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Opportunités professionnelles et formation

16.04.2018
par SMA

… ou comment la formation continue est-elle le meilleur moyen de saisir les opportunités professionnelles?

Invité à venir parler de ma «carrière» lors d’un forum emploi de l’université, un futur diplômé de HEC m’a demandé quelle part la chance y avait joué. Non pas que mon parcours eut été particulièrement prestigieux ou enviable mais parce qu’atypique et caractérisé par toujours plus d’opportunités et responsabilités malgré des changements de caps répétés souvent radicaux et parfois même brutaux.

Peu satisfait de ma réponse évasive du moment, j’ai promis de réfléchir à cette question de façon plus sérieuse et d’y répondre plus complètement ultérieurement.

1/3 de compétence, 1/3 de motivation, 1/3 de chance

En jetant un regard quelque peu nostalgique dans le rétroviseur, je me suis fait la réflexion que mes différentes réussites passées reposaient autant sur mes compétences et ma motivation que sur la chance d’avoir été là au bon moment ou d’avoir rencontré les bonnes personnes. Aussi pour répondre à mon étudiant, je m’apprêtais à affirmer que la chance avait joué pour un tiers dans ma carrière.

Toutefois, il m’est apparu nécessaire de creuser le sens du mot «chance» et je me suis alors souvenu de la citation attribuée à Sénèque: «la chance, c’est quand l’opportunité rencontre la préparation». Quelle soit de lui ou non importe peu, cette définition introduit de façon presque provocatrice la part relative de l’aléa dans la bonne fortune.

Pas de succès sans préparation

Ainsi, pour le philosophe et ses disciples, un don ou un talent naturel non exploité, une opportunité non saisie faute de préparation, ne sauraient être assimilés à de la malchance. A contrario, la réussite extraordinaire d’un projet ou la parfaite réalisation d’une mission délicate ne peuvent se réduire à une intervention divine ou surnaturelle. S’il existe bien une inégalité de fait entre les individus quant au nombre et la nature des opportunités professionnelles qui s’offrent à eux, une analyse plus quantitative montre que cette inégalité n’est pas déterminante d’un point de vue statistique sur une population de référence donnée. Bien sûr qu’un individu «bien né» et ayant suivi des études dans des «bonnes écoles» aura a priori plus de probabilités de «faire carrière».

Mais a priori seulement, car combien de personnes ai-je rencontré qui avaient ces bonnes cartes en main et n’ont pas eu la carrière qu’elles étaient en droit d’espérer? A l’inverse, je ne compte plus les brillantes réussites d’hommes et de femmes ayant su saisir «la chance» de leur vie le jour J. Cet état de fait est assez nouveau et en rupture totale avec des décennies marquées par la réplication de la société d’une génération sur l’autre. Si l’on peut encore hériter d’un patrimoine immobilier, on hérite plus d’un capital chance.

Il existe une philosophie de la vie qui propose de placer son énergie exclusivement sur les choses sur lesquelles on a une influence et d’essayer de s’adapter au mieux à celles sur lesquelles on ne peut rien. N’ayant aucune prise sur la survenance des opportunités, je me suis toujours concentré sur la préparation à les saisir.

Cette préparation est autant technique que mentale. Technique, en mettant tout en œuvre pour acquérir la maitrise des savoirs et savoirs faire nécessaires pour relever les défis susceptibles de se présenter à vous. Mentale, en développant encore et toujours une ouverture d’esprit, une capacité à capter les signaux faibles, une aptitude à analyser plus rapidement que les autres les risques et les opportunités mais aussi à prendre des décisions nous forçant parfois à sortir de notre zone de confort.

L’expertise et le leadership constituent ainsi les deux axes de la préparation indispensable à la transformation d’opportunités en succès. Si être prêt ne constitue jamais une garantie de succès, par contre ne pas l’être est une assurance d’échec.

Formation continue = préparation permanente

Ce besoin d’être comme le scout «toujours prêt!» signifie une remise en question permanente de ses compétences et de son état d’esprit. Cela impose une sacrée dose d’humilité. Ainsi, le «winner», qu’il soit un leader introverti à la Bill Gates ou extraverti à la Elon Musk, doit paradoxalement être capable de faire taire le bruit intérieur de son ego pour continuer à capter ses fameux signaux faibles et notamment ceux lui indiquant que sa propre préparation n’est plus optimale.

Car cette préparation n’est jamais acquise une fois pour toute, que celle-ci soit issue d’une formation initiale universitaire brillante ou d’un MBA réputé fait à
mi-parcours de la vie professionnelle. Non, la préparation ne se mesurant qu’à l’aune des opportunités du moment, elle devient très rapidement obsolète et il convient de s’efforcer de maintenir celle-ci à un niveau optimum. Comme le sportif qui a été une fois champion ne cesse de s’entrainer et garde la ligne pour gagner d’autres compétitions, les hommes et les femmes soucieux d’une bonne gestion anticipatrice de leur carrière doivent en permanence maintenir leur niveau de préparation par l’adoption d’une bonne «hygiène de vie professionnelle» en s’inscrivant dans une démarche de développement continue.

Tous les spécialistes de la gestion de carrière s’accordent sur le fait qu’aujourd’hui, un employé, mais c’est vrai aussi pour un cadre ou un indépendant, qui s’exonère de la mise à jour permanente de ses compétences, tant techniques que comportementales, s’interdit à très court terme de pouvoir saisir de nouvelles opportunités de carrière. Pire, celui qui ne se forme plus prend le risque dès aujourd’hui de minorer sa valeur marché et son employabilité.

Passer du «Je suis prêt à apprendre» au «Je suis prêt»

Car dans un monde libéral et globalisé, que celui-ci soit honni ou adulé, marqué par l’impatience des clients et la vitesse de réaction des fournisseurs, celui qui est prêt l’emporte toujours sur celui qui sera bientôt prêt.

Pour chacun de nous cela implique de mettre en place une stratégie de veille économique afin de pouvoir faire les bons paris personnels sur la nature des opportunités pouvant potentiellement se présenter à nous dans un futur proche. Cela exige en suite d’investir en permanence sur ses compétences futures. Il est clair que cela est difficile et coûteux. Ce n’en est pas moins indispensable pour «forcer sa chance».

La seconde difficulté réside dans la nécessaire conciliation de cet effort avec l’exigence quotidienne de performance qui nous incombe mais aussi avec une vie privée équilibrée seul gage de durabilité.

Dès lors, si le «Work-Life Balance» est à peu près entré dans les esprits si ce n’est encore dans la pratique, le «Work-Develop-Life balance» est sans doute la prochaine bataille à gagner pour espérer avoir de la chance sur le plan professionnel et réaliser une carrière à la hauteurs de nos rêves.

Texte Frédéric Kohler

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