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Développement du e-commerce : les entreprises suisses au défi

30.04.2025
par Léa Stocky

Les sites de e-commerce ont le vent en poupe en Europe. Peu importe les générations, le clic a la cote et les gens se déplacent de moins en moins dans les magasins, une tendance qui n’est pas prête de s’inverser. Pourtant, beaucoup d’entreprises suisses sont en retard dans la digitalisation de leur processus de vente. C’est en tout cas l’avis que partage Pierre-Dominique Hohl, spécialiste des questions liées aux stratégies numériques et à la logistique.

Le phénomène auquel nous assistons est un cercle vicieux. Les villes et les centres-villes, réputés difficiles d’accès, sont désertés, car l’offre de services qu’on y propose est de moins en moins attractive. Les magasins ont donc de plus en plus de mal à s’y implanter, ce qui réduit la fréquentation et pousse les acheteurs à effectuer leurs achats sur internet. Et ainsi de suite.

Face à ce constat, Pierre-Dominique Hohl soutient que les marques n’ont pas d’autre choix que de se réinventer et passer au e-commerce : « C’est ça ou mourir ». Les magasins sont de plus en plus concurrencés par les sites internet, car les prix y sont plus attractifs. C’est pourquoi, dans le commerce de détail notamment, une évolution possible est que les boutiques deviennent des vitrines dans lesquelles les clients pourront se rendre pour commander leurs achats en click & collect.

Le retard des entreprises suisses

Seulement, beaucoup d’entreprises suisses n’ont pas encore effectué leur transition digitale leur permettant de proposer un système d’achat en ligne performant et efficace.

Pierre-Dominique Hohl explique : « Les entreprises pensent qu’elles sont digitales parce qu’elles gèrent leur tableau de bord dans Excel ou qu’elles dématérialisent leurs documents. En réalité, elles ne le sont pas. Les processus logistiques, en règle générale, sont encore analogiques, c’est-à-dire faits à la main ou sur papier ». Cela entrave l’échange de données entre les acteurs de la supply chain, compliquant ainsi le travail des entreprises, des marques, mais également des pouvoirs publics et des administrations douanières pour qui il devient plus difficile de contrôler le paiement des taxes. En conséquence, trop peu de sites de vente de textile suisses ont réussi à se démarquer, la plupart étant étrangers. Si elles veulent rester compétitives, les entreprises suisses vont donc devoir accélérer la digitalisation de leur logistique.

Une digitalisation bénéfique pour les entreprises

Et cette digitalisation a du bon, c’est du moins ce que soutient Pierre-Dominique Hohl. Ce dernier explique qu’elle réduit les risques, diminue les coûts et augmente la productivité, ce qui améliore in fine le chiffre d’affaires. « Cette vision n’est pas encore totalement comprise par les entreprises suisses qui vendent dans le pays et à l’international. La Suisse reste un pays très traditionnel », explique-t-il. En Europe, c’est un peu différent, car le marché est plus concurrentiel. L’enjeu pour les sites de e-commerce suisses est donc de pouvoir réussir à maîtriser leur processus, la question du transport et du retour de marchandises, et la douane. Il n’y a que de cette manière que les entreprises suisses vont pouvoir accompagner les mutations des habitudes d’achat.

Une nouvelle façon d’habiter la ville

Finalement, la désertion des commerces en ville ne soulève pas qu’une question économique. Elle pousse également à se demander comment réhabiliter les centres urbains pour qu’ils correspondent mieux aux habitudes et aux besoins des habitants. Cela passe par le fait de repenser la mobilité et les espaces. Ainsi, il vaut mieux éviter la construction de centres commerciaux à côté des centres-villes si l’on ne veut pas tuer le commerce local. Cela peut aussi se matérialiser par le fait de décaler les horaires d’ouverture des magasins, pour permettre aux gens de faire leurs achats après le travail. Quoi qu’il en soit, les pouvoirs publics, s’ils veulent sauver les commerces de proximité, devront se pencher sur le lien entre géographie, mobilité et économie. Il ne faut pas oublier que d’un point de vue écologique, le e-commerce n’est pas la panacée, bien au contraire. Avec près d’un tiers des articles retournés, son empreinte carbone est importante.

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