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Histoire: Ces rois sans trône

05.12.2021
par Léa Stocky

Il existe encore une vingtaine de monarchies dans le monde dans lesquelles le roi, la reine, le sultan, l’émir ou encore l’empereur conserve des pouvoirs plus ou moins importants en fonction des pays. Certains souverains, au contraire, ont été évincés du pouvoir et sont devenus au cours des dernières décennies des prétendants au trône, comme c’est le cas pour la Grèce, l’Iran et la Serbie. Focus sur ces trois familles déchues de leur couronne.

Au courant du XXème siècle, révolutions, coups d’État et guerres ont bouleversé l’ordre établi en Serbie, en Grèce et en Iran et ont mis à mal leur monarchies. De nouveaux régimes ont été installés et les monarques ont été obligés de s’exiler. Ils n’ont jamais abdiqué et, aujourd’hui, ils continuent de revendiquer le trône perdu.

La Serbie, victime des jeux d’influence pendant la Seconde Guerre Mondiale

Alexandre de Serbie est le prétendant au trône du pays du même nom. L’histoire de la chute de la monarchie yougoslave commence en 1934 lorsque le roi de Yougoslavie Alexandre Ier est assassiné à Marseille. Son frère cadet, le prince Paul, devient le régent en attendant que Pierre II, fils du roi, atteigne sa majorité. En effet, il n’a qu’onze ans lorsque son père disparaît.

À la fin des années 1930, la Seconde Guerre Mondiale secoue de nombreux pays du monde. En 1941, le prince Paul rencontre Hitler pour établir une alliance entre la Yougoslavie, qui est restée neutre jusque-là, et les pays de l’Axe. Le pacte est signé en mars 1941 et, le même mois, un coup d’État fomenté par des soutiens des Alliés renverse le prince Paul. Pierre II, qui n’a pourtant que 17 ans, est désigné roi. Suite à ce revers, Hitler décide d’envahir la Yougoslavie qui capitule en avril 1941. Le pays est démantelé et la famille royale est forcée de fuir à l’étranger. À la fin de la guerre, les communistes s’installent. La monarchie est abolie et la République populaire fédérative de Yougoslavie est proclamée.

En 1945, Pierre II, dernier roi de Yougoslavie, donne naissance à l’actuel prince héritier, Alexandre. Celui-ci devient le prétendant au trône de Serbie après l’éclatement de la Yougoslavie. Sa famille n’a jamais renoncé à la couronne et à ses fonctions, considérant ainsi toujours Alexandre de Serbie comme le souverain de jure.

La Grèce et la sortie de la dictature

Succédant à son père Paul Ier, Constantin II devient roi des Hellènes et prince de Danemark en 1964. En 1967, un putsch est organisé par l’armée. Constantin II tente d’y répondre par un autre coup d’État, sans succès. Cet échec l’oblige à s’exiler en Italie. Ce que l’on appelle la dictature des colonels dure jusqu’en juillet 1974. En 1973, un premier référendum organisé par la junte a lieu. Il a pour but d’organiser la transition du pays vers une république. En décembre 1974, un second référendum acte le maintien de la République et la mise en place de la Troisième République hellénique. Si la dictature des colonels a maintenu la monarchie malgré l’exil du roi, ce référendum donne le coup de grâce à la monarchie grecque en l’abolissant. Constantin II ne retourne en Grèce qu’à deux occasions jusqu’aux années 2000, en 1981 pour participer aux funérailles de sa mère et en 1993 pour y passer des vacances. En 2013, le prétendant au trône retourne s’installer en Grèce, même si la citoyenneté grecque ne lui est pas accordée en raison de son refus d’adopter un nom de famille. En effet, la famille royale continue d’utiliser le nom «de Grèce», ce qu’une partie de l’opinion publique et de la classe politique dénonce.

Le roi Constantin II et sa femme Anne-Marie de Danemark ont cinq enfants. Leur fils aîné Paul de Grèce, né en 1967, est le diadoque, titre donné aux princes héritiers grecs. Constantin II porte les titres de roi des Hellènes et de prince de Danemark. En effet, les membres dynastiques grecs possèdent les titres de princes et princesses de Grèce et de Danemark depuis que le roi danois Georges Ier est devenu roi des Hellènes en 1863. Les titres de la famille royale grecque ne sont que des titres de courtoisie en Grèce contrairement au Danemark où ils restent légaux.

En Iran, des réformes et un pouvoir contestés

En Iran, la monarchie a été abolie par une révolution qui a mis un terme à la dynastie des Pahlavi, au pouvoir de 1925 à 1979 avec deux Shahs: Reza Shah de 1925 à 1941 et son fils Mohammad Reza de 1941 à 1979. En 1963, Mohammad Reza lance de nombreuses réformes pour moderniser le pays et le développer économiquement. Cette période est appelée la «Révolution blanche» en raison de sa non-violence. Parmi les changements, une réforme agraire est mise en place, une attention particulière est portée à l’éducation des jeunes iraniens et le droit de vote est accordé aux femmes. Cependant, ce tournant pris par le Shah suscite de vives critiques, notamment de la part de Rouhallah Khomenei, influent chef spirituel chiite.

Au fil des années, de plus en plus de réformes sont contestées, notamment en raison du tournant autoritaire que prend le régime du Shah, qui perd le soutien de nombreux pays occidentaux. En 1978, des manifestations et des émeutes ont lieu pour protester contre Mohammad Reza. En janvier 1979, ce dernier doit quitter l’Iran avec sa famille. En effet, l’ayatollah Rouhollah Khomenei, en exil depuis 14 ans, revient en Iran et proclame la République islamique d’Iran en février 1979. L’État impérial d’Iran disparaît et le chef spirituel est nommé Guide suprême de la Révolution.

Mohammad Reza a eu trois femmes. Sa troisième femme, Farah Dia, donne naissance à leur fils héritier Reza en 1960. Il est le prince héritier et roi de jure, appelé Reza II. Sa mère est la première et dernière femme à obtenir le titre de Shahbanou, impératrice d’Iran, lors de son couronnement.

Texte Léa Stocky

 

 

 

 

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