faire, il nous partage sa vision des grandes tendances qui dessinent l’avenir de l’industrie de haute précision.

Alexandre Catton, en tant qu’acteur privilégié de l’industrie de haute précision à travers le salon EPHJ, quelles évolutions majeures avez-vous constatées ces dernières années, notamment dans les secteurs horloger, medtech et microtechnique ?

Le marché évolue rapidement, avec plusieurs tendances marquantes. Dans l’horlogerie, la montée en gamme se confirme, ainsi qu’une adaptation aux nouvelles attentes des consommateurs, notamment sur les marchés secondaires. Les medtechs sont en pleine expansion, bénéficiant en partie des transferts technologiques issus de la microtechnique et de l’horlogerie. Aujourd’hui, plus de 400 de nos exposants affichent une activité médicale, faisant du salon EPHJ un véritable hub medtech. La microtechnique continue d’innover, avec des percées dans le domaine du laser, des revêtements fonctionnels et de l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus de production. L’évolution la plus frappante est sans doute la transversalité croissante entre ces secteurs, qui accompagne, voire précède, l’augmentation des besoins en miniaturisation et en fiabilisation.

Le développement durable est devenu un enjeu central pour l’industrie de haute précision. Quelles initiatives ou solutions innovantes voyez-vous émerger parmi les exposants du salon ?

L’industrie de la haute précision prend progressivement le virage du développement durable, avec des avancées notables telles que l’éco-conception des composants horlogers, l’utilisation de matériaux recyclés, de nouveaux procédés de fabrication moins énergivores, ou encore la réduction des déchets grâce à des techniques avancées de recyclage des métaux et alliages précieux. L’économie circulaire, avec la revalorisation des pièces et des matériaux, est également en pleine expansion.

Le recyclage des métaux précieux et des matériaux est un défi de plus en plus pris en compte par les entreprises du secteur. Avez-vous remarqué des avancées concrètes présentées lors des récentes éditions du salon ?

Absolument ! On peut notamment citer des procédés de recyclage optimisés pour l’or et les alliages précieux, permettant de récupérer un maximum de matière avec une empreinte carbone réduite. Les revêtements et traitements de surface plus durables, nécessitant moins de matières premières et offrant une résistance accrue, en sont un autre exemple. L’essor des matériaux alternatifs, notamment dans l’horlogerie, avec des polymères haute performance et des alliages innovants plus écoresponsables et recyclables, est également particulièrement intéressant.

Chaque année, le salon met en avant des innovations technologiques qui façonnent l’avenir du secteur. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué et qui pourraient transformer durablement l’industrie ?

Je pense aux nouvelles technologies FEMTO laser pour l’usinage de haute précision, qui apportent des gains en rapidité, en micro-précision et en durabilité des matériaux traités. L’intégration de l’intelligence artificielle dans les procédés de fabrication est également de plus en plus présente, permettant d’optimiser les chaînes de production et d’améliorer la qualité des pièces produites. Citons aussi les avancées en micro-fabrication additive, qui ouvrent la voie à la création de composants plus complexes et personnalisés. Mais le développement de nouveaux matériaux est tout aussi fascinant.

L’attractivité des métiers de la haute précision est un enjeu clé pour le futur du secteur. Quel rôle peut jouer un événement comme l’EPHJ pour favoriser la transmission des savoir-faire et attirer de nouveaux talents ?

L’EPHJ crée un contexte d’échanges entre jeunes talents, écoles spécialisées et entreprises, notamment en accueillant les étudiants des écoles horlogères et microtechniques pour leur offrir une véritable immersion. Nos débats abordent les enjeux de la formation et de l’évolution des compétences face aux nouvelles technologies, tout en dédiant un espace au recrutement et aux postes ouverts. L’objectif est clair : faire découvrir ces métiers d’exception et attirer une nouvelle génération d’experts passionnés.

La digitalisation et l’automatisation modifient en profondeur les processus industriels. À travers les discussions et les innovations présentées à l’EPHJ, comment percevez-vous l’évolution du rapport entre haute précision et nouvelles technologies ?

L’intégration des nouvelles technologies dans les processus industriels est une tendance de fond. L’automatisation accrue des lignes de production, avec des robots capables de réaliser des tâches de haute précision, en est un exemple. L’utilisation de l’intelligence artificielle pour optimiser la qualité et la gestion des flux de production en est un autre. Ces avancées permettent un gain de productivité et un niveau de précision jamais atteints jusque-là, tout en exigeant une montée en compétences des opérateurs. Il ne s’agit pas de remplacer la compétence humaine, mais de lui apporter de nouveaux outils.

Le salon EPHJ réunit des acteurs suisses et internationaux. Quelles tendances globales observez-vous et comment la Suisse se positionne-t-elle face à la concurrence mondiale ?

La Suisse reste un leader incontesté dans le domaine de la haute précision. Certains industriels américains n’hésitent pas à traverser l’océan pour venir chercher des compétences microtechniques suisses. La force de la Suisse réside d’abord dans un savoir-faire historique d’exception et une capacité d’innovation constante, avec un écosystème performant combinant entreprises, start-ups et centres de recherche. Face à la concurrence internationale, l’enjeu est de maintenir cette avance technologique.

Vous êtes en contact direct avec les principaux acteurs de la haute précision. Quels sont aujourd’hui les défis majeurs exprimés par les exposants et participants du salon ?

La priorité de la branche horlogère est d’absorber, sans trop de dégâts, le ralentissement du marché. Ce contexte valide la diversification multisectorielle clairement défendue à l’EPHJ depuis de nombreuses années. Plus globalement, les défis actuels des acteurs de la haute précision se résument en trois axes majeurs : la gestion des coûts de production, dans un contexte de hausse des matières premières et d’exigences réglementaires accrues ; le recrutement et la formation des talents avec des expertises de plus en plus pointues ; et enfin, l’adaptation aux nouvelles exigences des marques ou des clients finaux, notamment au niveau environnemental.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

30.04.2025
par SMA
Article Précédent
Article Suivant