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Droit Industrie

Crise sanitaire et avocats: comment les études suisses ont-elles été affectées?

31.03.2021
par Perrine Borlée

La crise sanitaire a eu un fort impact sur de nombreux domaines, tant au niveau économique, que sanitaire ou social. Qu’en est-il des études suisses? Réponse avec Guy Vermeil, Managing Partner chez Lenz & Staehelin.

Guy Vermeil, quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’activité des études d’avocats?

Pour celles spécialisées en contentieux et judiciaire, il a été considérable et la suspension des délais judiciaires et l’annulation des audiences ont souvent signifié un arrêt net du travail. Par ailleurs, les charges de locaux et de personne ainsi que la réduction des revenus, ont obligé des études à faire appel à l’aide de l’État, à licencier des employés et à geler les engagements. Les grandes études ont rencontré des défis logistiques, organisationnels et de gestion du personnel.

Alors qu’une baisse du chiffre d’affaires de 30% était attendue, la crise a généré du travail dans le domaine des clients privés et de l’institutionnel.

Quels ont été les défis liés à l’obligation du télétravail?

Certaines études n’étaient pas équipées et numériser une étude, en respectant les obligations liées au secret professionnel, nécessite des connaissances techniques et des investissements.

Ainsi, la crise a accentué le besoin de digitalisation et ceci va continuer avec l’intelligence artificielle, la blockchain, et Justitia 4.0 qui, dès 2027, rendra obligatoire l’utilisation d’une plateforme informatique étatique pour la gestion des dossiers judiciaires. La formation des avocats stagiaires a aussi été une tâche ardue à accomplir à distance. Enfin, le télétravail a eu un impact sur le moral des employés et il est difficile d’y pallier par des apéros Zoom!

La relation clients a-t-elle changé?

Dans le cas de clients existants et de longue date, le mode visioconférence a assuré la continuité des échanges. L’absence de déplacements a permis de consacrer plus de temps aux dossiers et de réduire les frais de représentations. Il est plus difficile de créer des liens de confiance durables à distance avec les nouveaux clients. Pourtant, ce lien est primordial dans notre métier!

Dans le cadre de votre travail, pensez-vous que la crise ait aussi des aspects positifs?

Oui, elle représente une opportunité unique de transformer les études, de remettre en question les acquis et de réfléchir à partir d’une feuille blanche. Ceci porte notamment sur la gouvernance, la formation, le développement de base de nombreux savoir-faire qui seront importants à l’avenir, mais aussi sur la continuation de la digitalisation. Il faut évoluer et se transformer pour en ressortir plus fort.

Comment voyez-vous l’avenir des études d’avocats?

Le marché est concurrentiel, avec des pressions sur les prix et les délais, et des exigences complexes. Les études agiles, qui évoluent et s’adaptent aux besoins du marché, auront beaucoup de travail. On constate aussi une complexification et une densification du domaine juridique au niveau des normes et des jurisprudences.

Ainsi, pour répondre aux défis de la spécialisation du droit et de la digitalisation, les études devront évoluer rapidement.

Interview Andrea Tarantini

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