L’entreprise familiale qui fait vivre l’artisanat suisse
À la tête de Trauffer Holzspielwaren AG, Brigitte Trauffer dirige avec son mari Marc Trauffer cette entreprise emblématique suisse, tout en supervisant en tant qu’hôtesse l’univers Trauffer Erlebniswelt & Bretterhotel. Ancienne enseignante primaire et journaliste RP, elle s’est réorientée vers l’hôtellerie et concilie ses responsabilités dans l’entreprise avec sa passion pour l’artisanat et la durabilité. Malgré un emploi du temps chargé, elle trouve du temps pour ses bouviers bernois, June et Lizzy. Trauffer, entreprise familiale, continue ainsi de faire rêver petits et grands avec ses jouets en bois intemporels, notamment la célèbre vache tachetée, symbole du savoir-faire suisse.
Brigitte Trauffer, vous dirigez, avec votre mari, l’entreprise familiale Trauffer Holzspielwaren AG. Comment parvenez-vous à préserver cet héritage tout en vous adaptant à l’évolution du marché ?
Nous ne nous adaptons justement pas à l’évolution du marché et c’est probablement là notre secret. Nos jouets en bois analogues et 100 % faits main restent fidèles à leur essence. Cette authenticité ne se démode jamais.
Quels sont les éléments de la tradition Trauffer qui vous tiennent particulièrement à cœur ?
100 % suisse, 100 % fait main et 100 % naturel. Ces valeurs sont au cœur de tout ce que nous faisons.
La vache en bois est devenue indissociable de la marque Trauffer. Pourquoi ce symbole suisse emblématique est-il resté au cœur de votre gamme pendant toutes ces années ?
La vache est un symbole fort de la Suisse, notamment pour les touristes. Elle incarne aussi un jouet simple et authentique, qui parle aux enfants. Après tout, quel enfant n’aime pas jouer à la ferme ?
Quels sont les défis et les avantages de diriger une entreprise familiale comme Trauffer ?
Il y en a beaucoup. L’un des défis est de conserver nos valeurs familiales malgré la taille croissante de l’entreprise, qui compte aujourd’hui environ 200 collaborateurs. Un avantage ? Nous n’avons jamais eu besoin de réinventer notre produit phare. Nos jouets sont restés fidèles à ce qu’ils étaient en 1938.
Si vous deviez décrire l’ADN de la marque Trauffer en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?
Suisse, terre à terre, authentique.
Comment la marque a-t-elle évolué tout en restant ancrée dans ses racines ?
Chaque année, nous lançons de nouveaux produits, comme, récemment, le MUHnicorn et ses couleurs arc-en-ciel. Nous avons aussi introduit de nouvelles marques, comme Kynee, qui propose des jouets traditionnels – trains en bois, cadres à compter, circuits à billes – dans un design épuré aux teintes naturelles, noir, blanc et gris.
Pouvez-vous nous décrire le processus créatif chez Trauffer, de l’idée au produit final ?
Mon mari et moi participons directement à toutes les réunions. Si une idée nous plaît, nous passons rapidement à l’étape de création des prototypes. Quelques ajustements peuvent être nécessaires, mais nous avançons vite. Chez nous, les décisions se prennent sans détour : quand une idée est bonne, elle est immédiatement concrétisée.
Vos jouets sont-ils entièrement faits à la main ? Quelle place occupe l’artisanat dans votre processus de production ?
L’artisanat est fondamental chez nous ! Chaque figurine est unique, car rien n’est fait à la chaîne. Nous tamponnons et découpons les formes à la main. Ensuite, vient l’étape du ponçage et de la peinture, également faite à la main sans modèle fixe. Enfin, les éléments comme les cornes, les oreilles ou les cloches des animaux sont montés manuellement. Nous refusons d’utiliser des machines CNC pour produire nos jouets et n’avons aucune intention d’en introduire.
Vous mettez souvent en avant le développement durable. Utilisez-vous des matériaux certifiés ?
Absolument. Nous utilisons uniquement du bois suisse certifié FSC. Les résidus du bois servent à chauffer nos bâtiments, y compris notre hôtel et notre espace découverte. Nous avons également installé des panneaux solaires pour produire notre propre électricité. Et l’un de nos engagements les plus visibles : nous n’utilisons pas d’emballages, économisant ainsi plusieurs tonnes de matériaux chaque année.
Dans un monde de plus en plus dominé par les jouets électroniques et numériques, comment expliquez-vous la popularité constante de vos jouets en bois ?
Les jouets en bois sont devenus rares et précieux à une époque où les enfants ont accès aux jouets en plastique et aux écrans 24 heures sur 24. Nos jouets fascinent par leur simplicité, leur toucher naturel. Ils stimulent l’imagination des enfants. Un simple animal en bois peut devenir un hélicoptère ou un compagnon de jeu doué de parole. De plus, nos jouets traversent les générations, ce qui est de plus en plus important pour de nombreux parents et grands-parents.
Votre marque est une icône suisse, mais elle a également un succès à l’international. Quels sont aujourd’hui vos principaux marchés à l’étranger ?
Nous exportons dans plusieurs pays, notamment en Amérique, en Allemagne, au Japon et en Corée du Sud, mais notre marché principal reste la Suisse.
Quels sont vos projets pour les prochaines années ? Avez-vous de nouvelles collections en préparation ?
Nous nous concentrons actuellement sur notre espace découverte, avec ses restaurants, salles de séminaire et hôtel, ainsi que sur la production. La demande est forte et notre rythme de fabrication, qui est manuel, reste lent. Imaginez : avant d’être mise en vente, chaque vache en bois passe entre les mains de 24 collaborateurs. Nous avons quelques idées pour l’avenir, mais pour l’instant, elles restent secrètes…
Si vous aviez carte blanche pour inventer un nouveau jouet, que créeriez-vous ?
Nous ne cherchons pas forcément à inventer quelque chose de « nouveau » pour le principe. Ce qui compte pour nous, c’est la durabilité. J’aimerais que notre engagement pour des jouets naturels et durables influence davantage le marché suisse. C’est ce qui nous motive chaque jour.
Si vous deviez choisir un jouet Trauffer comme souvenir pour quelqu’un qui ne connaît pas la Suisse, lequel choisiriez-vous ?
Sans hésitation : la petite vache en bois tachetée de rouge, notre produit phare.
Interview Océane Ilunga
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