Quand investir est porteur de sens
L’investissement durable, parfois appelé investissement responsable ou éthique, désigne une approche qui ne se limite pas aux critères financiers. Il vise à concilier performance économique et impact positif sur la société et l’environnement. Concrètement, il s’agit de choisir des placements qui respectent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) : réduction des émissions de CO2, inclusion sociale, transparence des pratiques, respect des droits humains… L’objectif est double : générer un rendement financier, certes modéré, mais aussi contribuer à bâtir un monde plus juste et plus durable.
Cette manière d’investir s’oppose à une logique purement spéculative : elle privilégie la pérennité et le sens, dans un contexte où les épargnants sont de plus en plus attentifs à l’usage de leur argent. En Suisse comme ailleurs, l’investissement durable attire un public varié : particuliers, institutions et organisations souhaitant que leur capital serve à financer des projets concrets plutôt qu’à alimenter des profits abstraits.
Une coopérative internationale
En Suisse romande, la coopérative internationale Oikocredit s’impose comme un acteur clé de cette finance à impact. Depuis plus de cinquante ans, elle permet aux particuliers et aux organisations d’orienter leur investissements vers des projets qui privilégient l’humain, la durabilité et la justice sociale. Créée dans les années 1970, Oikocredit a bâti sa réputation sur un modèle coopératif unique : les fonds collectés en Europe sont investis dans des projets situés principalement dans les pays du Sud. Les secteurs soutenus sont essentiels : la finance inclusive, qui favorise l’accès aux services financiers et le développement d’entreprises et de projets locaux, l’agriculture durable, qui renforce la sécurité alimentaire et soutient les petits producteurs ainsi que les énergies renouvelables pour répondre à des besoins concrets en énergie propre et abordable. Toutes ces actions visent à renforcer l’autonomie économique de communautés locales.
La sélection des projets repose sur des critères exigeants, intégrant la viabilité économique mais aussi la dimension sociale et environnementale. « Nous avons des antennes sur place qui connaissent les besoins locaux et orientent les investissements en conséquence », explique Julien Pidoux, chargé marketing et communication d’Oikocredit Suisse. Inclusion des femmes, respect de l’environnement et gouvernance locale figurent parmi les critères incontournables.
Transparence et rendement éthique
L’un des points forts d’Oikocredit est sa transparence vis-à-vis des investisseurs. Chaque année, un rapport d’impact est publié, détaillant les résultats financiers et sociaux. Le rendement proposé est volontairement limité, oscillant entre 0 et 2 %. « Nous avons défini qu’au-delà de 2 %, on dépasserait le seuil d’un rendement éthique », souligne Julien Pidoux. Cette approche séduit une clientèle soucieuse de donner un sens à son argent, quitte à renoncer à des gains plus importants.
L’accessibilité est un autre facteur distinctif : une participation peut être souscrite dès 250 francs, rendant l’investissement à impact ouvert au plus grand nombre. « Beaucoup imaginent que c’est compliqué ou réservé à une élite, alors que notre proposition est simple et sans frais », ajoute Julien Pidoux.
Des projets concrets et diversifiés
Les réalisations financées par Oikocredit illustrent la diversité de son action. Au Kenya, elle a permis la diffusion de systèmes solaires domestiques abordables et fiables, améliorant la qualité de vie, la sécurité et l’accès à l’électricité. Au Pérou, elle a financé une coopérative de petits producteurs de café, favorisant la production durable, la commercialisation équitable et le développement local.
En Inde, Oikocredit finance des institutions de microfinance, favorisant l’inclusion financière et permettant à des milliers de familles d’accéder à des services financiers de base. La coopérative s’engage aussi dans l’éducation et l’accès à l’eau potable, en partenariat avec des organisations locales, démontrant sa volonté de diversifier ses champs d’action tout en gardant une approche centrée sur les besoins des communautés.
Une vision d’avenir et des investissements porteur de sens
Dans un contexte où l’investissement durable suscite parfois des doutes, notamment sur le risque de « greenwashing », Oikocredit défend une vision claire : l’argent investi doit générer un impact positif, mesurable et durable. « Chaque franc investi soutient directement des communautés qui bâtissent leur autonomie », insiste Julien Pidoux.
Loin des logiques spéculatives, la coopérative défend une finance patiente, qui accepte des rendements modestes pour privilégier la stabilité et l’impact social. Pour ses promoteurs, la multiplication des crises économiques et climatiques démontre la pertinence d’une telle approche : investir devient un moyen concret de participer à la transition vers une économie plus juste et plus durable.
En célébrant son cinquantième anniversaire, Oikocredit confirme que la finance peut être autre chose qu’une simple recherche de profit. Elle peut devenir un outil de transformation, reliant les épargnants du Nord aux besoins essentiels du Sud, et donnant à l’acte d’investir une dimension profondément humaine.
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